Je me hâtai à fourrer le plus possible de vêtement dans la machine qui m'avait été attribué. Jynn avait déjà finit la sienne. Elle était partit aider une autre fille qui, comme moi, venait de se réveiller et avait l'air complètement perdu face à ces montagnes de pantalons et de t-shirt.
L'odeur que dégageait les vêtements était vraiment désagréable. Une odeur de transpiration et de métal.
J'émis une grimace avant de refermer le hublot de l'appareil et de le mettre en marche. J'essuyai mes mains sur mon tablier et m'adossa contre le mur juste en face de l'entrée.
Je fermai les yeux pour me reposer un peu mais un violent claquement de porte me fit sursauter.
Des soldats venaient de rentrer et tapaient lourdement leurs bottes noir sur le carrelage. Ils étaient deux. Un grand blond aux cheveux bouclés avec des yeux marron noisette. Son air hautain donnait l'impression qu'il voulait défier toutes les personnes qui se trouvaient dans la pièce.
Contrairement à lui, l'autre garçon paraissait beaucoup plus calme. Ses cheveux noirs en bataille, mi-long, encadraient son visage et ils étaient dégradés sous la nuque jusqu'au dessus des oreilles.
Le blond s'avança vers moi et me jeta à la figure une pile de vêtement sale qui atterrit à mes pieds.
- T'attends quoi pour les ramasser! Cracha-t-il pendant que son compagnon ricanait, les deux bras croisés sur sa poitrine. Il n'était pas aussi gentil en fin de compte.
- Ramasse le toi même, dis-je calmement. Il était hors de question de me faire marcher dessus par un petit idiot.
Son regard devint noir et il s'approcha dangereusement de moi. Je tournai la tête vers l'autre garçon. Il me fixait étrangement.
D'un seul coup, le blond me tira fortement par le bras. Il me faisait vraiment mal et ma tentative pour me dégager fut vaine.
La pièce était devenue silencieuse et toute les autres filles nous regardaient sans réagir.
- Ramasse. Dit-il en serrant les dents. Son emprise sur mon bras gauche se faisait de plus en plus forte.
Je me contentai de le dévisager. Heureusement pour moi, Jynn arriva et à ma grande surprise, elle poussa violemment mon agresseur qui perdit l'équilibre et se retrouva les fesses sur le carrelage.
Quelques ricanements discrets fusèrent autour de nous mais qui s'arrêtèrent net au moment où quelqu'un entra de nouveau dans la salle.
Un soldat, beaucoup plus vieux que les deux autres s'avança vers nous. A en juger sa tenue et sa barbe grise de trois jours, il devait sûrement être d'un grade bien plus haut que les deux autres.
Il se contenta de regarder le blond qui venait de se lever à la vitesse de l'éclair et qui se dirigeait vers la sortie, un peu tremblant. Son camarade le suivit d'un pas vif.
Le vieux soldats nous regarda tous d'un air méfiant avant de s'en aller, les mains croisées derrière son dos. Quelques filles avaient baissé la tête face à lui ce que je trouvai pitoyable.
- Eh Shelley ça va?
Jynn secouait sa main devant mon visage pour s'assurer que j'étais toujours là.
J'acquiesçais d'un hochement de tête.
- Je pensais pas qu'ils allaient se pointer aujourd'hui, dit Jynn les sourcils froncés.
- Tu les connais? Dis-je d'un air interrogateur
Mon amie me prit par le bras pour m'emmener dans un coin tranquille de la pièce.
- Le blond s'appelle Zack. Son père fait partit des dirigeants de l'Unité. Je te le dis car il faut te méfier de lui; il profite de sa position pour nous humilier. C'est pour ça que personne n'a réagit lorsqu'il t'a touché...
J'aurai pu le deviner. La manière dont il se tenait et nous prenait de haut, il devait forcément venir d'une famille assez influente pour que personne n'ose lever le petit doigt. Sauf Jynn.
- Et l'autre, reprit-t-elle, c'est William. Je sais juste qu'il est orphelin et qu'il avait une petite sœur.
- Avait ? Dis-je un sourcil relevé
- Oui elle est morte.
Mon coeur se serra et je ne pus m'empêcher d'éprouver de la pitié pour lui. Tout ce qui lui restait de sa famille avait disparu.
- Mais comment tu sais tout ça?
Un claquement de main retentit. C'était Abi qui venait d'apparaître à l'encadrement de la porte.
Jynn se retourna rapidement vers moi et dit:
- Mon frère aussi est un soldat.
Elle ne me laissa pas le temps d'en placer une et m'attrapa la main afin que nous suivions les autres filles.
Un court instant, la vision d'un petit garçon aux cheveux noirs me vint en mémoire. Une vision trop courte pour que j'y prête suffisamment attention.
***
Nous avions prit le même ascenseur que tout à heure pour redescendre dans le réfectoire.
Plus personne n'y rodait. Les tables étaient impeccablement propres. Le soleil, qui passait à travers le grand toit en verre, se reflétait sur les portes métalliques.
Nous passâmes la grande entrée qui nous mènerait dehors et la lumière m'aveugla.
A gauche de nous se tenait un énorme mur, rattaché au bâtiment du réfectoire et qui nous empêchait de voir ce qui se passait de l'autre côté.
Le vacarme qui se trouvait à ma droite piqua ma curiosité et je décidai de ralentir le pas.
Un grand grillage me séparait du spectacle qui s'animait devant moi.
Des soldats couraient, se battaient sur l'herbe sous un soleil de plomb. Quelques uns étaient torse nus et je me mis à rougir involontairement.
Comme si ma journée n'avait pas assez mal commencée, mon regard croisa celui de William.
Il me fixa le regard vide et je lui rendis le même regard jusqu'à ce qu'un mur coupe mon champ de vision.
Le grand mur de briques sales m'indiquais la limite du terrain et je tournais donc la tête pour continuer à suivre mes camarades.
Je passais par une porte grillagée sur laquelle était accroché en travers, une pancarte rouge encadrée de jaune avec un écriteau qui disait attention danger.
Le passage était assez étroit et je dus baisser la tête pour ne pas me cogner. Des bâtiments délabrés se dressaient à droite et à gauche de nous, tout le long d'une allée de terre noir.
Je rejoignis enfin les autres et me dirigea au côté de Jynn.
Abi, qui parlait à haute voix, demandait aux anciennes de faire visiter les dortoirs aux nouvelles, en conséquence moi.
- T'étais où ? Me chuchota Jynn.
- J'avais un caillou dans le pied.
Mon mensonge avait marché et Jynn se contenta de glousser.
- Aller viens, me dit-elle, il faut que tu voies ta chambre.
Et je la suivait, en trottinant, pour m'engouffrer dans un de ces vieux bâtiments.
***
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THE HORIZON
Science FictionLe monde que nous connaissions a changé. De nouvelles règles, de nouvelles normes. Shelley n'arrive pas à trouver ses marques. Depuis son réveil, elle rêve de partir. Elle veut explorer tout ce qui se trouve au delà des limites. Mais elle ne peut pa...