LIBERTY

⌈ CHAPITRE PREMIER ⌋

              Elle était là, tout contre moi, ne bougeant plus, ne respirant plus. Je n'entendais plus son cœur battre. Plus rien ne la tenait en vie. Je n'avais même pas essayé de la protéger. Elle était en difficulté et là seule chose que j'avais faite était de lui dire de fuir. J'étais un lâche. J'avais peur. Mais j'ai fini par la perdre pour toujours. Ma tendre femme était morte, dans mes bras, à cause de ma lâcheté. Je pleurais encore et encore. Je n'arrivais plus à m'arrêter. Je la regardais, mais elle ne me rendait pas ce regard. Je ne savais plus quoi faire, comment réagir, que dire... Je le relevais un instant la tête et vis le blond courir vers moi. Il prit ma main me faisant lâcher celle de ma dulcinée. Il courrait comme ci quelque chose allait exploser.

─ On a oublié Sakura ! Il faut que je retourne la chercher ! Dis-je en la regardant.

On s'éloignait bien trop. Je ne pouvais pas la laisser seule dans cette forêt. Jamais je ne pourrais aller me recueillir sur sa tombe, jamais je ne pourrais y déposer des fleurs. Mais le blond faisait sa sourde oreille et continuait de courir en me tenant fermement. Puis il se jeta soudainement au sol m'entraînant dans sa chute.

─ Mais qu'est-ce qui te prends à la fin ?! Hurlais-je pour qu'il m'entende. ─ Ils vont faire exploser la clairière. Dit-il d'un calme stupéfiant.

J'avais l'impression d'échanger mon caractère avec lui. Je ne gardais plus mon sang-froid alors qu'il était l'homme le plus détendu de la planète. C'était comme ci, je devenais un idiot comme lui. Je le regardais un instant, puis me tournai vers ma femme. Elle avait disparu ! Elle n'était plus là ! Je me relevai, mais ce fut d'un court un instant. Comme l'avait prédit Naruto, ils avaient fait exploser la clairière, cette explosion me propulsa un peu plus loin. J'étais de nouveau couché, mais je n'arrivais plus à me relever. Mon corps n'avait pas supporté le choc.

─ Sasuke !!! Hurlait le blond en courant vers moi.

Je ne le regardais pas, je voulais voir ma femme, la ramener à Konoha et vivre normalement.

─ Réponds-moi connard ! Hurlait-il encore et encore.

J'étais bien conscient qu'il voulait une réponse, mais je n'arrivais pas à sortir le moindre son. Je le regardais avant de tomber dans une profonde syncope. Je me réveillai sans doute, plusieurs heures plus tard car il faisait jour. Je regardais autour de moi, mais personne n'était là. J'étais chez moi. Dans cette demeure que j'avais pris soin de décorer pour l'arriver de ma femme. Je me mis à pleurer inconsciemment. Je n'arrivais pas à l'oublier, et c'était normal... Je l'avais tant aimé, tant chéri.

Je me levais avec difficulté, ayant des courbatures partout et un mal de tête infernal. Je souffrais énormément, et pourtant, je savais bien gérer la douleur physique, je ne me comprenais plus. Je regardais de nouveau autour de moi avant de partir m'habillais et sortir dehors. J'avais l'impression d'entendre des bruits dans toutes les pièces de chez-moi... Des bruits que produisait souvent la femme qui était le soleil de mes nuits. Devenais-je fou ?

Je fermai la porte d'entrer et me dirigea vers la tour des Hokage pour annoncer le décès de Sakura Haruno, future épouse Uchiha. Je pris une grande inspiration, une fois devant le bureau de Tsunade Senju, et toquai une fois, puis deux. Elle me dit d'entrer, ce que je fis quelques secondes suivantes. Je lui expliquai en détails ce qui s'était passé, comment elle était morte et elle me posa une question qui me mit dans une rage incontrôlable. Me demander si elle était vraiment morte ! Bien sûr qu'elle l'était, elle avait même rendu l'âme, donnée son dernier souffle et fermé les yeux dans mes bras. Elle était devenue froide et sans couleur. Je n'avais pas rêvé ! Je n'étais pas fou ! Je savais ce que je disais ! Je n'avais pas encore perdu la raison. Mais il est vrai que si la blonde qui nous servait de chef de village me reposait une question de ce genre, j'allais devenir complètement fou... Oui fou ! Fou de rage ! Fou de ne pas avoir réussi à protéger la femme que j'aimais le plus au monde ! Fou de ne pas avoir eu le courage de lui venir en aide ! Fou de l'avoir perdu pour toujours... Je regardai mes mains posaient sur le bureau en bois d'ébène, cachant bien mes yeux avec mes cheveux noirs, et me mit à pleurer comme jamais. Je n'arrivais plus à retenir mes larmes et je sentais bien que ça ne serait pas la dernière fois que je déverserai ma colère par des gouttelettes d'eau qui perleraient sur mes joues avant de s'écraser quelques centimètres en dessous. J'étais en colère contre moi-même. Lâche. Voilà ce que j'avais été cette nuit-là. Et voilà ce que je resterai jusqu'à ce que la mort m'emporte.

Elle me fit sortir de son bureau, prit sa veste, sortit à son tour et m'emmena dans un endroit encore inconnu pour mes yeux. C'était assez austère. Je pouvais distinguer quelque forme qui me firent vaguement penser à des cibles. Et ce que je pensais s'avérait être vrai. Tsunade alluma les lumières et me conseilla de visiter les lieux. C'était une petite salle d'entraînement, froide, humide et sombre avec peu de matériel. Pourquoi me montrait-elle cela ? Je ne voyais pas qu'elle était l'intérêt de m'emmener ici alors que je n'avais pas la tête à ça.

─ Sasuke... Tu es ici dans la salle où Sakura s'entraînait chaque jour quand tu étais en mission. Me dit-elle avec un fin sourire.

Je regardais autour de moi et vis finalement plusieurs photos de moi ainsi qu'une de nous deux. Je la décrochai du mur et la regardai avec attention. Elle était vraiment belle sur ce polaroid. J'esquissai un sourire avant de relever la tête. Il y avait un portrait photo de Naruto. Après tout, ils étaient meilleurs amis. Et je dois avouer qu'au début, je n'aimais pas trop qu'il approche ma rose sauvage. Mais je m'étais finalement dit que le blond était aussi mon ami le plus proche. Je tournai légèrement la tête vers un tirage peu coloré. Pour dire vrai, il était noir et blanc. Je l'observai longuement puis écarquillai les yeux d'effarement. Je pris la pris dans mes mains et la retournai. Dessus, je vis une inscription faite par Sakura.

" Annoncer le vingt-trois juillet, à Sasuke, qu'il va être père "

J'allais avoir un enfant... Un bébé. Sakura était enceinte... Je n'en revenais pas... Je l'avais laissé mourir alors que nous allions avoir un enfant. Je me sentis un peu plus lâche. Je gardai l'échographie et la photo de nous deux puis parti sans prévenir et encore moins attendre l'Hokage cinquième du nom. Il n'était pas question de la revoir un jour. Elle m'avait mis le moral à zéro. Je n'étais plus qu'une carcasse essayant de garder à l'abri une âme tourmentée.Les jours passèrent. Je n'étais pas sorti de chez-moi depuis un moment, regardant sans cesse les deux personnes qui auraient été les plus grandes fiertés de ma vie. Je ne mangeais plus, c'était à peine si je buvais, cela faisait plusieurs jours que je ne m'étais pas lavé, changé ou coiffé. J'étais un pur raté. Un Uchiha raté. Le dernier Uchiha raté. Le rejeton de la famille. L'orphelin. La victime.

« Toc, toc, toc »

Quelqu'un venait me rendre visite ? Qui était-ce ? Je me levai avec difficulté pour avoir une réponse à mes questions. Je pris une veste pour couvrir mes vêtements sales et puants puis ouvris la porte. Naruto était derrière cette dernière.

─ Ce que tu peux puer Sasuke ! Tu fais peur à voir. Dit-il comme ci tout était normal.

Je le regardais de haut en bas avant de me regarder moi-même. C'était bien la première fois qu'il était plus propre que moi. C'était assez choquant. Je le fis entrer chez moi, peut-être allait-il m'amener un peu de réconfort.

Nous passâmes une journée formidable. Il m'avait fait oublier l'espace d'un instant tous mes problèmes, et même Sakura. Il était vraiment parfait. Je le regardais droit dans les yeux et esquissai un petit sourire. C'était la première fois dans toute ma vie que je souriais à cet idiot de service. Il me rendit, sans grande surprise, un magnifique sourire digne de lui et se mit à rire. Il était vraiment adorable quand il riait. Il ressemblait à un bébé dans ces moments-là. C'était mignon à voir. Je secouai légèrement ma tête, de façon à me remettre les idées en place. Je pensais n'importe quoi. Naruto, mignon ? N'importe quoi ! Je soupirai longuement, fermant par la même occasion.

─ C'était une magnifique journée passée avec toi mais je vais rentrer chez moi, si ça ne te dérange pas. J'ai eu beau rire en ta compagnie, je n'arrive pas oublier le fait que j'ai perdu la femme de ma vie sans même avoir ramené le corps ici. Je n'arrive pas à concevoir ma lâcheté.

Je me levai sous le regard surpris du blond. Pourquoi lui avais-je dit ça ? Je n'étais pas censé le lui dire, je devais garder cela pour moi.

─ Euh... D'accord... Mais mange bien hein. Dit-il se levant à son tour et partant vers chez lui.

Ce que j'avais pu être bête. Je le regardais partir et fit de même une fois Naruto loin de mon champ de vision. Les mains dans les poches, j'avançais vers ma grande maison vide d'âmes. Moi-même, je n'en avais plus.

Une fois chez moi et bien installé pour supporter mes douloureuses courbatures, je fermai les yeux et pensai.

─ Sasuke...

Je rouvris soudainement les yeux. Je devais rêver sans doute... Pourquoi aurais-je entendu mon prénom, avec cette voix si familière que je ne pouvais oublier, dans la réalité. C'était impossible... Elle n'était plus de ce monde.

─ Tout cela est de ta faute, Sasuke.

Ça venait de recommencer. Nan, je devais rêver. Je n'étais pas fou. J'étais normal. Lâche, mais normal. Je regardai autour de moi, j'entendais des bruits... Les bruits d'une personne faisant à manger. Je fermai les yeux, les frottai légèrement pour me convaincre que c'était la fatigue qui causait toutes ces choses, et quand je les rouvris, je la vis, devant moi, un ventre parfaitement rond, un plat dans les mains. Je me mis en position de fœtus, plongeai ma tête dans mes bras et pleurai. Je ne voulais pas la revoir, ça me faisait beaucoup trop de mal. Je ne pouvais pas... J'étais seul. Pourquoi apparaissait-elle maintenant ? Quand je commençais peu à peu à me rétablir. Et ces sentiments que j'ai eus en parlant à Naruto n'avait fait que me traverser l'esprit et me détruisaient à petit feu. J'étais perdu dans mes pensées. Je devais en parler à quelqu'un, mais je ne savais pas qui. Je devais me libérer autrement que par des pleurs, de cette rage, de cette tristesse et de cette peur qui m'envahissaient et me mener un peu plus chaque jour à l'état de squelette.