Chapitre 1

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"Al'Tarba - Laisse moi entrer"

Cette soirée était la première de la semaine où j'avais décidé de ne pas prendre de cuite. Il faut dire que j'étais assez fier de moi. Ces quatre dernières nuits, je m'étais sérieusement demandé si je pourrais un jour arrêter de boire.

Je comptais profiter de cette soirée, et seulement celle-ci pour rester à la maison, parce que mes parents étaient absents. Oui, à 20 ans, je vivais encore dans ma chambre de môme, mais puisque l'université ne se trouvait qu'à quelques arrêts de métro, c'aurait été stupide de prendre un studio. Autant économiser pour autre chose. Parlant d'économie, cela faisait deux ans que j'avais commencé des études de commerce. Je m'en sortais, pas parce que j'étudiais comme un demeuré, mais parce que j'avais quelque chose dans le crâne. Au final, peu m'importait. Le travail n'avait que très peu d'importance à mes yeux. Augmenter le PIB de mon pays, toujours gagner plus, épargner pour ma retraite, tout ça, tout ça. Il m'arrivait souvent de cracher ouvertement sur toutes ces obligations tacites. Quelle ironie pour un étudiant en économie, n'est-ce pas? De fait, j'étais un homme très ironique. Si la vie te baise, baise la en retour. Ouais... Citation très peu sémantique, typique de ce que mes potes sortaient après quelques bières de trop.

Donc, pour cette fois, je m'étais juré de garder une distance de sécurité de minimum dix mètres avec l'alcool. Je m'étais installé confortablement dans mon divan, un paquet de chips pas très loin, le coca entre les jambes et le générique de la Fox sur l'écran.

Je ne me souvins plus exactement quand, mais je m'endormis avant la fin du film. Visiblement, j'avais besoin de récupérer les heures de sommeil que j'avais perdues les nuits précédentes.

Je ne rêvai de rien. J'étais tombé comme une masse et je ne comprenais pas vraiment pourquoi je me réveillais maintenant, alors qu'il faisait toujours nuit et que clairement, j'avais encore besoin de dormir. Soudain, je me rendis compte que mes jambes étaient à l'air et que j'avais particulièrement froid. Lorsque je tentai de remonter la couverture sur moi, je ne la trouvai nulle part. Les yeux toujours mi-clos, je balayai la pièce une première fois du regard. Je ne vis que la pénombre et, à travers la baie vitrée, les reflets de la lune argentée.

Après quelques lentes inspirations nécessaires pour clarifier mon esprit, je me redressai. La couverture devait être tombée à terre. Je tâtai le sol sans y trouver quoi que ce soit. Pourtant, j'étais sûr de m'être endormi avec cette fichue couverture.

Je lançai un deuxième regard circulaire à travers la pièce. Maintenant que mes yeux s'étaient habitués au noir, j'apercevais une forme dans le coin. Je plissai les yeux, peu certain de ce que je voyais réellement.

Soudain, quelque chose passa dans le champ du détecteur de mouvement, et la lampe extérieure illumina l'allée menant à la porte d'entrée. La lumière inonda le salon et je découvris, assis sur un fauteuil et penché vers l'avant, une personne portant un masque. Mon premier réflex fut de me redresser et de fuir. Mes yeux maintenant grand ouverts étaient fixés sur la personne, dans l'attente d'un mouvement ou d'une attaque, mais rien ne vint.

- Vous êtes qui, bordel? lâchai-je presque comme un murmure alors qu'intérieurement, je n'avais qu'une seule envie, celle de crier comme une gamine.

Une voix d'homme s'échappa du masque, sans expression particulière.

- Je ne suis pas là pour te faire du mal, Will, je veux simplement te parler.

- Vous... Êtes... Qui... PUTAIN! répétai-je, les muscles bandés au maximum.

- Un visiteur, répondit l'homme en rajustant sa position sur le fauteuil.

Le groupe TigerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant