Chapitre 2

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"Linkin Park - The Catalyst"

      Deux heures après le départ de Jack, je ne dormais toujours pas. Je m'étais certes recouché et je commençais petit à petit à reprendre mes esprits, pour autant, je ne parvenais toujours pas à savoir ce que je ressentais. Avais-je réellement envie d'en savoir plus sur ce groupe Tiger? Jack ne m'avait absolument rien expliqué, comment savoir si je voulais les rejoindre si je n'avais aucune information pratique? Étaient-ils beaucoup? Et surtout, qu'entendait-il par "agir" lorsqu'il parlait de s'insurger?
Je me dis qu'avant de prendre ma décision, je devais impérativement en savoir plus. Et si Jack refusait de divulguer des informations sous prétexte qu'il ne pouvait rien dire à des non-membres, et bien il pourrait gentiment aller se faire foutre.
Après cette conclusion, je parvins encore à grappiller une heure ou deux de sommeil, mais pas plus. Lorsque le soleil se leva, je pris une longue douche chaude, puisque de toute façon, je n'avais rien de mieux à faire. Et je mentirais si je disais me préoccuper nerveusement des examens approchant à grands pas.
Je buvais tranquillement un café, la tête plongée dans un One Piece, quand la sonnette retentit. Il était 7h38. Ok, il n'avait vraiment rien d'autre à faire.
À peine avais-je ouvert la porte que Jack entra en trombe en poussant un grand cri de victoire.
- Alors? Décision prise? On t'embarque?
- Heu...
Il était déjà dans la cuisine et se déplaçait entre les meubles comme s'il connaissait l'endroit depuis des années. Décidément, Jack ne semblait jamais avoir honte de lui-même.
- Pourri... souffla-t-il après avoir lancé par dessus son épaule le manga que je lisais avant son arrivée.
J'entendis l'ouvrage s'écraser au sol dans un bruit qui me crispa. Je décidai alors qu'il valait mieux sortir ce type de ma maison avant qu'il ne casse quelque chose.
- Est-ce qu'on peut... Aller discuter ailleurs?
Pour la première fois, je vis de la confusion s'afficher sur le visage de Jack. Je profitai de cette occasion que j'avais d'en placer une pour exposer mon point de vue.
- Oui. Je n'ai pas encore décidé si j'acceptais ta... Proposition et j'ai d'abord envie d'en savoir plus.
Pendant un instant, il ne répondit pas. Il me toisait et semblait en proie à une profonde réflexion.
- Ok, déclara-t-il une fois sorti de sa torpeur.
En trois enjambées, il était déjà dehors. Je jetai un coup d'oeil à l'extérieur et constatai que le soleil brillait de mille feux. Je n'avais donc pas besoin de veste.
- On t'a déjà dit que tu ressembl...
J'étais trop loin de lui et le vent emportait sa voix au loin, si bien que je n'entendis pas la fin.
- Hein? lançai-je un peu déconcerté pour l'enjoindre à répéter.
- Tu ressembles à Orelsan, déclara-t-il comme s'il s'agissait d'une évidence et que j'étais un attardé qui ne pigeait rien.
- Ah, si tu le dis, lançai-je après m'être vaguement remémoré le visage de ce Orelsan dont je ne connaissais qu'une seule chanson.
Je ne compris vraiment pas pourquoi il m'avait fait une telle remarque.
D'un commun accord, nous nous mîmes en quête d'un petit café ouvert le matin.
***
- Un martini.
Sérieusement? Je tournai vers Jack un regard désabusé. J'étais si choqué par le ton naturel qu'il avait employé pour faire sa commande insolite que j'en avais oublié la serveuse qui s'était tournée vers moi.
- Heu... Je vais prendre un café.
Autant dire qu'avec deux cafés de grand matin, j'allais être énergique.
Nous nous trouvions dans une véranda lumineuse annexée à une pièce joliment décorée dans les tons bruns. Jack avait spécialement demandé à avoir une vue sur la grande avenue, et maintenant je comprenais pourquoi. Littéralement toutes les trente secondes, il se retournait pour inspecter la rue.
- Bon. Donc tu disais que tu voulais en savoir plus, lança-t-il distraitement après avoir reçu son fameux martini. Pose moi tes questions.
Il m'avait un peu pris au dépourvu et je dus réfléchir une fraction de seconde à ce que je voulais demander.
- D'abord, je veux savoir pourquoi vous m'avez recruté. Qu'est-ce que vous attendez de moi?
Jack reprit cet air soudainement sérieux - qui honnêtement était la seule raison pour laquelle j'avais accepté de m'intéresser à sa proposition. Je me doutais qu'en dessous de toute cette mascarade faite pour impressionner, il y avait un vrai cerveau.
- Nous avons besoin d'un gars comme toi. Disons le clairement, tu n'es pas plus intelligent qu'un autre. Tu n'es pas réellement un bon informaticien, même si tu aimes bien les PC. On a d'abord pensé que tu pouvais nous servir dans ce domaine là. Donc on a tenté de te hacker, pour voir comment tu te démerdais...
- Et? fis-je, réellement intrigué par son récit, bien qu'il venait ouvertement de me traiter d'idiot.
- On y est parvenu en même pas deux minutes. Du coup, oublie le département informatique... Tu fais aussi des études de commerce. Mais t'es pas assez doué pour devenir quelqu'un dans ce domaine, donc c'est pas la peine.
- Ok, merci... laissai-je échapper en constatant qu'il crachait sur tout ce que je faisais dans ma vie.
- Non Will, on a besoin de toi pour tes capacités sociales.
Comme il me regardait avec circonspection, je déduis qu'il attendait une réaction.
- Mes capacités... Sociales? C'est à dire?
- Oui. Tu ne crains personne, dans le sens où tu n'as pas peur de t'adresser aux gens. Tu parles aisément et tu possèdes une certaine aura qui fait que les autres t'apprécient naturellement. C'est de ça qu'on a besoin.
Pour une fois qu'il disait quelque chose de positif...
- Ok, disons que c'est une qualité que vous recherchez, mais vous voulez que je fasse quoi, concrètement?
Jack se retourna une fois de plus et balaya la rue du regard. En quelques secondes, il semblait avoir analysé le visage de chaque passant.
- Nous voudrions que tu sois un de nos... Médiateurs. Nous repérons des personnes qui pourraient potentiellement nous rejoindre, et ce sont les médiateurs qui sont chargés d'entrer en contact avec eux et les convaincre de nous rejoindre.
- Je vois... Toi, tu es un médiateur dans ce cas.
Jack ouvrit les bras avec une expression ravie.
- T'as tout compris.
Je comprenais enfin ce que ce type attendait de moi. Mais cela ne suffisait pas à me faire accepter. Je devais comprendre exactement de quoi il s'agissait. Je n'avais pas réellement envie de me faire entuber par une secte ou de finir en prison.
- Et... Hum, votre groupe... Comment il s'appelle déjà, Tiger?
Il hocha brièvement la tête.
- Voilà. Tu disais que vous vous insurgez, mais dans quel sens? Vous êtes un grand groupe genre Anonymous et vous infiltrez les gouvernements?
- Hahaha, Anonymous. Tu dois avouer que quand tu m'as vu avec le masque de V, tu y as immédiatement pensé! Mais bref. Non on ne ressemble pas réellement à Anonymous. Ce groupe n'existe pas, c'est une effigie créée par je ne sais quel guguss pour satisfaire les désirs éphémères de révolution chez les gens en manque d'adrénaline. Ce n'est pas réellement ce que nous tentons de faire... Jamais tu ne verras le nom de notre groupe mentionné où que ce soit. Personne ne nous contacte, c'est nous qui contactons ceux avec qui nous voulons parler ou qui pourraient potentiellement rejoindre le groupe. Aussi, sache que si tu refuses mon invitation aujourd'hui, nous ne te recontacterons plus jamais, tu n'entendras plus jamais parler de nous.
Je supposai que cette phrase était censé me faire remettre en question mon choix. Pensait-il que j'avais déjà décidé de ne pas le rejoindre?
- Mais donc concrètement, commençai-je en m'appuyant sur mes coudes, penché vers lui, je donnais l'impression d'aller dans son sens, le groupe Tiger, que fait-il? Quel est votre but précis?
Jack sembla réfléchir à la façon dont il construirait sa réponse. Un dernier coup d'oeil à la rue puis il se lança.
- Chaque personne qui fait partie de notre groupe est guidé par la même idée. Ce que nous faisons, Will, c'est s'assurer que cette idée se perpétue. C'est pour cela que nous recrutons, et que nous avons besoin de plus en plus de médiateurs. Je ne peux te dire si, demain, le groupe Tiger sera assez influent pour détruire l'économie d'un pays, ou s'il faudra descendre dans la rue et manifester, ou incendier le manoir d'un ministre tellement riche qu'il ne peut plus rien faire de son fric, si ce n'est le bouffer. Simplement... Si tu nous rejoins, tu t'engages à perpétuer cette idée. Le groupe Tiger est uni, alors la façon dont nous véhiculons l'idée doit être cohérente. Et elle peut varier à tout instant, selon les besoins du moment.
Ce qu'il racontait n'était pas réellement clair. Il n'avait pas concrètement énoncé l'idée en question, mais j'avais bien compris. Je supposai que tout cela sous-entendait que je devrais faire ce qu'on me demandait sans trop poser de questions. Mais puisque j'étais censé devenir médiateur, que devrais-je exécuter d'autre comme tâche que celle de recruter de nouveaux membres? Me refilerait-on le sale boulot?
- Ok, dis-je sur un ton qui se voulait assuré alors que je n'avais vraiment pas tout compris. Et auss...
Je m'interrompis lorsque la porte du café alors vide s'ouvrit avec un tintement de métal. Jack leva simplement les yeux vers l'entrée et je dus me retourner pour voir le nouvel arrivant. J'avais comme l'impression qu'il ne s'agissait pas d'un client anodin. Une jeune fille, probablement un peu plus âgée que moi s'avançait vers nous d'un pas lent mais déterminé. Sa peau était très pâle à la lueur des lumières blanches du café et ses cheveux blonds attachés négligemment resplendissaient. Elle portait un veston bordeaux sur un chemisier blanc qui, d'un avis très peu objectif, mettaient fortement sa poitrine en avant.
- Putain enfin! s'exclama Jack si soudainement que je sursautai légèrement.
- Comme si t'avais autre chose de mieux à faire qu'être ici... répliqua-t-elle sur un ton qui ne cherchait pas réellement à le provoquer.
Elle vint s'asseoir à notre table, puis se tourna vers moi.
- Ornella, se présenta-t-elle en me tendant sa main.
- Will, répondis-je en serrant sa poigne bien plus ferme que je ne l'eus cru.

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⏰ Dernière mise à jour : Feb 19, 2017 ⏰

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