L'eau coule doucement. Dans toute la maison, ce bruit résonne. Cascade pauvre qui s'évacue de ce robinet rouillé, et sur le carrelage sale, on aperçois juste le reflet du jour sur les morceaux de la glace brisée. Le bruit monotone endort, repose. Pourtant c'est le calme après la tempête.
On parle souvent du calme avant la tempête. On oublie tout aussi souvent qu'il existe un "après". Après la destruction, le vacarme, les hurlements. Son hurlement. Son cri qui a résonné partout et qui maintenant n'existe plus. Désormais, il n'y a plus que l'eau qui coule. L'eau dans laquelle elle devait se plonger. l'eau qui devait la nettoyer de ses peurs, de ses malheurs, de ses pleurs.
Où es-tu Lara ? Je ne te trouves plus. Dans la salle de bain, un bordel pas possible. Miroir brisé, étagères renversées. Tiens, il y a du sang sur le carrelage. Qu'a tu fais Lara ? La porte est cassée, un gond a cédé. je ne vois plus de sang, tu t'es soignée Lara? dis moi que c'est ça Lara, dis le moi...
Le parquet qui grince normalement n'émet plus aucun son, comme si l'eau l'avait bercé lui aussi. Le couloir est sombre, le plafonnier est éteint, et seul la pauvre lumière du jour peine à éclairer le petit appartement. Plusieurs tableaux sont au sol, tous cassé. Que des paysages: des forêts d'automnes, des lacs bleus et des collines un peu grisonnantes. Une petite photo se détache pourtant. Une jeune femme aux traits fins encadré par de long cheveux bruns. Un homme souriant, visage d'ange. Une promesse d'amour tendre.
Un trace de sang est sur le mur. Je retrouve la photo de toi et d'un homme blond. Serait-ce Marc ? C'est un vrai champ de bataille Lara, que s'est-il passé ? Pourquoi ne me raconte tu pas ? L'eau coule toujours, c'est un jolie contraste, je pourrait pleinement l'apprécier si tu te présentais, tu sais. Je suis dans le salon. Le canapé est renversé. On dirait que quelqu'un s'est battu. Lara? Dis moi que tu n'as rien fait de mal...
La table basse n'est pas la ou elle devrait être. Jolie meuble en bois blond, le seul qui ai la moindre valeur dans cet appartement souillé, et qui désormais, est nonchalamment renversé face à une des rares fenêtres du lieu. Une masse sombre la remplace. Dans la pénombre, on dirait un grand disque noir étendu sur le sol. L'eau coule toujours, mais cette fois-ci, on entend le liquide se déverser sur le carrelage gris. La baignoire déborde.
Lara ? pourquoi quelqu'un saigne dans ton salon ? Lara ? je n'aime pas ça... Je me suis approché, c'est un homme très grand mais qui paraît petit dans cette position. mais surtout il saigne. il saigne beaucoup beaucoup. Je crois qu'il est mort. Dit Lara , est-ce que c'est Marc ? tu ne m'a pas menti, il est beau. il l'est encore plus comme ça, il a un air enfantin, endormi. Pourtant il est mort ? vraiment ? Lara, J'ai un peu peur de toi maintenant , qu'as-tu fait ? qu'as-tu fait...
Sur la scène de crime, l'endroit parait encore plus sinistre. Comme une prison. Voilà ce que c'était, une prison. Et elle était enfermée, tout les jours de sa triste vie. Il ne le faisait pas volontairement mais il l'enfermait. Sa vie était une cage, une cage dorée mais une cage. Une cage qui se resserrait de plus en plus... Dans le couloir des chambres, on observe des empreinte écarlates sur le parquet. Des empreintes significatives et terrifiantes. Pourtant, aucun bruit. Aucun bruit à part celui qui transmet, depuis l'autre bout du petit appartement, l'inondation de la salle de bain.
Lara, Marc était méchant ? tu m'avais dit tout le contraire...Lara, je ne crois pas que Marc eut été méchant. Il ne t'a jamais battu, je le sais. Il ne t'a jamais rien fait à part t'aimer. Alors que c'est-il passé Lara ? Je suis tes empreintes rouges, elles me font peur. Putain Lara. j'ai peur. Mais par dessus tout je ne comprends pas. La porte de ta chambre est fermée. Je ne sais pas si je veux l'ouvrir. Trop tard. Je l'ai fait. Merde Lara....
La jeune femme se retourne doucement comme un dernier adieu et se laisse tomber. Elle vole, elle est enfin libre. mais sa liberté prend soudain un nouveau tournant. Un nouveau goût: amer.
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Segment un peu différent et sinistre... à la prochaine !
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Live
RandomDans cette an de grâce de 2189, Levi n'était plus. Les humains avaient eu raison d'elle. Voila pourquoi ce que tu liras est antérieur à 2189. Oui, Levi était morte. Mais... L'écriture, cette entité destructrice, était toujours en activité, toujour...