Chapitre 1

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J'ouvre mes yeux difficilement, que je sens gonflés.
J'ai le visage recouvert de sable, l'odeur de l'océan et des algues m'emporte violemment.
Ma peau est irritée, elle me brûle presque.

Je frissonne, le vent frais me caresse la peau, doucement. J'ai l'impression d'être enveloppée dans la glace. Une impression de vide. Je lève légèrement ma tête, et soudainement, je comprends que je ne suis pas chez moi. "putain d'merde..."
Je déglutis difficilement, une boule dans ma gorge se forme, ce qui devient dur de respirer malgré la soudaine accélération de cette respiration saccadée et irrégulière. Le rythme de mon coeur est effréné et la peur paralyse mon corps et mon esprit. Je ne parviens pas à penser correctement, les mots, les phrases, les vingt-six lettres de l'alphabet s'entrechoquent sans cesse dans ma tête, et bousculent même ma lucidité. Ma réflexion est mise a l'épreuve: suis-je en train de rêver ?

Allongée sur le ventre, je m'efforce de penser que si je referme les yeux, lentement, je me réveillerais tendrement sous ma couette, chaude et humide, enveloppant mon corps tel un cocon. Alors j'essaie. Mais cette tempête... Qui à ravager la fête d'hier soir... Je ne cesse d'y penser, je m'efforce d'arrêter ! Et je sais que ce n'est pas un rêve ! Je le sais, Ces mains tendues qui dépassent du bateau, en essayant de me rattraper... Je doute que d'autres soient tombés aussi du bateau. mais je ne veux pas voir la réalité en face. Cette réalité tellement dure à accepter. Une larme dévale ma joue droite, et les battements de mon coeur s'accélèrent de plus en plus. J'ai l'impression que ma poitrine va exploser. Mon estomac est noué, et ma bouche ne sors aucun sons. Seuls les animaux, l'océan, et les cocotiers qui s'entrechoquent grâce à la force du vent se font entendre. Sinon, rien. Alors je me lève, décidée a briser ce silence pesant, ce vide intense.
"A L'AIDE ! VENEZ M'AIDER !"
Mes points se resserrent de plus en plus, mes ongles s'enfoncent fortement dans les paumes de mes mains.
Je lève mes bras à ma hauteur et j'observe mes mains, écorchées, et marquées par dix traces d'ongles rouges sang.

Après ces paroles qui résonnent encore dans ma tête, j'attends quelques minutes. Et rien. Rien de plus que des sifflements d'oiseaux.
Cette fois, je suis vraiment seule.

" A l'aide... ", dis-je en m'efforçant d'ouvrir la bouche.

Desesperée, et épuisée, je m'agenouille, face à l'étendue dressée devant mes yeux désespérés.
Je suis perdue... Je me sens... Délaissée, isolée.
Y a-t-il que moi sur cette île ? Cette question retentit dans ma tête, et déclenche une motivation presque surhumaine.

J'aperçois soudainement sur un bateau de sauvetage gonflable, qui flotte et s'éloigne peu à peu.
"C'est ma chance", je pense.
Je me relève d'une traite, et me précipite en essayant de le rattraper. J'essaye de traverser l'étendue d'eau qui nous sépare.
"ALLEEER", poussais-je en hurlant.
Je nage de toutes mes forces, bats l'eau si fort de mes bras, tel un animal en détresse. Je la claque si fort, que l'eau est semblable à du béton.
De toutes mes forces, de tous mes derniers espoirs, j'essaie tant bien que mal pour le rattraper et le ramener à bord, mais il est trop éloigné.
"MERDE ET MERDE ! PUTAIN..." Hurlais-je si fatiguée. Merde.

Je traîne des pieds, prête à m'écrouler sur le sol. C'était ma seule chance de rentrer.

Je suis définitivement coincée dans cet endroit qui m'est inconnu et immense.
Je respire si fort, que j'arrive même à faire fuir quelques oiseaux tranquilles, posés dans les énormes palmiers peuplant la plage.
Je sens soudainement quelques gouttes, qui tombent de plus en plus vite. Bordel il fallait que ça tombe maintenant.
Mon premier réflexe est de m'abriter sous les palmiers qui marquent la limite entre la plage et la jungle profonde. La pluie en est presque torrentielle tellement elle est puissante. Les gouttes s'écrasent violemment sur les feuilles de palmiers et tombent sur moi à nouveau. Finalement, se poser ici ne sert à rien, mais je n'ai que ça pour l'instant. J'aimerais retourner chez moi.

Cela fait à peine dix minutes que je suis abritée que la pluie est déjà finie. Ce sont des pluies très fortes mais très courtes. Je pense que la pluie tombe souvent ici, il faudrait que je me construise un endroit plus sécurisé. D'abord il faudrait que tu aies de quoi boire et manger, génie.
La pluie était glacée, et l'île est très humide. J'ai vraiment très froid et je n'ai rien pour me couvrir, à part mon jean trempé et mon débardeur. Mes dents claquent et je tremble comme une feuille.
C'est étrange, la nuit tombe si vite.
Il commence vraiment à faire sombre, et je n'ai aucun endroit pour dormir. Je n'ai aucun plan, aucun repère, je n'ai même pas l'heure, et la lune est apparue très vite même si le jour reste présent.
Cette humidité pesante m'empêche de bien respirer, et ce froid horriblement paralysant m'empêche de sentir mes membres. Je sens que la nuit va être longue. Ou je vais dormir ?

Le même questionnement se répète sans cesse dans ma tête, et m'empêche encore une fois d'avancer: je ne sais si il y a des rescapés sur cette île.
J'aurais aimer que quelqu'un soit à mes côtés pour faire face à cette solitude insupportable. J'ai peur.
Mais je reprend vite mes esprits: pour l'instant, il faut que je tienne de toutes mes forces, il faut que j'y parvienne, pour ma famille, mes amis, mes professeurs que je veux retrouver maintenant.
Chaque jour je vais tenter de rester en vie, jusqu'à ce que je sois retrouvée. Enfin, je l'espère.

J'ai encore un peu d'espoir.

Je frissonne. Je marche en grelottant, Je cherche un petit endroit où je pourrais m'endormir pour une nuit.
La fatalité me rattrape, je sais que je peux mourir d'un moment à un autre.
La mort, que je pensais lointaine et impossible, me guette maintenant. Elle m'attend patiemment.
Je m'arrête un instant et je m'agenouille de faiblesse, cet océan épuisant et vertigineux me fatigue.
Des larmes incontrôlables se déversent et je n'y peux rien.
Je pleure ma famille, je pleure mes amis, je pleure mon chien, mes chats, je pleure même ma maison, ma ville, que je détestais autrefois, mais qui me manque terriblement maintenant.
Sont-ils en train de me chercher ?
Pensent-ils à ma douleur ? Ma souffrance et ma solitude éperdument immenses ? Bien sûr que oui. Ou peut-être que non.
Est-ce que des secours peuvent arriver jusqu'ici ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Je suis totalement perdue, que ce soit mentalement ou physiquement. Cette fois ci, je n'arrive pas à reprendre mes esprits:
Je n'arrive plus à réfléchir, je suis déboussolée, et le choc que j'ai eu me fait perdre mes esprits.
Mon corps lâche prise, il s'écrase violemment sur le sol.
Je sombre lentement dans le noir, bercée par le son des vagues, mes yeux se ferment, et puis plus rien, juste un immense noir dans lequel j'ai plongé lentement.

Je sens peu à peu des picotements tout autour de mon corps. Mais qu'est ce que c'est ?
J'ouvre mes yeux en sursaut, et une dizaines d'insectes se sont posés sur ma peau, et me piquent à répétition.
C'EST QUOI CE BORDEL ?!
Je me relève d'une traite en criant, j'ai des petits points rouges sang partout sur les parties visibles de mon corps.
Et je vois la dizaine d'insecte voler autour de moi. Je bat mes bras à toute vitesse pour me débarrasser de ces merdes qui m'ont meurtrie un peu plus. Le bruit de leur ailes m'horripile. J'ai horreur de ça. Vous connaissez ce "bzzzz" insupportable ?
Je cours vers un autre endroit pour me débarrasser définitivement de ces horreurs.
Je ne peux même pas me rincer, l'eau doit être gelée et je n'aurais rien pour me sécher. Quelle merde.
Éloignée, j'observe le ciel calmement dans le silence. La nuit est magnifique. La lune éblouissant mes pupilles, éclaire la plage, et tout autour, le ciel noir immaculé et étoilé fait contraste avec ce cercle lumineux.
Cette étendue d'eau en face de moi, qui recule et avance sans s'arrêter, les animaux sauvages, et le vent qui pousse les feuilles des arbres ne s'arrêtent jamais, jouant une douce mélodie qui règne sur cette île perdue au fin fond du monde.
Je me retourne, et détaille de mes yeux l'énorme jungle se dressant derrière moi. Je m'aventurerais dedans demain. Pour l'instant la nuit est tombée, et il faut que je dorme. Je suis épuisée, et je n'ai plus aucune force.
Je me pose, dans un coin un peu reculé mais plus en sécurité, la où les insectes me laisseront tranquille. Par contre s'il pleut je serais trempée.
Allongée, je n'ai même plus la force de penser à ce qu'il vient de m'arriver, je pense toujours que c'est un rêve et que je vais me réveiller. J'espère qu'un jour on me retrouvera.
J'ai froid, faim, soif, et j'ai peur.
Que va-t-il m'arriver les jours suivants ? Et surtout, est-ce que je vais m'en sortir ?

Je m'allonge, épuisée, l'estomac vide mais noué, convaincue que la nuit va être longue.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 12, 2018 ⏰

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