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J'étais par terre, sur le tapis, sous la table.
Lorsque je levais la tête, je voyais le visage blanc de ma soeur, à travers le verre de la table.
Elle était concentrée à rouler, à rouler un joint, son joint.
Les mèches platines de sa coupe, coiffure de chanteur dont les ados raffolent, lui retombaient sur le visage.
Ma soeur ressemble à un mec. En fait, c'en est un.
Enfin, je veux dire, après tout, la jeune Manuela, 21 ans tout frais, née avec un vagin, se fait appeler Manu, s'habille maintenant dans des enseignes pour hommes et est en couple avec une dénommée Lucinda.
Ouais, ma soeur est lesbienne.
Je trouve ça cool.
Des bouteilles vides de Panaché semblaient flotter au-dessus de moi.
Ma mère venait d'ouvrir ses cadeaux d'anniversaire.
Elle avait pleuré.
J'étais là, sous la table.
Il y avait ma soeur défoncée devant moi, ma belle-soeur à ma gauche, ma grand-mère (sûrement défoncée aussi) à ma droite, et ma mère, derrière moi.
J'étais là, par terre.
Je regardais des photos.
Les photos de notre famille.
Dessus, il y a ma mère, mon grand frère, ma soeur, ma belle-soeur, ma grand-mère, et moi.
Aucun père, parce que personne n'a le même père dans notre famille.
Et aucun grand-père non plus, parce qu'ils sont soit décédés, soit des connards.
J'étais là.
Dieu, que notre famille est belle.
Quel gâchis de la séparer comme cela.
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