Juste un été [ RECORRIGÉ ]

Épilogue

  « C'est le pire Noël de ma vie... »

  Je soupire en regardant les flocons tomber inlassablement.

  Ma cousine, celle que j'aime énormément, est là, avec toute sa famille.

  Mais celle qui d'habitude me fait tant rire n'arrive même pas à m'arracher un sourire.

  C'est Noël, et je suis incapable d'être heureuse et de profiter. Pourtant, tout va bien. J'ai passé une rentrée géniale, je suis dans la classe de Fiona, j'ai retrouvé tous mes potes, je leur ai raconté mes aventures de cet été, et là, je suis avec une des personnes que j'aime le plus au monde.

  Mais je n'y arrive pas. C'est impossible pour moi de soulever les commissures des lèvres.

  - Pauline...

  Clarisse pose une main sur mon épaule.

  - Tu veux une pâtisserie ?

  - Non merci, marmonné-je. J'ai pas faim.

  - C'est pas normal, Pauline. Dis ce qui va pas...

  Je suis bien incapable de décrire le vide qui me ronge de l'intérieur. Le manque profond que je ressens semble impossible à combler.

  Je repense sans cesse au premier message que Tonny m'a envoyé quand je les ai quittés : « Je te le promets ». Peu de mots, mais beaucoup de sens. Depuis, j'attends, voir s'il tient sa promesse. Ça fait trois mois que j'attends...

  « Patience... »

  - Viens prendre l'air, Pauline, ça va pas du tout, là.

  Je soupire par le nez, en espérant qu'elle ne le prenne pas mal. Je suis triste, mais je ne suis pas devenue méchante.

  Elle a raison, je devrais faire quelque chose. Je la suis, enfile mon manteau et mes chaussures d'hiver.

  Lorsque j'ouvre la porte, les flocons ont rétrécis et il ne neige presque plus. Clarisse me rejoint quelques secondes plus tard.

  - On revient ! annonce-t-elle à l'attention de la famille, dans le salon.

  - OK ! Revenez pour le repas !

  - Oui !

  Nous longeons le trottoir, la neige crissant sous chacun de nos pas. Elle soupire.

  - Bon, qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi t'as l'air si triste ?

  J'hésite à répondre.

  - C'est Tonny...

  - Mais tu le reverras, te fais pas de soucis comme ça ! C'est Noël ! dit-elle en faisant un tour sur elle-même, les bras écartés comme si elle allait s'envoler.

  Je lève les yeux vers le ciel. Je ne vois qu'une surface grise foncée, et des flocons minuscules qui tombent lentement vers mon visage. Un se pose sur ma joue. Je baisse la tête et regarde Clarisse, qui s'efforce d'être joyeuse pour me redonner le sourire. Tout ce que j'arrive à faire, c'est un petit sourire triste lamentable.

  - Allez, viens-là...

  Elle me prend dans ses bras. J'arrive à sourire un peu plus.

  Nous continuons de marcher. Nous passons devant le parc et une voiture nous passe à côté, en manquant de nous tremper de neige. Je reste indifférente pendant quelques secondes quand je me rends compte... C'était la même voiture que celle de Patrick. Je pile net, puis j'entends des bruits de pneus sur la neige. Je me retourne vivement. Une porte s'ouvre et claque violemment. Quelqu'un court. Il court vers moi. Et je sais que c'est lui. Il est là, il est venu me voir.