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Lundi 13 mars 2015, Los Angeles.

Le lundi. Ce jour qui représente la hantise de tout lycéen, ce jour qui représente la reprise des cours après deux jours de repos intensif, ce jour qui représente l'enfers pour Amalia. Cette dernière, une brune de dix-sept ans, est le fantôme de son lycée. Non, Amalia n'est pas morte, elle est tout simplement invisible aux yeux des autres, aussi bien chez elle que dans l'établissement scolaire. La seule personne qui lui adresse des regards, quelques sourires ainsi que quelques "Hey, ça va ?", était Thomas, le sportif du lycée. D'apparence, il peut laisser penser qu'il est le parfait stéréotype du garçon sportif, plein aux as, qui réussis tout ce qu'il entreprend, et ce n'est pas faux. Mais contrairement aux autres sportifs stéréotypés, Thomas est gentil avec tout le monde, il n'est pas atteint du syndrome de la grosse tête. C'est pourquoi il fascine Amalia, car il est comme elle, différent.

Mais revenons plutôt à ce fameux lundi que Amalia déteste tant. Elle ne le déteste pas uniquement car il signifie "lycée", mais aussi car il signifie "routine". Et c'est ce qu'elle fit ce matin là, elle se réveilla en bougonnant, alla se doucher, s'habiller d'un petit débardeur noir, d'un jean de la même couleur, déchiré aux genoux, et d'une veste en cuir. Elle alla ensuite dans le semblant de cuisine mis à disposition dans son studio prendre une simple pomme qu'elle mangea rapidement avant de retourner dans sa salle de bain minuscule pour se laver les dents et se maquiller très légèrement.

La pièce était extrêmement exiguë, réduisant ses mouvements, la peinture, anciennement blanche, s'effritait, l'unique ampoule qui permettait d'éclairer la pièce fournissait une lumière blanche qui agressait les yeux, mais malgré les quelques défauts de son studio, Amalia ne se plaignait pas. Ses parents le lui avaient loué lorsqu'elle avait catégoriquement refusée de partir avec eux en Caroline du Nord et depuis ils lui envoyaient de l'argent tout les mois afin de subvenir à ses besoins et afin de payer le loyer. Lorsque la brune eu finis de se préparer, elle alla enfiler sa paire de Vans noires et sortit en attrapant son sac de cours.

Elle courut après l'autobus et entra dedans. Sa conscience lui hurla "et c'est repartit pour un tour !" et Amalia lui dit silencieusement de se la fermer. Elle s'assit dans le fond, juste devant la rangée des populaires. Ces derniers étaient bruyants et n'arrêtaient pas de mettre des coups dans les sièges, faisant mal à toute personne devant eux, lorsqu'une voix se fit entendre juste derrière Amalia :

"Les gars calmez-vous sérieux ! Il est que huit heure du mat'."

Il s'agissait de Thomas, le fameux sportif qui intriguait la brune. Cette dernière se crispa lorsqu'elle le sentit se pencher en avant pour lui murmurer dans le creux de l'oreille

"Tu n'as pas pris de coup ?

-N-nan, t'inquiète pas.

-Tant mieux alors."

Il se remit dans sa position initiale et Amalia pris une bouffée d'air. Elle n'était pas amoureuse de Thomas, Amalia n'avait jamais aimée qui que ce soit, pas même sa propre personne. Et c'était bien ça son problème.

Lorsque le véhicule s'arrêta, elle attendis que tout les élèves soient descendus pour se lever. Elle savait que Thomas était derrière, tout les matins ils faisaient le trajet jusqu'à leur salle de maths ensemble, sans sortir le moindre mot. Amalia ne disait rien car elle était trop perturbée par la présence du blond, et Thomas ne sortait pas un mot, sachant que la brune n'était pas du genre bavarde.

Une fois devant la salle, ils s'assirent contre le mur et attendirent la sonnerie, c'était leur petit rituel. Mais ce matin là, Amalia brisa la règle du silence. Pour la première fois en deux ans, elle engagea la conversation, avec une certaine hésitation malgré tout :

"P-pourquoi ? demanda-t-elle,

- Pourquoi quoi ?

-Pourquoi tu me parles alors que tout les autres font comme si je n'était rien d'autre qu'un fantôme ? Tu es le seul dans cette foutue ville à te préoccuper de comment je vais. Alors, pourquoi ?

-Te répondre serais comme la réponse d'un suicidaire face à la question "pourquoi veux-tu mourir ?", ce serait bien trop long."

Il lui avait dit cela avec un sourire sur les lèvres, tout en fixant la foule de gens qui couraient ou traînaient dans le couloir. Il ne lui avait pas donné de réponse précise et cela frustrait la brune qui se releva en croisant les bras sur sa poitrine. Elle fixa le sportif de ses yeux verts. Il releva la tête vers elle et lâcha un rire. Il se releva à son tour et fit face à la brune qui devait lever la tête pour le regarder dans les yeux. Face à lui, elle avait l'impression d'être l'un de ces petits êtres bleus qui sont les personnages d'un dessin animé.

"Je pourrais avoir une vraie réponse ? Râla-t-elle.

- Peut-être un jour, mais pour l'instant Lia, on a maths, tu sais, ta matière préférée."

Il lui fit l'un de ses plus beaux sourires et entra dans la salle pour rejoindre sa place qui, bien évidement, était à côté de celle d'Amalia. Cette dernière était tellement déterminée à avoir une réponse qu'elle courus pratiquement à sa suite et manqua de tomber par dessus sa table. La professeur fit son entrée et, au plus grand malheur de la brune, commença son cours. Amalia s'assit aux côtés de Thomas et ne prit même pas la peine de sortir ses affaires. Elle posa sa tête dans ses bras et ferma les yeux. Au bout d'environ dix minutes, elle sentit une douleur au niveau de ses côtes. Elle bondit sur sa chaise, provoquant le rire de son agresseur et la colère de l'enseignante.

"Philips, Johnson vous voulez que je vous aide ?

-C'est comme vous voulez. Railla la brune.

-Tout les deux, chez le proviseur !

-Mais madame... Commença Thomas.

-Aller ramène toi Blondie."

Amalia tira le bras du blond et ils sortirent de la salle. Thomas s'appuya contre les casiers et pris sa tête dans ses mains. Il marmonnait des phrases incompréhensibles, ce qui énerva la jeune fille.

"Qu'est ce qu'il y a Thomas ?

-Mes parents vont me tuer !

-Tu t'es fais virer combien de fois dans ta vie ? Demanda la brune.

-C'est la première fois !

-Ça va tu prendras rien, un petit "je vous jure ça n'arrivera plus" et tout est réglé.

-Mes parents sont pas comme les tiens Amalia, on vient pas du même monde !"

Il se stoppa juste après sa phrase. Amalia avait la bouche entre ouverte et les yeux écarquillés. Elle n'arrivait pas à croire que lui, le gars qui était adorable avec elle en opposition aux autres, ai dit ça. Elle se retourna précipitamment et couru jusqu'au grillage du lycée. Grillage qu'elle escalada pour s'enfuir sans se retourner.

You're My Happy Ending.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant