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Il fait froid.
Je vois mon cadavre, écrasé au sol. Alexander est penché au dessus et pleure en serrant la main qui m'appartenait avant. Je regarde le ciel, les étoiles scintillent encore. C'est la dernière chose que j'ai vue.
Fin de "vie 1".


Je me réveille dans une chambre aux murs tapissés de joli papier peint, bleu et gris.
Comme d'habitude. Mon réveil s'acharne à sonner pour me réveiller. Mais je le suis.
Je l'éteins et me lève. Je m'assois sur mon lit. J'ai tellement mal... Je ne comprends pas pourquoi. J'ai mal au dos, aux bras, aux jambes, tous mes membres me font horriblement souffrir. Comme si... Comme si j'étais tombée de très très haut.
Je remue la tête. Cette nuit a encore été cauchemardesque. Ce rêve lucide ou à chaque fois j'ai le choix, comme si je pouvais revenir en arrière et empêcher ce drame, mais à chaque fois, j'échoue, et inlassablement, Rémi tombe de sa fenêtre. Si cette foutue haie avait été équipée d'un portail, comme l'aurai voulu Aurélien, il ne serait pas mort. Mais mes parents ont décliné, pensant que l'on devait chacun avoir son intimité. J'ai fais la tête pendant trois jours, jusqu'à l'accident tragique qui marqua la fin de cinq ans d'amitié avec Rémi. Ethan m'aidait quand même à me relever, mais, en toute logique, restait plus avec Aurélien, car c'était lui qui avait perdu son jumeau, pas moi. Mais il me rendait quand même visite de temps en temps, ce qui me faisait extrêmement plaisir. Il ne savait pas, bien sûr, mais j'aurai voulu que nos instants durent plus longtemps. Il était vraiment tête en l'air ces temps ci, peut être que lui aussi, sous son masque, est aussi blessé que nous. C'est bien son problème : il pense toujours aux autres avant de penser à lui.
J'entends des coups à ma porte. Je regarde mon poignet et constate avec effroi l'heure que me montre indique : quatorze heures vingt trois. Mon sang ne fait qu'un tour et je file m'habiller. Les coups se sont arrêtés. Je me presse d'aller ouvrir pour savoir si la personne est toujours là et, comme tout les jours à quatorze heures, presque trente, Ethan est à ma porte. Il est assit par terre, il devait sûrement m'attendre.
"-Toujours aussi patient, n'est ce pas ?
-Il faut bien avec toi ! Tu dormais ou quoi ?"
Je fait mine de ne pas comprendre en rigolant puis l'invite à entrer.
Nous nous asseyons à table et je lui demande des nouvelles de Aurélien.
"-Bah il commence difficilement à s'en remettre. Tu lui as toujours pas reparlé d'ailleurs ?
-Non, c'est plutôt lui qui m'évite en ce moment...
-En même temps...
-Oui je sais ! "Tu aurais pus le sauver, mais non, il fallait bien que tu sois posée dans ton transat et que tu n'aie pas l'idée d'aller le rattraper !" Oui, je sais ça !
-Mais... Ce n'est même pas ce que j'allais dire.
-C'est vrai ?
-Je jure.
-Ok désolée. Mais j'ai tellement l'habitude qu'on me sorte ça aussi...
-Bah tout le monde est au courant, tu parles qu'on n'arrête pas de te le dire...
-Tu ferais quoi à ma place toi ?
-J'sais pas. Je déménagerai...
-Tu me dis que je devrai déménager ?
-Non ! Reste là. Mais personnellement, si moi et... Bon, si j'avais pas été là c'est ce que tu aurais du faire.
-Mais pas d'bol, t'es là...
-Sympa.
-Désolée."
Il regarde le ciel qui se couvre de gris.
"-Tu devrais rentrer, tu vas te prendre la pluie.
-J'peux dormir chez toi c'est bon.
-Non, c'est pas bon du tout.
-Bah quoi ?
-Niéh... C'est plus comme quand on était petits tu sais ! Et puis mes parents rentrent bi..."
J'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Il m'envoie un regarde entendu et je finis par céder.
"-Bon, laisse moi faire."
Je m'éloigne de Ethan et pars vers mes parents.
"-Dis moi jeune fille, il y a quelque chose que tu dois nous dire ?
-Oui... enfin, demander. Ethan peut dormir à la maison ce soir ?
-Bien sûr ! Et ses parents sont d'accords ?
-Oui, enfin... il va les appeler !
-Pas de problème. Je descendrai le matelas plus tard.
-Merci Maman !"
Je repars vers la terrasse où il m'attendait patiemment.
"-Alors ?
-Bah, ils ont pas voulu...
-Ah dommage.
-T'es trop crédule mon pote !"
Je rigole de bon cœur, et il se joint son rire au mien, comprenant la blague.
"-Bon plus sérieusement, ils ont dit oui ?
-Yep."

Nous avons passé la soirée à regarder des films d'horreur, pour le plus grand désespoir de Ethan qui déteste ça.
"-Mais je vais encore faire des cauchemars !"  disait-il. J'ai simplement rigolé et nous avons regardé le vieux film "The Shining" qui reste l'un de mes préférés. Jack Nicholson a l'air encore plus taré que d'habitude dans ce film. Nous avons enchainé avec Annabelle et Ethan c'est caché pendant au moins trente minutes sous la table.
Il est presque deux heures du matin, et je lui propose encore un film d'horreur de ma grande collection.
"-Ah non, c'est mort ! J'ai déjà trop peur, tu veux me tuer ou quoi ?"
On rigole et nous décidons de nous coucher.

'Treize comme vendredi treize'Où les histoires vivent. Découvrez maintenant