Sauve-moi, mon coeur

Prélude

Le chaos régnait dans la salle du trône.

Les nobles qui y étaient rassemblés parlaient entre eux en se lançant des coups d'œil paniqués, en gesticulant violement, leurs voix ne cessant de grandir encore et encore, prendre de plus en plus d'ampleur, de puissance, chaque mot tentant de couvrir l'autre, chaque phrase tentant de se faire entendre par l'autre. Vêtus de leurs beaux vêtements et craignant leur argent, les voilà qui s'affolaient et qui criaient, les voilà qui ne cessaient de répéter :

-Une guerre... une guerre ?! Nous ne sommes pas prêts ! Ce royaume est encore trop affaibli, encore trop jeune ! Comment allons-nous nous en sortir ?

Ce jour-là, on avait assemblé dans la salle du trône les plus grandes familles nobles, les plus grands commerçants, les plus loyales, les plus fidèles, les plus sages. On les avait fait venir afin de leur demander conseil, pensant que la discussion serait tranquille et que le ton ne monterait pas. Pourtant, les voilà qui se déchaînaient.

La reine parla, d'une voix forte et claire, les fit taire d'un seul mot.

Tous levèrent la tête vers leur jeune couronnée et se figèrent, s'arrêtèrent au milieu de leurs protestations. Son visage pâle affichant une expression froide et dure, une expression à laquelle nul n'était encore habitué, ils furent surpris mais surtout ébahis par la soudaine maturité dont faisait preuve la reine Mirajane, elle qui d'ordinaire adorait les banquets et qui semblait incapable de mener tout un peuple vers la prospérité.

Elle humecta ses lèvres, réfléchit.

-Nul besoin de paniquer, finit-elle par dire d'un ton posé. Nul besoin de s'agiter. Commencez-vous déjà à douter de votre pays ? Avant même que cette guerre ne soit commencée, vous avez déjà décidé du vainqueur et du vaincu ! Pourtant, vous semblez oublier la force de nos dix mille hommes qui sont tous dévoués à leur couronne ! Ces dix milles hommes qui iront sur ce champ de bataille en sacrifiant leurs vie, en donnant tout ce qu'ils ont pour nous ! Ne doutez pas de leur conviction, de leur savoir faire ! Ne doutez pas de votre reine ! Je peux vous mener à la victoire ! Je vais vous mener à la victoire et c'est une promesse que je vous fait ! Seulement, pour réussir, j'ai besoin de vous tous, de votre soutient, de votre intelligence, de votre argent, de vous, tout simplement. Aidez-moi à mener ce peuple vers la prospérité !

Tous déglutirent, la regardèrent, figés, parfaitement immobiles et complètement admiratifs devant ses mots, bien après qu'elle ait fermé la bouche et qu'elle ait quitté son trône pour légèrement s'approcher de ses sujets, le sourire convainquant. Le visage fier.

Ses yeux divaguèrent pendant une seconde, se plongèrent dans la foule et se fixèrent sur les traits de sa fidèle conseillère. Pendant quelques secondes, on put y lire le doute, on put y lire des questions et la peur, la peur d'échouer, la peur de perdre tout ce qu'elle connaissait, la peur de décevoir tout ce monde, aussi. Pendant un fragment de temps infiniment petit, elle se décomposa et chercha le visage de sa précieuse amie, lui posa une question muette. « Puis-je tenir cette promesse ?», sembla-t-elle demander.

 Je fis un imperceptible mouvement de tête, un unique et sans le moindre doute « oui » flottant sur mes lèvres.

Mot d'auteur : Je sais que cette suite soudaine doit vous étonner... mais voilà, j'avais envie d'écrire ce prologue, lancer le tome deux, vous donner un aperçu de ce que je vous réserve pour la suite !