CHAPITRE 4

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Lorsque nous étions rentrés à l'intérieur, ce matin, j'avais couru jusqu'à ma chambre, et m'étais enfermée. J'étais dans le noir complet, recroquevillée dans un coin de la chambre, me basculant d'avant en arrière sans un mot. Les volets fermés ne laissaient aucune forme de lumière passer, tandis que mes larmes dévalèrent mes joues encore humides des minutes précédentes. Tout mon monde avait été chamboulé du jour au lendemain : de Laure qui m'avait montré son vrai visage, à mon esprit qui me faisait voir des choses horribles et inimaginables, je ne savais plus quoi penser. Après tout, peut-être étais-je folle... Aucune séance chez le docteur Morgan ne règlerait mon problème, mais s'il pouvait me donner des médicaments, mes soucis pourraient s'envoler comme ils étaient venus...

Je ne fermai pas l'œil jusqu'au lendemain, toujours assise à ma place, par terre, dans des pensées toutes plus sombres les unes que les autres, mais un bruit sourd se fit entendre contre la porte de la pièce, puis une voix faible et peu sûre.

- Shadow ? Tu es réveillée ?

Je ne répondis pas, mais sa détermination était plus résistante que toute l'énergie qu'il me restait. Si j'ouvrais la porte, il me demanderait d'aller en cours, mais dans le cas contraire, il pourrait défoncer l'obstacle face à lui et m'y traîner de force. Je pris une profonde inspiration et me dirigeai vers mon armoire. Je m'habillai lentement, démunie de la moindre vigueur, le sommeil me gagnant petit à petit. J'ouvris finalement la porte et contournai mon frère pour m'enfermer de nouveau, mais cette fois-ci, dans la salle de bain. Lorsque je fus sûre qu'il ne pourrait entrer, je me laissai glisser au sol, contre la porte et fermai mes paupières lourdes. Soudain, je me relevai et compris qu'il ne fallait plus dormir. Tous les évènements précédents étaient venus de mes moments de sommeil, et si j'abandonnais, je serais à la merci de ceux-ci. Je me passai de l'eau sur le visage et regardai avec horreur la mine qui m'était renvoyée par le miroir. Mon mascara avait coulé sous mes yeux, et mes cheveux étaient emmêlés d'une manière indescriptible. J'y remédiai rapidement puis rejoignis mon frère au rez-de-chaussée. Je me remplis un thermos avec du café et sortis avec Stefan sur mes talons.

- Tu es sûre de vouloir y aller ? Me demanda-t-il en ouvrant ma portière tel le gentleman qu'il était.

Pour toute réponse je m'asseyais sur le siège passager, et attendis qu'il vienne derrière le volant. Quand il referma ma portière, je vis dans ses yeux qu'il se faisait du souci pour moi, mais je pouvais y arriver, il ne fallait juste pas que le sommeil l'emporte sur moi.

Nous arrivâmes assez vite sur le parking rempli du lycée, et à peine avait-il mis le frein à main, que je me tournai vers lui et lui adressai un sourire faux, pour enfin sortir de l'habitacle étouffant. Je traversai le parking incognito, comme à mon habitude, puis pénétrai dans les couloirs peuplés par tous les lycéens et leur groupe. Certains me toisaient avec un œil moqueur et d'autres avec peine. Je sentais que Laure avait écrite ma réputation auprès de tous, et je ne fis qu'accélérer de plus belle.

Lorsque je pris conscience que ma première heure de la matinée était littérature, ma seule envie fut de me taper la tête contre les murs. J'entrai donc dans la salle sous le regard noire de Laure, qui, quand je passai près d'elle, me fit un croche-pied, et comme prévu je trébuchai et ma caféine avec. Mon thermos atterrit par terre, loin de moi, et tout le contenu se déversa sur le sol à carreau. Une série de juron à l'adresse de la blonde s'échappèrent de ma bouche et celle-ci ouvrit de grands yeux, avant d'en avertir monsieur Jones.

- Monsieur ! Shadow vient de m'insulter ouvertement alors que je ne lui ai rien fait !

- Non mais qu'est-ce c'est que tout ce bazar ? Shadow, déjà que vous insultez votre camarade, en plus vous salissez la classe !

SHADOW (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant