CHAPITRE 3

73 4 9
                                    

Arrivés à destination, sans que je sache comment il avait trouvé ma maison perdue dans la campagne, il m'avait demandé de patienter dans la voiture, avant de venir m'ouvrir ma portière.

- Tu cherches vraiment à m'impressionner ou tu veux simplement manger ma pâte à tartiner ?

- Devine.

- Tu es méchant tu sais ?

- Et j'assume pleinement, rit-il en silence.

Je le guidai vers la porte d'entrée et compris que je n'avais pas mes clés. Ma main s'abattit sur mon front, et je soupirai en silence.

- C'est ton frère qui les a, c'est ça ?

- Non, il y a toujours une solution !

Mes parents étaient des génies hors du commun, car ils prévoyaient toujours les pires situations. Ils m'avaient parlé une fois, lorsque j'étais un peu saoul, d'une cachette secrète où le trousseau était caché. Le problème était que les souvenirs de cette soirée m'étaient très vagues, et flous. Un seul détail me revenait en mémoire, une histoire de fleurs ou de plantes, je ne me rappelais plus très bien. Je jetai un coup d'œil autour de moi, à la recherche de verdure sur le perron. Il y avait effectivement quelques plantes, des pots et autres. Aucun ne me faisait me rappeler. Je m'avançai vers chacun des pots, et me mis à les soulever, jusqu'à en vider le contenu au sol.

- Calme-toi, ces pauvres fleurs ne t'ont rien fait !

- Très drôle. Il y a un second jeu de clés dans l'un des pots. Tiens, le voilà enfin, le narguai-je en tirant la langue.

- Rappelle-moi ton âge déjà ! S'exclama-t-il avec ce sourire de charmeur.

Ma langue ressortit automatiquement après son commentaire, et j'insérai la bonne clé dans la serrure, et la tournai. Lorsque la porte s'ouvrit, je me précipitai à l'intérieur pour la refermer juste après, mais il avait été plus rapide, et avait vite compris mon stratagème. Son pied bloqua mon action et il repoussa la porte.

- J'étais sûr que tu ferais cela. C'est bizarre, non ?

- On ne se connait pas. Alors rentre chez toi, et laisse-moi tranquille.

- Et notre marché ?

- Arrête avec ce marché, s'il te plaît ! Comment veux-tu que je te laisse rentrer chez moi, en étant seule et à la portée d'un inconnu très mystérieux ?

- Bon, j'ai une nouvelle offre. On reste sur le perron, tu me poses tes questions, j'y réponds, et si cela te convient, tu me laisse entrer.

- Le début de ce plan me va très bien, mais laisse-moi juger s'il faut te laisser passer le seuil.

- Très bien. Tu veux bien qu'on aille s'assoir sur la balancelle ?

- Oui, viens, lui dis-je en faisant un signe vers l'endroit convenu.

Il me rejoignit très lentement, et s'assit près de moi. Un grand silence régnait sur le porche, et cela me mit très malaise. Aucun n'osait briser ce silence de mort, si ce n'est le bruit de la pluie qui avait décidé de pointer le bout de son nez. Mes rêves me revenaient au moindre détail qui apparaissait dans ma vie. Que ce soit la pluie, les champs, tout faisait de moi une fille trop fragile et émotive. Une larme roula sur ma joue en douceur, et je l'essuyai du revers de la main très rapidement.

- Est-ce que ça va ? Me demanda-t-il en déposant sa main sur mon épaule.

- Je vais bien, ne t'en fais pas. Bon, je dois te poser des questions si j'ai bien compris.

- Je t'écoute.

- Très bien. Attend que je réfléchisse. Si, voilà ! Comment est-ce que tu t'appelles ?

SHADOW (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant