Chapitre 5

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Je me réveillai avec un immense mal de crâne. La sensation que ma tête implosait s'intensifiât lorsque j'ouvris les yeux. La lumière était aveuglante, comme si quelqu'un pointait un phare droit devant moi. J'essayai de me couvrir le visage mais je n'y arrivai pas. J'avais l'impression qu'aucun muscle de mon corps ne répondait à mon cerveau.

Après quelques minutes, la lumière devint supportable. Je regardai autour de moi et m'aperçu que le décor avait énormément changé depuis la dernière fois. J'étais couchée dans un grand lit, recouverte d'un drap rose. La chambre était peinte en blanc crème et de grandes fenêtres décorées de rideaux en mousseline s'étalaient sur les murs. Deux tables de chevet en bois clair étaient installées de chaque côté du grand lit. Il y avait sur l'un d'eux un grand bouquet de fleurs multicolores et un ourson en peluche aussi grand que ma main.

Je continuai à regarder autour de moi, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait. Il me fallu 10 longues minutes avant de réaliser que finalement, je n'étais pas morte. Alors que je reprenais peu à peu mes esprits, des bruits de pas se firent entendre. Je regardai autour de moi, cherchant désespérément un endroit pour me cacher mais malgré la grandeur de la chambre, je n'avais nulle part où aller. Je m'empressai donc de me recoucher dans le lit et de fermer les yeux. La porte s'ouvrit silencieusement, suivit d'un bruit de pas léger. Un plateau se déposa sur la table de chevet dans mon dos. La personne se promena quelques instants dans la chambre avant de se placer face à moi. Une petite main frêle se déposa doucement sur mon front. Elle caressa mes cheveux, puis ma joue. Quelqu'un d'autre arriva au même moment.

- Talia qu'est-ce que tu fais? dit une voix d'homme.

- Dis Hayden, est-ce que tu penses qu'elle va bientôt se réveiller? répondit une petite voix d'enfant.

- Je n'en sais rien. Espérons le... lui dit-il doucement.

La petite main continuait à caresser mes cheveux tandis qu'un doux parfum atteignit mes narines. De la nourriture. D'un seul coup, comme si on allumait un interrupteur, mon estomac se mit à hurler famine. J'espérais au fond de moi qu'il ne me fasse pas le coup de "la baleine échouée qui agonise", qui alerterait la population entière que je m'étais réveillée.

- Allez viens Tali, reprends le plateau avec toi et ramène le dans la cuisine.

Reprendre le plateau? Comment ça reprendre le plateau? Pas le plateau par pitié. Alors que la petite s'exécutait, emmenant cette douce odeur loin de moi, j'entendis la porte se refermer et quelqu'un se rapprocher de moi.

- Debout, me dit l'homme d'une voix dure.

Je retins ma respiration.

- Je sais que tu es réveillée, pas la peine de faire semblant, continua-t-il.

Je ne bougeai pas.

- Écoute, tu n'as rien à craindre ici, je ne te veux aucun mal Layla.

Mon sang se glaça quand j'entendis mon nom. D'où savait-il qui j'étais?

- Je veux seulement t'aider. À toi de coopérer.

M'aider? Lui, m'aider? J'ai essayé de lui briser le coude et lui voudrait "m'aider"? En plus, s'il savait pourquoi j'étais venue ici, il ne me proposerait clairement pas de "m'aider". J'étouffai un rire. De toute façon, je n'avais pas besoin d'aide.

- Bon ça suffit maintenant. Si tu ne te lèves pas, c'est ton problème. Je m'en fou. Si tu veux t'en aller, libre à toi de faire ce qui te chante. Si tu veux rester, tu es sous mon toit, donc tu suis mes règles, dit-il d'un air énervé.

Toujours rien.

- Je ne veux pas savoir pourquoi tu es là, ni pourquoi tu as fais ça. Je ne tiens pas non plus à devenir ton ami. Les gens d'en bas ne méritent que ce qu'il y a de pire, cracha-t-il. Si je fais ça, c'est simplement pour Talia. Et par rapport à elle, soyons clairs dès maintenant. Ne lui fais aucun mal sinon, crois moi, ton heure sonnera assez vite.

Je me redressai d'un bond et le regardai fixement. Il sembla satisfait de lui pendant un instant. Je ne savais pas pourquoi je m'étais relevée. Son ton de voix et ses propos ignobles m'avaient poussés à lui sauter au coup mais je ne fis rien. Je n'avais ni la force, ni le choix de le tuer maintenant. Après courte réflexion, j'avais besoin de son aide. Il m'offrait un toit et de la nourriture sans rien en échange. Du moins, pas encore. Si je voulais survivre, je devais coopérer, comme il l'avait si bien dis.

- Enfin. Bien dormi?dit-il avec un sourire en coin.

Je continuai à le fixer en gardant mon air impassible.

- Je vais prendre ça pour un oui, enchaina-t-il, d'un ton las.

Je le regardai de haut en bas. Il portait un jean avec un t-shirt blanc et une veste en cuir noire. Son bras n'était plus dans l'attelle. Ses cheveux dorés étaient mouillés et retombaient sur son visage. Ses yeux m'inspectaient eux aussi, détaillant chaque parcelle de mon corps. Lorsque son regard croisa le mien, un silence pesant s'installa dans la pièce. C'est comme si le temps venait de s'arrêter. Aucun de nous ne voulait baisser les yeux en premier, ce qui créa une tension presque palpable dans la chambre. Un frisson me parcouru l'échine tant son regard était insistant. On continuait de se fixer lorsqu'un bruit de ver cassé éclata derrière la porte. J'étais sur le point de me lever pour aller voir ce qui se passait mais Hayden m'hurla de ne pas bouger d'ici. Il sortit en trombe en me laissant seule dans la grande chambre.

- TALIA? TALIA EST-CE QUE ÇA VA?

Malgré son avertissement, je me dirigeai d'un pas silencieux vers la porte pour voir ce qu'il se passait. Je reconnu immédiatement la petite fille. Elle était à genoux par terre dans ce qui me sembla être la cuisine. Des débris d'assiettes jonchaient le sol, entourant son corps frêle, encore tout tremblotant. Ses cheveux blonds glissaient tout au long de son corps, cachant son visage noyé de larmes.

- Je... je voulais juste prendre les assiettes pour les ranger et... et j'ai glissé et tout est tombé et...

Elle se remit à pleurer de plus belle. Hayden la pris dans ses bras pour l'éloigner des morceaux de verre tranchants. Il la serra dans ses bras un instant, essuya les larmes de ses joues et lui déposa un baiser sur le front. Les yeux de la petite, encore humides, abordèrent un air qui me semblait si familier mais si étranger à la fois. Je regardai la scène en silence, essayant me souvenir de ce sentiment qui m'avait été injustement arraché. La fillette en moi était allée se réfugier au plus profond de mon être, depuis longtemps. De cette manière, elle ne se ferait plus blesser. Plus personne ne pouvait l'atteindre, ni même la voir. J'étais la seule à savoir qu'elle existait encore, bien que je l'avais oubliée. J'ai cru sentir, pendant ne serait-ce qu'une seconde, ce sentiment que je m'étais refusée d'avoir, cet état d'esprit qui nous animait, enfant. Cette seconde me coûta tout ce à quoi je me raccrochai depuis tant d'années.

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⏰ Dernière mise à jour : May 26, 2018 ⏰

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