Segment 4

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 L'aube commençait à poindre.

La tempête de neige était passée. Bientôt, les deux soleils d'Arya, Luz et Candl, surgiraient, et inonderaient de leur éclat la blancheur des montagnes.

Aros posa un genou au sol. « Je n'en peux plus Am, reposons-nous un peu... »

Ils avaient rejoint la crête du Christall. Le panorama qui s'offrait à eux était grandiose, mais leurs cœurs étaient incapables d'en goûter la majesté.

Amelle se figea, haletante, « Moi aussi, je suis épuisée, mais on ne peut pas s'arrêter ici. On peut nous voir à des hombles d'ici. C'est trop dangereux. »

Elle revint sur ses pas, et l'aida à se relever. « Viens ! » Ils firent quelques pas, quittèrent la crête, et commencèrent à descendre le long du flanc est du Christall.

À peine un sifflement dans l'air.

Le drax ne leur laissa aucune chance et plongea sur eux comme une pierre, les serres en avant. Aros hurla quand les griffes acérées lui labourèrent le dos. Écrasée sous le poids, Amelle fut projetée en avant, et roula dans les pierres et la neige. Elle se redressa d'un bond pour découvrir le drax s'acharnant sur Aros qui maintenait de toutes ses forces la gueule du monstre à quelques centimètres de son visage. Les crocs claquaient furieusement dans un vacarme sinistre ponctué de grognements rageurs. Aros hurlait de panique. Amelle saisit le sabre court qu'elle avait récupéré dans sa cellule, et bondit vers le drax en dégainant. L'animal ouvrit grand sa gueule d'où jaillit un flux de venin glauque au moment même où son cou était tranché par la courte lame d'acier. Aros hurla de douleur, mêlant son cri au gargouillis de la bête qui s'effondrait sur lui et dont la tête roulait sur le côté, sa gueule claquant encore dans des spasmes réflexes. Amelle se jeta sur Aros. Il gémissait, à moitié conscient, crachait, son visage recouvert de taches de venin fumant. Il y en avait dans sa bouche aussi. Surmontant son émotion, elle prononça un mantra, et fit couler de l'eau de ses mains sur le visage de son compagnon, puis l'essuya avec son manteau. Les yeux pleins de larmes, elle l'appelait sans cesse « Ar, Ar, reviens... Tu es là ? Tu m'entends ?

- Am... ça me brûle. »

Il toussa violemment, quelques gouttes du venin fumant jaillirent de sa gorge. Amelle le retourna et le fit vomir, longuement. Puis elle le fit boire, et vomir à nouveau. Son beau visage avait pâli, et porterait toujours la trace du venin. Elle le fit boire encore, et manger. Aros ouvrit un œil vitreux, sa voix fut un murmure « Il faut que tu m'emmènes chez Aknéog... il n'y a que lui qui puisse me soigner »

AmelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant