Si vite

8 2 0
                                    

Les derniers jours ont défilés très vite. D'abord, ils ont mis maman en garde à vue. Ensuite, ils m'ont fait passer des tests, et ils ont vu que j'avais des contusions, des fractures mal réparées, que je souffrais de malnutrition, et que j'avais de grosses lacunes dans toutes les matières. Maman me tabassai quand j'était petit. Le jour où je suis devenu plus grand que elle, elle à subitement arrêté. Pour l'école, je sèche beaucoup. J'ai une réputation pourrie, les autres passent leur temps à se moquer de moi. Si seulement ils savaient ce que c'était, de connaitre la faim, la  douleur, l'absence, et le froid. Le froid qui te tranche, qui te lamine toute la nuit. Les fois où j'ai failli avoir des engelures. Les fois où j'en ai eue. Les policiers me demandent ce que je sais de mon père.
"Absolument rien, je répond, même pas sûr que ma mère se soit rendue compte de ce qui se passait."
Les derniers mots me restent en travers de la gorge. C'est vrai que ma mère à arrêté de boire pendant sa grossesse. N'empêche que la haine commence à me submerger. La haine et la douleur. Je suis en colère, car elle m'a laissé tomber. Les quatre premières années se sont plutôt bien passées. Mais après, ses sentiments ont du s'estomper à cause de l'alcool. Je me sens aussi mal, de parler comme ça de ma mère. C'est peut être la vérité, mais c'est totalement mesquin.
Les flics ne cherchent pourtant pas à en savoir plus, et ils décident de me placer en famille d'accueil. Elle est dans la ville à coté. Ils s'appellent les Donovan. Je récupère mes quelques affaires, et je monte dans la voiture de l'assistante sociale. Je cache une clef au fond de ma poche, au cas où j'ai oublié quelque chose. L'assistante, Mary, met la radio. C'est Radio Capital, qui diffuse des musiques " à la mode ". Au bout d'un moment, elle baisse le son et commence à me parler. C'est fou ce qu'elle est gentille. Elle n'a aucun préjugés sur moi, contrairement aux autres filles que je connais. On se met à parler de tout et de rien, si bien que je ne vois pas l'heure et demie de trajet passer. Elle est forte, Mary, pour me faire oublier les choses. On arrive dans le quartier des Donovan, à Chilshurst, près de Londres. Puis on arrive devant chez eux. On se gare, et je descend, le coeur battant. Mais quelque chose me gène. Il fait très froid ici. Très froid.

The cold daysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant