Chapitre 4 - VICTORIA

10 1 0
                                    


Je voulais juste rentrer chez moi, c'était pas si compliqué. Mais non, il faut que je me coltine encore ces mecs. Tout ça parce que Victor n'est pas capable de gérer ses crises de colère. Pourquoi moi, je devrais payer pour ça? 

Je n'ai presque rien dit pendant le trajet en bus et je pense continuer au Yours&Co. J'ai rien en commun avec eux. D'accord, ils sont gentils, on rigole bien et tout mais maintenant qu'ils ne peuvent plus nous emmener à Londres, je ne vois pas vraiment l'intérêt de trainer avec eux. En plus, j'en ai vraiment marre de manger au Yours&Co, j'ai l'impression qu'Émy nous emmène là à chaque fois qu'elle veut manger quelque part. Dès que nous entrons, Karim nous interpelle:

-Hello les filles! Vous nous ramenez quoi aujourd'hui? Je ne les ai jamais vu eux!

-Ce sont des amis, on va leur faire découvrir ton fameux burger! Répond Émy toute pimpante comme si ce qu'il s'était passé dans le bus n'était jamais arrivé.

-Muy Bien! Allez à votre place, je vous apporte ça toute suite!

Karim est le gérant du snack, ça fait 3 ans qu'on vient ici toutes les semaines pratiquement alors évidement, il nous connait bien. Il a souvent tendance à mélanger toutes les langues en parlant: anglais, espagnol, allemand... J'ai l'impression qu'il apprend à dire « bonjour », « merci » et « très bien » dans une nouvelle langue chaque semaine. Une fois installés, Benjamin entame la conversation en m'interrogeant du regard:

-Alors c'est quoi ici?

S'il pense que je vais lui répondre, il peut aller se faire voir. Heureusement pour moi, Hash réplique:

-Émy ne jure que par cet endroit. C'est une sorte de snack mais tu peux manger italien, américain, espagnol... Bref, Karim essaie de mettre en avant la spécialité de chaque pays mais son meilleur plat reste le burger.

-C'est le graal je vous promet, plus la peine de chercher, ajoute Émy.

La table s'esclaffe devant l'absurdité d'Émy, c'est sûre que quand il s'agit de nourriture, elle reste l'experte. Néanmoins, le bruit me fatigue puis je dois avoir une tête de mort vivant.

-Je file aux toilettes, je reviens.

Je me lève et quitte la table en me dirigeant vers les toilettes. Sur le chemin, je croise Karim qui remarque ma salle mine:

-Victoriaaaa, ¿qué pasa?

-Rien de très important Karim, ne t'en fais pas, la fatigue, les cours, t'as connu ça je suppose.

-My little girl is tired! Je ne veux pas que tu reviennes ici sans un sourire sur ton jolie petit minois, tu es Victoria, n'est-ce pas?

J'esquisse un sourire, j'avais oublié que Karim était le meilleur pour me remonter le moral. Quand je voulais abandonner les cours en seconde, c'est lui qui m'a convaincu de continuer, il répétait sans cesse : « tu es Victoria » et encore aujourd'hui, cette phrase réussi à me redonner le sourire.

-Oui, je ne devrais jamais l'oublier, rétorqué-je.

-J'aime mieux ça! Déclare-t-il en s'en allant vers les cuisines. Une fois aux toilettes, je me refais une beauté puis me lave les mains. Karim m'a totalement remise d'aplomb, je participerai peut-être à la conversation une fois revenu à table.

En me savonnant les mains, j'entends quelqu'un rentrer, sûrement une cliente. Mais alors que je me rince une dernière fois, j'entends au creux de mon oreille droite une voix désormais familière:

-Il y a comme une tension tu ne crois pas?

Benjamin dépose alors les mains sur mes hanches, nos corps sont presque collés et je peux sentir son souffle derrière mon oreille. Je lève la tête et l'aperçois. Je note qu'il a dû se baisser pour me parler dans l'oreille car il n'est pas loin de faire une tête de plus que moi. On se regarde alors à travers le miroir. Je ne sais pas comment il fait mais je suis incapable de sortir un seul mot, je parviens juste à plonger dans ses yeux presque noirs sous la lumière. Lui non plus ne dis plus rien, on se fixe silencieusement.

Finalement, je parviens à sortir quelques mots:

-Comment ça, une tension?

Sans décrocher mon regard, il me répond doucement de sa voix grave :

-Ne fait pas semblant Victoria, tu sais aussi bien que moi que je t'attire n'est-ce pas?

Étrangement, il insiste lourdement sur le mot « attire ». J'arrive pas à croire qu'il ose venir me dire ça en pleine face. D'où est-ce qu'il sort son histoire d'ailleurs? Échanger trois regards ne veut pas forcément signifier que je suis attirée par lui bien que, grâce à la position dans laquelle on se tient, je peux sentir chaque parcelle de son corps qui est bien plus imposant que ce que je pensais. 

Quoi qu'il en soit, je me retourne et lève la tête pour continuer d'admirer ses yeux. Enfin, de le regarder. On est maintenant face à face et c'est encore plus gênant qu'avant, surtout qu'il doit sentir l'accélération des battements de mon cœur qui n'ont pas lieu d'être. Du coup je m'écarte brusquement.

-Moi être attirer par toi? Non mais tu rêves? Je te signale quand même que j'ai un copain qui me suffit amplement de ce côté-là si tu vois ce que je veux dire. Donc si tu permets, je retourne avec les autres.

Il sourit. J'hallucine. Je viens de le rembarrer de tous les côtés et il sourit fièrement. Qu'est ce qu'il peut m'énerver!

-Tu pourras dire tout ce que tu veux Vic' mais si Niels te « satisfaisait » comme tu dis, tu ne serais pas restée deux minutes entre mes mains, sans parler.

Puis la porte se ferme derrière moi. Non mais quel culot il a celui-là! Je ne suis pas restée deux minutes sans bouger quand même, il exagère, je m'en serais rendu compte quand même. Et il ne connait rien de ma vie avec Niels, ce que nous faisons ou pas ne le regarde en aucun cas. 

Je m'assois silencieusement avec les autres qui ne remarque même pas que je suis revenue. Quelques minutes plus tard, Benjamin refait également surface et ne daigne même pas me jeter un regard. Plus le temps passe, plus je le déteste je crois.

Finalement, Karim arrive avec nos burgers et je dois avouer que même si on mange ici trop souvent, rien ne me fait plus plaisir que ce burger à l'instant.

Une fois nos plats finis, Hashley lève son verre de Coca et déclare:

-Vous savez quoi les mecs? On trouvera un moyen de partir à Londres même sans la voiture et on vous emmène quoi qu'il arrive!

Les garçons rirent doucement devant la spontanéité d'Hahsley puis William demande :

-Mais vous comptiez partir avec le Monospace de Ryan?

Émy, Hash et moi échangeons un regard. Évidement qu'on voulait partir avec le Monospace, d'où l'intérêt d'avoir des chauffeurs. Je répondis alors:

-Ben oui, enfin, je vois pas avec quoi vous vouliez partir?

Ils sourirent alors tous les trois devant nos regards incrédules.

-Quand vous nous avez parlés de Londres, on ne pensait pas que vous vouliez y aller avec le Monospace de Ryan, mais avec le van de Benjamin ce qui fait que rien n'a été annulé et que si la date vous convient, le départ est prévu dans une semaine.

Depuis quand il a été question d'un van? Les filles commencent à hurler de joie, et j'avoue que je finis par les imiter. Un van sérieux! C'est beaucoup plus que ce qu'on espérait. Le sourire au lèvre, je jette un coup d'œil à Benjamin qui sourit lui aussi. Puis furtivement, il me lance un clin d'œil qui me rappelle un peu trop ce qui s'est passé tout à l'heure.

One StepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant