Chapitre 1

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Je sens sur ma peau taper le soleil de plomb. Un bel après-midi s'annonce. Je lis tranquillement sur la table de la terrasse mon livre Le voyage d'Angèle Swite. Un bourdon passe près de moi. J'aime ces moments-là, tranquilles, reposants. Mais demain je dois retourner en cours. La fin des vacances. Le début de la torture. Heureusement mon meilleur ami, Franklin, me rendra cette corvée plus agréable. Je continue mon pavé, toujours cette pensée en tête. Finalement j'ai achevé le livre plus vite que prévu, il ne m'a fallu seulement quelques heures. Ma mère m'appele depuis la cuisine. Je dois aider à préparer le dîner.

-Ton frère a réclamé un poulet au curry pour ce soir. Tu peux éplucher les patates et les couper. Elles iront très bien avec.
-Pas de problème, mamu.

Je me saisis des féculents et entame leur peau délicatement. Après avoir fini de les éplucher, je rince mon couteau et coupe en cube les pommes de terre. Ma mère a fini de tartiner le poulet de curry. Une délicieuse odeur s'en échappe. Mes patates fillent au four avec la viande. Je monte dans ma chambre et entrouve la porte de mon frère.

-On a fini de préparer.
-Super ! Tu veux rester jouer ?

Sa console est allumée. Je vois sur l'écran une voiture à l'arrêt. Road Give ? Je préfère les jeux de guerre.

-Non, merci petit frère.

Je lui fais un petit clin d'œil et entre dans mon domaine, mon petit chez-moi. L'atmosphère apaisante de ma chambre me détend malgré mes inquiétudes. Je scrute d'un œil massade mon sac de cours qui attends d'être rempli. Je m'approche et fours à l'intérieur toutes les affaires déjà prêtes sur mon bureau : agenda, tousses, cahier de brouillon et feuilles simples. Je vais chercher dans le bureau de mes parents une pochette pour les documents qu'ils vont nous distribuer. La pochette dans mon sac, je le referme et le balance dans le couloir. J'aperçois le sac de mon frère. Je saute sur mon lit deux places et allume ma radio. La musique retentit dans la pièce. Je baisse le volume. Cette année sera spéciale pour moi et ma génération. On passe les tests. Avec ça ils détermineront notre destin. Notre métier, notre conjoint, notre futur. C'est aussi l'occasion pour le gouvernement de faire un recensement. Après cette année on sera majeur pour la société. Enfin c'est comme cela que ça marche dans notre ville. Les populations du monde entier se sont regroupés dans les grandes villes de chaque continent après la Guerre Nucléaire. Ainsi il n'existe plus que 11 villes dans le monde. Toutes renommées, ces villes ne sont plus beaucoup en contact. Les habitants de chaque ville ne se croisent jamais sauf rares exceptions. Seuls le président et ces deux ambassadeurs ont un visa.

-Warren, Ullt descendez manger.
-Okay !

Je me relève paresseusement. Une odeur de viande plane dans la maison. Ullt dévale l'escalier. Je suis affamé. Je descends doucement les marches. La lumière de la cuisine est allumée. Mamu sors le plat du four et Ullt place les assiettes en face des verres. J'ouvre le tiroir des serviettes, les pose sur la table et sors une bouteille d'eau minérale. Je m'asseois sur les tabourets moelleux à côté de Ullt. Notre maman nous sers notre part. J'enfonce ma fourchette dans le poulet, un peu de jus sort du blanc. J'accompagne ma bouchée d'une patate avec une sauce curry. Le repas finit je me propose pour la vaisselle. Je dépose alors mon assiette vide sur le côté de l'évier et enclenche le jet d'eau bouillante. L'eau mousse avec le produit vaisselle et je frotte l'assiette du côté rugueux. Ma tâche finit, je remonte.

-Warren !
-Oui ?
-Viens s'il te plaît.
-Euh d'accord.

Je redescend les marches que j'avais montées. Ma mère est dans le salon. Installée sur le sofa, elle semble fatiguée. Je m'approche et elle me fait signe de m'asseoir près d'elle. Une discussion importante s'annonce.
-Mon chéri, demain est une journée importante pour toi.
-Je sais, mamu.
-Ton père, tu sais qu'il ne pourra pas être là.
-Je sais mais il n'a jamais été là de toute manière.
-Ne lui en veux pas. Tu sais que son destin était de partir.
-Le destin.
-Demain c'est ton tour et même si tu ne comprends pas pourquoi on te destine à cela, un jour ça prendra un sens.
-Maman. Ton destin était-il celui que tu souhaitais ?
-Oui
-Alors je ne sais pas si tu peux comprendre.

Je me lève brusquement. Elle me regarde partir sans dire mot. Je gravis l'escalier et entre dans ma chambre. Je me jete sur mon lit. Et m'enveloppe dans la couverture. Je somnole déjà. Je l'allonge dans une position plus agréable et m'endors définitivement.

Destinée (En Pause)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant