Destinée (En Pause)

Chapitre 8

J'aperçois le panneau annonçant mon quartier grâce aux feux de la voiture. Je freine et me gare dans l'allée en marche avant. Je préfère me garer ainsi pour repartir plus rapidement. Ce soir pour ne pas faire de bruit en ouvrant la porte de notre garage je la laisse dehors. Je fais légèrement tinter les clés en ouvrant la porte d'entrée. La maison est plongée dans le noir. Ullt doit dormir. J'allume la lumière de l'escalier et le gravis. La porte de la chambre de mon frère est encore ouverte mais il dort profondément. Je l'embrasse tendrement et pousse sa porte. Je pénètre dans mon antre et referme derrière moi. Après m'être déshabillé et saisis d'un simple sous-vêtement, je m'assis devant mon bureau. Pendant quelques heures j'ai étudié les papiers concernant ma mère et notre tutelle. J'ai rendez-vous dans quelques jours pour régler ce problème. La fatigue alourdissant mes paupières je décide de m'allonger. Le sommeil ne tarde pas et je sombre dans les bras de Morphée. Mes rêves furent pénibles, peuplés de souvenirs douloureux.
Le soleil perse mes paupières. J'ai oublié de descendre mon velux hier soir. Je me redresse et regarde mon réveil : 9:37. Je me lève et change de boxer. J'enfile un tee-shirt jaune et pars me brosser les dents. Ullt dort encore. Il a dû m'attendre longtemps. Je soupire. J'aurais mieux fait de l'appeler. Je n'ai même pas mangé mon dîner hier. Je descends tranquillement les escaliers et me dirige vers la cuisine. Je m'affaissent au fourneau. Les oeufs sur le plat sont prêts et les toasts beurrés. J'ai sorti les confitures et la pâte à tartiner. Mes pensées vagabondent vers ma mère. La tristesse et la colère titillent mon cœur. Elle avait promis d'arrêter ! On avait passé un compromis en attendant qu'elle y mette fin. Elle ne devait sous aucun cas revenir à la maison dans un tel état. Maintenant Ullt n'a plus le droit de la voir, nous sommes séparés d'elle pour toujours. Elle a détruit ce qui restait de notre famille. Et notre père qui ne revient pas. Il ne revient jamais. Je ne suis même pas sûr qu'il accepte de nous prendre sous tutelle. Je fulmine et frappe bouillant de rage la plaque de cuisson qui avait commencé à refroidir. J'entends un hoquet dans mon dos. Je me retourne les larmes aux yeux et avance vers mon frère. Ullt a un mouvement de recul. Je lui souris, ouvre les bras après mettre essuyé les joues. Il prend la parole tremblant.
- Toi. *Pause* Toi aussi tu vas... me...me frapper ?
Il commence à sangloter et je fonds moi aussi en larmes.
- Comme maman ?
Je m'approche de lui et le prends dans mes bras.
- Non. Jamais. Jamais je ne te frapperai Ullt. Je t'aime et je ne te ferais jamais de mal. C'est juste que là je... j'étais très en colère.
Je caresse doucement ses cheveux et il se détend peu à peu.
- J'ai préparé le petit-déjeuner ! Tu veux deux oeufs ou un seul ?
Je tente de détourner la conversation.
- Deux !
L'enthousiasme de Ullt refait surface. Rassuré je lui donne une assiette avec le nombre d'oeufs qu'il a demandé. Nous mangeons en silence. Quand soudain Ullt commence à me poser des questions sur les séances de psy.
- Je vais voir quelqu'un pour ce qui s'est passé avec maman ?
Je chuchote presque ma réponse.
- Oui...
- Il est gentil ?
- Je suppose. Je ne le connais pas.
- Je veux que tu restes avec moi. J'ai pas confiance envers les gens que tu ne connais pas.
Il chouine. J'ai peur qu'il pleure encore.
- Oui ! Oui je serais avec toi. Bien sûr.
Je suis déjà fatigué de cette journée alors qu'elle vient juste de commencer.
Tout se passe normalement jusqu'à l'heure de rendez-vous. Ullt devient agité et j'ai du mal à le décider à me suivre. Je démarre notre voiture rouge. Le bruit du moteur et les légères vibrations du véhicule me détendent un peu. Je passe la première vitesse et appuie sur l'accélérateur. Il est temps d'y aller. Nous avons déjà un peu de retard par rapport à mes plans.