Inspirations d'Outrepensée

Une nuit pour écrire

C'est une nuit pour écrire.

Ma fenêtre est ouverte, et le temps présage une nuit chaude. Ma fenêtre est ouverte, mais mes lumières sont éteintes, à part celle de mon objet, pour éviter que les moustiques viennent. C'est aussi pour ça que ma chambre sent la citronnelle. Je suis à mon bureau, en petite culotte.

C'est une nuit pour écrire.

J'écoute les bruits livrés par la chape de silence que la nuit a amenée avec elle. Il y a l'odeur de la nuit. Au loin, les bruits de la ville, les voitures passent. Un souffle d'air me caresse, fait se hérisser les poils de mes bras. L'heure tourne.

C'est une nuit pour écrire.

Les étoiles se sont depuis des générations effacées pour laisser place à la folie lumineuse de l'Homme, mais elles sont encore là. Il faut regarder pour voir. Je les observe. Un oiseau déréglé chantonne, étonné que ses congénères ne lui répondent pas.

C'est une nuit pour écrire.

Autour de moi, mes objets mentent. Ils profitent de la nuit. Mais il ne faut pas en avoir peur. Il faut les apprivoiser. Apprivoiser ses objets, c'est grandir. Les adultes peuvent apprivoiser tous les objets menteurs. Ou du moins le font-ils croire.

C'est une nuit pour écrire.

Cliquetis du clavier sur lequel j'appuie. Mes paupières se ferment, hypnotisées par la berceuse que je tisse moi-même. Mes cheveux caressent mon dos. Mon corps entier me pousse à me glisser dans mon lit pour céder la place au rêve. Douceur de la brise de ce printemps trop attendu. Mais je ne veux pas dormir, pas encore. J'attends la réponse à une hypothèse, qui arrivera peut-être, portée par des flux invisibles parcourant le monde.

C'est une nuit pour écrire.

Je me sens une âme de poète. Je suis perdue au fond de mon monde, et laisse couler des mots limpides venus noircir une feuille inexistante. Mes yeux jouent sous mes paupières. La réponse viendra, mais pas ce soir. La nuit s'empare de mon être.

C'est une nuit pour écrire.

Pour cette nuit, je fais partie des rêveurs qui illuminent le passage d'un duo solitaire. sous ma tête, mon objet ronronne et dégage sa chaleur. Doucement, il m'aide à entrer dans un monde de possibles, le Monde des Rêveurs.

Ce fut une nuit pour écrire...