T W E L V E (1)

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FIRST PART


— Il oblige Derek à mouiller le maillot, commenta Parker en épongeant le voile de sueur qui emperlait son crâne rasé.

Je me retournai pour regarder mon père affronter Derek, l'un des moniteurs de krav maga qui faisait deux fois sa taille, mon père étant déjà lui-même plutôt grand. Répartis sur son mètre quatre-vingts, les cent kilos de muscles de Victor Reyes faisaient de lui un formidable adversaire. Quand je lui avais parlé de mon intérêt pour le krav maga, il m'avait dit avoir l'intention de s'y mettre aussi, et il avait visiblement tenu parole car il maîtrisait les mouvements de base.

— Je te remercie de l'avoir autorisé à participer au cours.

Parker posa sur moi ce regard sombre, dont la sérénité ne laissait pas de me surprendre. Il ne s'était pas contenté de m'apprendre à me défendre. Il m'avait aussi enseigné l'art de se concentrer sur chaque phase du combat de façon à neutraliser la peur.

— Normalement, j'aurais tendance à dire qu'un cours n'est pas le lieu indiqué pour se décharger de sa colère, mais Derek avait besoin d'un défi de ce genre.

Parker ne m'avait rien demandé, cependant je sentais planer entre nous la question qu'il avait eu la courtoisie de ne pas formuler. Il m'avait fait une faveur en autorisant mon père à monopoliser son moniteur, aussi décidai-je d'y répondre.

— Il vient d'apprendre que quelqu'un m'a fait du mal, il y a très longtemps. Il est trop tard pour qu'il puisse y faire quoi que ce soit et ça le fait enrager.

Parker se pencha pour attraper la bouteille d'eau posée près du tatami.

— J'ai une fille, dit-il simplement. J'imagine ce qu'il ressent.

Quand il me regarda avant de porter la bouteille à ses lèvres, je lus dans ses yeux qu'il comprenait, et je ne pus m'empêcher de me dire que j'avais amené mon père au bon endroit.

En plus d'être accommodant et d'avoir un sourire magnifique, Parker était l'une des personnes les plus authentiques que j'aie jamais rencontrées. On sentait toutefois qu'on n'avait pas intérêt à lui marcher sur les pieds. Son habitude de la rue et de ses dangers était aussi évident que ses tatouages tribaux.

— Du coup, conclut Parker, tu l'as amené ici pour qu'il se défoule et qu'il constate que tu sais te défendre dans la foulée. Bien vu.

— Je ne savais pas trop quoi faire d'autre, confessai-je.

La salle de Parker était située dans un quartier de Brooklyn en pleine rénovation. Aménagée dans un ancien entrepôt, elle avait un cachet industriel indéniablement branché avec sa façade de brique nue et ses immenses portes montées sur rails. Je m'y étais immédiatement senti à l'aise.

— J'ai une idée, dit-il en désignant le tatami du menton. Qu'est-ce que tu dirais de lui faire une petite démo ?

— Allons-y, acquiesçai-je en hochant la tête.

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Crossfire III (Version Larry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant