Bien qu'il fasse nuit et que la luminosité ambiante soit plutôt faible, le retour à l'obscurité presque absolue m'oppressa, me donnant la désagréable sensation d'être prise au piège. La noirceur de l'endroit me saisit, me faisant m'arrêter net. Le fait d'avoir pu profiter de la douce brise nocturne ainsi que du doux éclat de la lune, me donnait une conscience accrue de l'intensité de la pénombre ainsi que de l'odeur putride de cet endroit.
Au bout d'un mètre ou deux, je fus contrainte d'allumer ma torche, ni voyant pas à deux pas. Je dirigeais le faisceau partout d'une main tremblante, cherchant d'éventuels rodeurs poilus, mais ne faisant, au final, fuir que des araignées et d'autres insectes amateurs d'obscurité. Lada et Isy me suivaient, prêtes à dégainer leurs pouvoir si la situation l'imposait, mais me laissant passer en éclaireuse comme je le leur avais demandé.
Le trajet nous menant jusqu'au passage par où nous avions fuis, ma paru bien plus court qu'à l'aller. Certainement parce que je n'avais aucune envie de remettre les pieds dans ce piège à rat, me dis-je...manquant éclater de rire à mon mauvais jeu de mot involontaire et réussissant malgré tout à me retenir de justesse. Décidemment le stress et la fatigue ne me réussissait pas du tout, en conclus-je tandis que je m'arrêtai devant l'ouverture exiguë, m'apprêtant à y pénétrer de nouveau. Lorsque j'entendis des voix étouffées traverser la roche éboulée.
— Vite...tourne à gauche...à gauche...là ! Disait une voix fébrile à la limite de la panique.
— Mais on tourne en rond...lui répondit une autre personne d'une voix faible et découragée.
Une fois la surprise passé, je sentis un soulagement intense m'envahir...ils étaient toujours vivant ! C'était un vrai miracle et c'est à cet instant que je me rendis compte, qu'en fait...je n'y croyais plus...jusqu'à cette seconde, je n'y croyais plus.
— Par ici...Venez par ici ! Les interpelais-je d'une voix fébrile, pour les guider jusqu'à nous.
— Mais qu'est-ce qui te prends de crier comme ça, arrêtes ! Tu vas les attirer ici, s'exclama Lada en me faisant signe de me taire par de grands gestes frénétiques.
— Ils sont vivants, leur dis-je sans prendre la peine de baisser la voix.
— C'est vrai ! Tu en es sûre ?! Me demanda Isy qui se mit à courir pour me rejoindre, un sourire éclairant son visage pour la première fois depuis longtemps.
— Oui, je les ai entendus...Par ici ! Criais-je à nouveau en me retournant.
— Bordel mais vous êtes où ?! Entendis-je quelqu'un m'appeler.
Sa voix était tellement déformé par l'éboulis et l'écho régnant à l'intérieur que je n'arrivais pas à savoir qui c'était, ni même à déterminer si il était près, ou éloigné. Ils avaient l'air d'être complètement perdu dans ce nouveau labyrinthe infesté de monstre. Comment avions nous fait pour parvenir jusque-là? Cela ne m'avait pas semblé si compliqué la première fois pourtant...excepté les rats mutants bien sûr !
— Pourquoi ne trouvent-ils pas la sortie ? Elle n'est pas si difficile que ça à trouver...il suffit de suivre le tunnel le plus large, nous fit remarquer Lada d'une voix surprise, verbalisant ce que je venais de penser tout bas.
— Pas s'ils n'ont plus de lumière...Lâcha Isy d'une voix blanche et atterrée qui traduisait très bien l'horreur qu'une telle hypothèse nous inspirait.
Aucune de nous trois ne fit le moindre commentaire et nous nous précipitâmes dans un bel ensemble, vers l'étroit passage empierré. Une fois de l'autre côté, l'humidité et la puanteur nous prirent à la gorge, nous faisant presque suffoquer. Dans cet environnement clos et saturé d'humidité, les corps des dizaines de rongeurs morts avaient déjà commencé à se décomposer, saturant l'atmosphère de miasmes irrespirables.

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Isolated System - Tome 1
Science Fiction*Vainqueur du concours Award Rentrée 2016 dans la catégorie science-fiction* Hayden fait partie des survivants. Descendante des quelques centaines de chanceux, rescapés du grand cataclysme ayant ravagé la terre, une centaine d'années auparavant...