Tu es le feu, la flamme, la lumière.

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« - Cela fait maintenant quatre ans que tu es parti en voyage. Quatre interminables années d'absence. Je t'attends toujours, je le ferais certainement éternellement, car la simple idée d'accepter que tu aies disparu de ce monde me donne l'impression d'être broyée de tristesse, de déception, de désespoir. Et peut-être même de colère ; oui, je te hais d'avoir quitté le pays comme un voleur, d'avoir gardé le silence pendant ces jours sans fins, de n'avoir donné signe de vie durant toutes ses années. »

Debout en face de ta tombe couverte de belles décorations, seule dans le noir hivernal et la respiration coupée par de durs sanglots, j'articulais difficilement ces mots, pour soulager la peine me submergeant un peu plus de jour en jour.

« - Je ne sais pourquoi tu es parti, un soir, sans rien dire à personne, en me laissant juste une fichue lettre avec écrit : « Je reviens vite. N'oublie pas que je t'aime, Lucy. ». Ces quelques mots, ces quelques lettres ont suffi à me détruite, à m'anéantir, littéralement.
J'ai crié, pleuré, hurlé, frappé et, plus que tout, j'ai prié. J'ai prié le Seigneur pour qu'il ne t'arrive rien, où que tu sois, quoi que tu fasses.
Nous avons fermé la guilde pendant plusieurs semaines, plus personne ne riait, ni même ne souriait comme au bon vieux temps, plus personne ne parlait du grand Natsu Dragneel, celui qui avait sauvé le royaume de Fiore, celui qui avait remporté les Grands Jeux Intermagiques, celui qui détruisait tout sur son passage, celui qui pouffait aux éclats, celui qui avait reconstitué la guilde de Fairy Tail, et par-dessus tout, celui que l'on portait tous dans nos cœurs, moi en particulier. Plus un mot à ton sujet, comme si évoquer ton nom était péché ; comme si tout le monde t'avais oublié ; comme si tu n'avais jamais existé.
Neuf mois après avoir lu tes quelques mots, j'ai accouché de ce trésor, de ma sauveuse : Nashi Dragneel. Ses cheveux roses et ses yeux verts persants me rappelaient ton visage et, maintenant, quand je la regarde, je te vois, toi et ton sourire, toi et ta joie de vivre, je te vois toi.
Juste toi. Parce qu'il n'y a toujours eu que toi.
Elle est la dernière partie de ton incroyable personne encore vivante dans ce monde.
C'est un petit bout de ton âme qui est restée près de moi, afin de me rassurer, de me protéger. Si tu voyais à quel point elle grandit, à quel point elle est belle, à quel point elle est joyeuse même si elle ne t'a jamais connue, si tu voyais à quel point elle te ressemble. Elle est comme toi, drôle, mignonne, enthousiaste, bagarreuse et optimiste. Je vois en elle une grande partie de son défunt père.
Je vois en elle une infiniment grande partie de toi, Natsu. »

Mon cœur s'est serré à l'idée de continuer mon monologue, si bien que mon souffle en fût coupé de longues secondes. Bon Dieu, pourquoi est-ce que je te parle maintenant ? Il n'y avait vraiment qu'une imbécile comme moi pour foncer dans un cimetière au milieu de la nuit, nu-pieds et à peine couverte, afin d'épiloguer devant la tombe de l'Amour de sa vie.
Sincèrement, je faisais peur à voir ; mon comportement était digne d'un personnage de film romantique idiot dont tu te moquais si souvent. Mais, à cet instant, c'était le dernier de mes soucis : j'étais bien trop occupé à pleurer et déblatérer mon discours romanesque.
Dans un geste nerveux, j'ai essuyé mes larmes en étouffant un petit rire moqueur à l'égard de mon attitude si niaise.

« - Nashi me demande souvent pourquoi je pleure en la regardant, je lui réponds que ce n'est rien, mais la vérité je ne lui dirais jamais : elle te ressemble bien trop pour que je puisse l'observer sans fondre en larmes.
Ce petit bout de chou me demande souvent quand vas-tu revenir, quand va-t-elle enfin rencontrer son père - parce que tout naturellement je ne lui ai jamais dit qu'elle ne te verrait pas - je lui réponds à chaque fois que c'est bientôt, et quelques fois, j'ai moi-même l'impression que c'est vrai. J'ai l'impression qu'un beau jour, tu rentras à la maison pour nous serrer dans tes bras, pour nous chérir, le cœur empli d'amour et les yeux brillants de lames. Tu nous aimeras de toute ton âme, comme j'aimerais que tu le fasses maintenant. Tu nous aimeras comme tu ne l'as jamais fait.
Tu l'as laissée, elle, grandir sans l'aide précieuse et indispensable d'un père responsable. Elle, ma fille, ou plutôt, notre fille, que tu n'as jamais vu. Tu ignores son existence comme elle ignore la tienne et tu ne sauras jamais que tu as eu un enfant. Un enfant né de notre amour, un enfant né de notre histoire. Un enfant magnifique, auquel je me donne corps et âme, pour lui offrir une vie rêvée. J'aimerai dire que j'ai rempli mon rôle et ton rôle à la fois, que j'ai porté ce fardeau sans difficulté, mais ce serait mentir. Nashi avait besoin de toi, avait besoin d'un père dans sa vie d'enfant.
Même avec tout l'amour du monde, et toute la persévérance dont je puisse faire preuve, je ne pourrais jamais te remplacer.
Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai été touchée par ton départ, ni jusqu'où j'étais prête à aller quand on m'a annoncé ton décès, trois ans plus tard. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, rien ni personne ne pouvais l'empêcher. Je t'ai d'abord maudit pour m'avoir délaissée après m'avoir mise enceinte, je t'ai ensuite cherché pendant six mois à travers tout le continent sans te trouver nul part, puis, je me suis ensuite rendue à l'évidence. Tu étais bel et bien mort.
Tu n'y étais pour rien, je n'y étais pour rien.
Ce n'était la faute de personne, personne qui ne soit de notre rang, du moins.
Ce jour-là, ces vingt-quatre heures les plus morbides de mon vie, restera en toutes les mémoires. Il y a eu des pleurs, des longs discours, des silences et des regrets.
Mais malgré ça, malgré que tu m'aies abandonnée de la pire des façon, je ne peux pas t'en vouloir. Parce que, en dépit du mal que tu as causé, en dépit du fait que mon monde s'est écroulé, je t'aime. Dieu, Dieu que je t'aime. »

adieu, mon amour. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant