Chapitre 2

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La pluie qui n'en finissait pas de tomber, les gouttes qui perlaient sur leurs peaux, dans leurs cheveux, l'odeur âcre des braseros sous les auvents et les sons entêtants des voix et des instruments qui se rejoignaient, se défaisaient pour ensuite se mêler à nouveau.
Cette soirée était si claire dans son esprit. Bien sûre qu'elle s'en souvenait, comment aurait-elle pu oublier ?
Le lendemain devait être le jour de la rentré, leur rentré au lycée. Ils avaient pratiquement passé tout l'été à ruminer, à craindre ce moment et il pleuvait.
Pour elle cette eau fourbe et malveillante qui s'abattait avec force, occultant la vision et empêchant toute activité, n'était rien d'autre que l'annonce d'une année sombre, triste et épuisante.
Une année à chercher par tout les moyens à s'intégrer. Une année à voir leur duo, Ky-Chloé, se déchirer peu à peu jusqu'à ce résumé à un vieil album poussiéreux relégué au fond d'un placard, lui-même finalement entreposé dans la pénombre d'un garage sale car considéré comme trop vieux.
Rien que d'y penser elle en avait eu les larmes aux yeux.
Mais apparemment elle était la seule à avoir ça en tête car ce jour là il était venue la chercher.
Elle aurait du s'en douter, pendant toute les années qu'ils avaient passé ensemble, et ça faisait un bon paquet, il n'avais jamais su voir autre chose que le positif. Le repas a cramé ? C'est pas grave, il a été préparé avec amour ! Il a été réveillé au beau milieu de la nuit ? C'est pas grave, il y a tellement de moment ou l'on peut dormir !
À l'âge où tout les garçons se désintéressaient des choses simples il n'y prêtais que plus attention et ce jour là il lui avait suffit d'un mot prononcé au telephone pour se rendre compte a quelle point elle se sentait mal.
Alors ni une ni deux, il avait surgit sur le pas de sa porte trempé jusqu'au os mais le sourire aux lèvres et, avant même qu'elle ai pu articuler un mot, l'avait entrainé à sa suite.
Tout d'abord elle avait résisté. Elle avait agit en parfaite peste en se plaignant de ses cheveux qui allaient boucler, bien qu'elle ne les lissaient pas encore à cette époque, de ses vêtements qui allaient être trempés et de ses baskets en toile qui serait surement foutues. Mais toute ses jérémiades n'avait fait que redoubler son rire, alors elle c'était dit "oh et puis merde" et elle avait ris avec lui.
Ils avaient couru à toute jambes dans les rue de St Tropez jusqu'à atteindre le port. La mer était secoués d'immenses vagues comme ils n'en avaient jamais vue dans la baie. Alors ils restèrent la de longues minutes à les contempler, complètement fascinés.
Elle s'était fait la réflexion que contre elles aucun humain sur Terre ne ferai le poid. Chacune d'elles pourraient les engloutir en quelques secondes a peine pour finalement recracher leurs corps sans vie plusieurs heures plus tard.

"Il y a des choses comme ça contre lesquels on n'a aucune chance."

Cette phrase avait fait fleurir un petit sourire en coin sur le visage de Ky.
Son petit sourire si spécial qui semblait dire : "Je sais des choses que personnes ne sait, des choses si mystérieuses que tu n'arriverais même pas à comprendre."
Ça avait le don d'agacer les gens mais elle elle l'avait toujours adoré. Elle trouvait qu'il lui donnait un air mutin et mystérieux à l'image de tout ces secrets dont il était le gardien.

"Ce n'est pas une question de chance. Ce n'est jamais une question de chance Chloé."

C'était ce qu'il lui avait répondu. Pas un mot de plus et elle n'avait pas insisté parce qu'elle savait qu'il n'ajouterait rien d'autre.
Elle avait pensé qu'après sa ils reprendraient leur chemin mais il n'avait pas bougé. Alors elle c'était assise sur le bord du ponton, les jambes dans le vide et elle l'avait attendu.
Maintenant elle se faisait la réflexion qu'elle l'avait attendu toute sa vie. Elle avait toujours été la fille qui passait chaque moment en accéléré tendis que lui préférait les savourer. Au final peut-être que c'était lui qui avait attendu qu'elle remarque la beauté des choses et qu'elle n'avait jamais réussi à le rattraper. Peu à peu elle s'était essoufflé, ses foulés s'étaient raccourcis et elle avait ralenti jusqu'à s'arrêter complètement. Et elle était devenu la fille qui n'avance plus, tout simplement.
Ce jour là elle avait longuement médité ses paroles jusqu'à ce qu'il l'entraine de nouveau avec lui. Il avait prétexté la pluie pour la guider jusqu'a une rangé de braseros rougeoyants sur lesquels rôtissaient d'énormes et juteux morceaux de viande. C'est la qu'elle avait découvert cette espèce de marché couvert dépourvu de nom.
Dispersé un peu partout de petits feux réchauffaient l'endroit et les voix qui fusaient, la musique joyeuse produite par un petit groupe au centre ainsi que les danseurs qui l'accompagnaient l'avait séduite immédiatement.
En voyant ces yeux s'arrondirent ils lui avais murmuré : "surprise".
Sa voix un peu rauque l'avait faite frissonné. Un doux frissons.
Puis, cette fois, c'était elle qui lui avait souri, un bon gros sourire tout joyeux, le premier depuis plusieurs semaines.
Et ça l'avait fait rire, bon Dieu qu'elle adorait son rire.
Elle caressa son visage sur la photo, tout doucement, un sourire, triste cette fois, aux lèvres.
Ils avaient mangé puis, prise de folie, elle l'avait entrainé dans une danse endiablée.
La photo avait été prise pile au bon moment, quand ils souriaient de toutes leurs dents, sa robe volant autour d'elle semblable à des pétales de roses, sa main à lui effleurant le creux de ses reins en une douce caresse.
Il ne lui avait jamais parlé de cette photo. Pourquoi ne la lui avait-il jamais montré ? Qui l'avait prise ?Peut-être qu'il avait demandé à une des personnes présente de la prendre, ils semblaient tous les connaitre et ils paraissaient si gentils.
À la fin de la soirée il l'avaient raccompagné chez elle et durant tout le trajet elle avait ri a gorge déployée, virevolté sur les pavés mouillés, elle avait même chantonné quelques chansons, de celles que l'on chante enfant et qu'elle croyait pourtant ne plus se souvenir. On aurait pu la croire ivre, ivre de joie, de bonheur et d'amour.
Quand ils étaient arrivé devant chez elle il lui avait pris la main et, en déposant un baiser sur sa joue, lui avait chuchoté.

"Tu es si belle quand tu souris"

Il avait disparu dans la seconde qui avait suivit la laissant avec ses mots qui, chose qu'elle croyait impossible l'avait fait se sentir encore plus heureuse que l'instant précédent.

Doucement, avec lenteur, elle retourna la photographie. Sur l'envers était gribouillé quelque mots qu'elle s'empressa de lire.

"Ceci est le début de l'histoire, son commencement. La suite est étalé tout autour de toi, il suffit que tu suives les numéro. Et souviens-toi : ce n'est pas une question de chance, jamais.
-K"

Et voila le chapitre 2 !
J'espère qu'il vous plaira.
S

Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant