Chapitre 3

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Une rose. La rose à ses pieds était le numéro deux, ça ne faisait aucun doute.
Elle la saisit délicatement entre ses doigts et la fit tourner avec lenteur.
Ce n'était pas une fleur normale. Là où les roses standards comptaient grand nombre de pétales celle-ci n'en avait que deux. Deux pétales d'un rouge profond et tentateur "comme tes lèvres" lui avait-il dit ce soir là.
Dans sa main, à présent,elle était desséchée et rabougrie mais en fermant les yeux et en se concentrant un peu elle pouvait la voir telle qu'elle était auparavant, dans tout son éclats, dans toute sa splendeur.

La suite de l'histoire se passait donc durant la première Saint Valentin de leurs années lycée.

Cette année était assez flou, des brides de paroles par-ci, des flash lumineux par là, pas grand chose d'autre. Mais ce "pas grand chose d'autre" dont elle s'efforçait de minimiser l'impact venait de ressurgir à nouveau sous les traits d'une fleur fanée.

À chaque Saint Valentin, les élèves de l'établissement de Saint Augustin, lycée très réputé sur la côte ouest, offrait la possibilité à ses élèves d'envoyer une rose, choisie préalablement, anonymement ou non, au destinataire de leur choix.

À cette époque elle sortait avec un première sur lequel elle avait bavé pendant des mois jusqu'au jour ou celui-ci l'avait abordé et avait réalisé ses rêves : leur attirance était amplement partagé.

Cela faisait alors trois mois environ qu'ils sortaient ensemble et, ayant eu vent de l'histoire des "Roses Rouges de la Saint Valentin" comme on les appelait, elle avait trépigné d'impatience toute la journée à l'idée de trouver le soir même dans son casier une rose rouge accompagné de son mot doux.
Sa déception fut alors immense quand la seule chose qu'elle trouva en ouvrant la porte fut ses manuels de cours. Rien de plus que ce qu'elle ne voyait tout les jours.

Tentant de caché les larmes qui menaçaient de déborder de ses paupières elle s'était ruée vers les grandes portes et, sans faire plus attention à la pluie qui tombait à seau dehors, elle était sorti.

Sans regarder autour d'elle, les yeux rivés au sol, elle était partie se réfugier en courant, son sac battant contre ses jambes, dans les gradins couverts du stade.
Là, à l'abri des regards, elle avait laissé ses larmes trempées un peu plus ses joues mouillées et avait hurlé sa colère.

Elle n'avait pas du faire tant attention que ça car à l'instant même où elle se fut calmé, Ky était sortie de l'ombre.
Il s'était assis à côté d'elle et lui avait tendu un mouchoir sans un mot.
Ça l'avait fait rire, ce mouchoir si petit alors qu'elle dégoulinait.
Et il avait ri avec elle, comme toujours.
Puis quand son propre rire c'était transformé à nouveau en sanglots déchirants il l'avait prise dans ses bras et bercé avec douceur.
Quand elle avait tenté de se redresser pour lui expliquer, il l'en avait empêché et l'avait serré plus fort encore. Elle s'était sentie tellement soulagé quand elle avait compris qu'il savait. Il savait et il comprenait : c'était tout ce dont elle avait besoin.

En y repensant sa réaction lui paru d'une telle intensité, tellement exagéré...ce n'était qu'un garçon après tout, un imbécile de plus.
Mais la différence était là : la Chloé pleurant et hoquetant dans les gradins humides et celle se remémorant cette première, n'avaient presque rien en commun, excepté d'infimes détails presque invisibles.

Quelques minutes plus tard, c'était lui qui s'était relevé brusquement comme si il venait de se rappeler quelque chose et avait manqué la faire tomber.
Il avait extirpé, dans un geste théâtrale, une rose de la poche de son manteau et le comique de la situation l'avait fait exploser de rire.
Lui aussi trempé qu'elle, voire même plus, dans une position exagérée et, dans sa main, une rose en si piteux état qu'il n'en restait que deux pétales mais dont le rouge éclatant ne l'en éblouissait pas moins.
Quand il avait remarqué l'état de son cadeau il avait affiché une mine si contrite qu'elle s'en était presque roulée par terre. Et il l'avait rejointe bien sûre, qui aurait pu en douter ?

Quand ils avaient réussi à se calmer il l'avait rapidement quitté et l'avait laissée lire seule les mots griffonnés, comme à la vas vite, qui s'étalaient sur la carte.

"Personne ne devrai pouvoir t'oublier et cela m'est impossible."

Son coeur en avait presque raté un battement et avait ensuite décollé.

Maintenant qu'elle se remémorait ces instants elle remarquai que la pluie avait toujours été présente à chacun d'eux. Comme si elle était intimement liée à cette histoire.

Chloé avait toujours aimé la pluie, son tintement mélodieux sur les carreaux. Elle l'apaisait, la calmait. Et elle était toujours présente.

Quelque temps après ce désastreux jours de la saint Valentin, qui avait d'ailleurs fini plutôt bien, elle avait cessé de voir son désastreux copain et ce n'était devenu qu'un mauvais souvenir parmis tant d'autre.

Alors qu'elle réfléchissais, les yeux parcourant mollement le désordre qui l'entourait, elle se fit la réflexion qu'elle allait surement se souvenir de chaque chapitre de cette histoire mais qu'en était-il de la fin ?
Elle n'avait pas l'impression d'avoir eu le droit à une véritable fin, ou alors elle ne la connaissait pas ou encore, ce n'était qu'un souvenir de plus qu'elle avait occulté de sa mémoire et dont elle se souviendrais le moment venue.

Son regard s'arrêta brusquement sur un éclat rose champagne qui dépassait légèrement d'un côté.
Elle connaissait la suite.

Voila voila, qu'en avez-vous pensé ?
S.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 01, 2016 ⏰

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