Si j'avais pu si j'avais pu creuser ton corps avec mes mains si j'avais pu coincer ma langue dans tes plaies qui pleurent entrer mes pupilles dans tes iris et te découvrir de l'intérieur si j'avais pu devenir toi si tu avais pu devenir moi si seulement alors j'aurais sanctifié ton corps en le sacrifiant sur son propre autel j'aurais dévoré tes seins jusqu'à ce qu'il n'en reste que l'esquisse j'aurais dessiné des arabesques de sang sur ton flanc écartelé tes omoplates avec mes griffes de lion en cage j'aurais planté ma rancœur dans ton vagin pour y faire éclore des fleurs du mal j'aurais... j'aurais la chaleur au bout des ongles et le sperme à profusion nos corps disloqués dans la sueur et la boue de l'âme j'aurais tenté de t'avaler toute entière pour te faire mienne en t'espérant, en te fantasmant, là, sortant de mes entrailles, les crocs sanglants, ruisselant de ma propre amertume. Si j'avais pu devenir une pluie acide de baisers et de coups si j'avais pu être un soir d'été brûlant ta peau – je serais devenu le hâle, m'apposant tel un sceau sur ta peau ta peau ta peau – si seulement nous avions pu nous fondre l'un en l'autre en épousant nos blessures et si seulement tu m'avais laissé te ronger un peu plus pour me nourrir exclusivement de toi plutôt que par périodes.
Je me souviens de toi comme d'un fantasme échoué sur une plage d'oursins. Tu es piteusement allongée sur un lopin de sable, languide, presque liquide dans la lueur du soleil-mort qui crache sa bile sur des nuages fuyards. Les oursins grouillent et grondent, ils se serrent et se pressent les uns contre les autres pour me barrer le passage mais qu'importe s'il faut m'arracher la peau pour pouvoir mordre dans la tienne alors je le ferai je traverserai.
Je me souviens de toi comme d'un fantôme d'odeur, un parfum qui flotte au milieu des fragments d'hier. Les senteurs s'évaporent et s'éparpillent, elles ont une texture lanugineuse comme les montagnes au loin, presque moutonneuse comme l'écume et dans ce vacarme de laine bleue, surgissent des effusions de vanille-sortilège. Tu m'envoûtes de tes saveurs persistantes – tu n'es que réminiscence et pourtant, tu es plus vivante que les autres femmes.
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Laine bleue vanille jaune
عشوائي"Si j'avais pu si j'avais pu creuser ton corps avec mes mains si j'avais pu coincer ma langue dans tes plaies qui pleurent entrer mes pupilles dans tes iris et te découvrir de l'intérieur si j'avais pu..." Cette histoire est l'itinéraire d'un fou qu...