Courage

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J'approche mon visage du miroir et regarde ma mâchoire, grimaçant.
Ça va laisser une cicatrice, une de plus. Celle la va particulièrement me dévisager, je ne ressemble plus à rien... C'est en train de s'infecter, je n'ai rien pour nettoyer et j'ai trop peur de demander quoi que ce soit à mon père...
Comme je le pensais, maman n'est pas rentrée, ni le soir même, ni avant hier, ni hier... J'ai du mal à ne pas pleurer, papa est de plus en plus énervé, il va finir par me tuer à force d'être aussi violent...
Il est en colère mais il n'a pas bouger de son canapé. À croire que finalement il s'en fiche que maman soit parti et qu'il se sert juste de ce prétexte pour se défouler sur moi...
Même si je lui en veux de m'avoir abandonné je me dit de plus en plus que maman a fait le bon choix. Partir d'ici est la seule solution pour échapper à la violence de mon père...
Je soupire: serai-je assez courageux pour faire la même chose? Je ne sais pas, juste d'y penser ça me tord le ventre d'angoisse...

OoOoOoOoO

-KiHyun!!

Je sursaute.

-KiHyun viens ici !

Mon sang se glace: qu'est-ce qu'il vas me faire cette fois? Je ne veux pas y aller...
Pourtant je sais que si je n'y vais pas, c'est lui qui va venir, et je ne veux pas ça.
Je le lève, grimaçant à cause des blues qui ornent mon corps et aussi à cause de ma chemise qui colle contre les traces dans mon dos. Il m'a fouetté avec sa ceinture hier...
Je me dirige vers le salon, la tête baissée.

-Oui?

Il me tend un billet.

-J'ai plus de tabac. Dépêche toi, et je veux route la monnaie, ne pense même pas pouvoir m'arnaquer, tu sais ce qui t'attend sinon.

Je hoche la tête, gardant les yeux baissés.
Il ne me frappera pas cette fois-ci, je ne peux qu'être rassuré, même si je sais que je prendrais probablement une raclée en rentrant parce que j'ai mit trop de temps ou un quelconque autre motif dérisoire...
Je me dirige vers l'entrée du taudis qu'est l'appartement ou je survis et attrapé ma veste.
Je gémis quand le tissus tombe sur mes épaules, entrant en contact avec mes plaies.
Je me dépêche, je cour le plus vite possible que mes jambes abîmés me le permettent d'aller jusqu'au bureau de tabac.
C'est en ressortant le billet de ma poche que je me rend compte de la somme que j'ai entre les mains.

Un billet de 100 euros.

On peu faire tellement de choses avec 100 euros...
Mon coeur se met a battre plus vite alors que l'espoir se fraie un chemin a l'intérieur de mon être vide.

Je ne prendrais aucune raclée en rentrant.
Parce que je ne rentrerai pas.

Et sans accorder le moindre regard à l'homme qui me tend le paquet de tabac que je viens de lui demandé, je sort de la boutique.
Et je m'éloigne, essayant de partir le plus loin possible. La peur me vrille le ventre mais je me dis que maman aurait été fière de moi.

Solitude [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant