Chapitre 5 [RÉÉCRIT]

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- Le maître du jeu est ce magnétophone, dit-il.

Alors là c'est plutôt bizarre. On se regarde tous, le visage emplis d'interrogation. Qu'est ce que c'est que cette version étrange. Personne n'a jamais vu ça. Les commentaires fusent de toutes parts. Comment un tel objet va-t-il bien pouvoir faire office de maître du jeu ?
C'est bizarre mais original pensent certains. Au moins tout le monde peut jouer comme ça commentent d'autres.

- De toute façon on verra bien, et puis si ça marche pas on désignera quelqu'un pour être le maître du jeu à la place de ce truc, dit Lucas.

Tout le monde approuve, et puis certains sont dans un état bien trop approximatif pour exposer leur opinion, à moitié en train de comater, à se demander si ils ne vont pas s'endormir pendant la partie.

- On peut commencer s'il-vous-plaît ? Parce que ça devient long là, jvais finir par m'endormir, dit un des garçons assit vers le fond de la cabane.

Quelques ricanements fusent ainsi que des murmures d'approbation. Lucas leur dit de patienter encore quelques instants parce qu'il a une dernière règle à nous énoncer. Bizarre ça aussi.

- Écoutez, c'est un peu étrange, ça doit sûrement être pour rire ou je sais pas quoi mais je sais pas pourquoi, la dernière règle est la suivante : "Nul ne tuera un autre joueur en dehors de son rôle et du vote", rajoute-t-il.

Ok ça n'a vraiment pas de sens. Comment ils veulent qu'on tue quelqu'un en dehors du vote et de notre rôle, c'est pas comme si on allait s'entretuer pour de vrai quand même. Je bug. Mon esprit embrumé commence à produire des images atroces de mes amis ensanglantés et morts sur le sol.
Oulah, j'aurais dû moins boire ou moins fumer ou les deux. Je frissonne et chasse ces images abominables de mon esprit. Je ne vais jamais réussir à m'endormir ce soir, je proposerai à Peter de rester dormir à la maison ce soir avec moi.
Je secoue la tête et réalise qu'un blanc s'est installé dans la cabane. Les visages marquent de l'incompréhension, personne ne comprend le sens de cette règle. Puis, rapidement des remarques fusent, critiquant la débilité « du mec chelou qui a écrit ces règles », les ricanements reprennent.
J'indique à Peter et Lucas d'aller s'assoir, je vais distribuer les cartes. Peter me garde une place, et de façon à ce qu'Alice soit aussi à côté de moi, adorable ce garçon quand même.
Je saisis la boîte, l'ouvre et en sors délicatement les cartes, comme si elles risquaient de tomber en cendres sous la pression de mes doigts. La beauté de ce jeu m'hypnotisait, c'était vraiment incroyable. Je jetais un œil vers les autres, et les voyant tous pris dans des discussions animées je me permis d'admirer les cartes encore quelques instants. Je passais doucement les doigts dessus, les couleurs, la texture, tout était magnifique, presque même jusqu'à dire magique.
Et puis, d'un coup, l'image du garçon du magasin s'imposa de nouveau à mon esprit, avec une telle force que je faillis en lâcher les cartes. Je n'avais pas repensé à lui depuis tout à l'heure. C'était bizarre, pourquoi son image venait s'imposer à mon esprit comme ça. Malgré moi un sourire béat s'afficha sur mes lèvres, puis je me ressaisis et secoua la tête, qu'est-ce qu'il me prenait, ce n'était absolument pas correct vis-à-vis de Peter, je rougis légèrement de honte et cacha mon trouble derrière mes cheveux.

- Eh Octavia arrête de rêvasser, lança Alice depuis l'autre bout de la cabane, distribue qu'on commence enfin à jouer !
- Oui désolée j'arrive, lui répondis-je, encore troublée par l'image du garçon qui s'était remisée dans un coin de ma tête et ne voulait pas s'effacer.

Je prends le magnétophone et m'avance au centre du cercle qu'on a formé pour le placer au milieu, de façon à ce qu'on puise tous bien l'entendre. Je le regarde dans tout les angles pour en comprendre le fonctionnement mais le boîtier ne possède aucun bouton pour l'allumer, ça doit être faire exprès me dis-je, il va sûrement s'allumer tout seul quand on commencera la partie. Je le pose puis prends les cartes et les mélange bien.

- Ok tout le monde, je distribue, lançais-je, mais vous attendez qu'on lance le départ pour regarder vos cartes et tout. Et pas de triche hein, personne ne dit sa carte à son voisin ou essaye de regarder les cartes des autres sinon c'est pas drôle.

Je circule à l'intérieur du cercle et dépose les cartes devant chacun. Je suis agréablement surprise de voir que tout le monde m'a écouté et que personne ne regarde sa carte au moment où je la dépose devant lui. Je garde la dernière carte en main, la mienne, sans la regarder et me dirige vers ma place. Je m'assois en tailleur entre Alice et Peter. Ce dernier saisis ma main et me lance un sourire illuminé, ce jeu à l'air de vraiment lui plaire et sa joie est contagieuse, je souris à mon tour. C'est avec un ton enthousiasmé que je déclare le début de la partie.

Tout le monde se précipite pour saisir sa carte et découvrir son rôle. Je ris en voyant certains visages frustrés, sûrement des villageois.
Je prends ma carte et la regarde discrètement. J'y vois l'image d'un petite fille, le visage et le corps à moitié cachés derrière un rocher. La carte est sublime, le fond est d'un bleu nuit incroyable, des étoiles y sont représentées ainsi qu'une lune dans un jaune pastel, le contraste est très joli. La petite fille est habillée d'habits de villageois, sa peau est claire ainsi que ses yeux colorés dans un bleu pastel, on peut presque y saisir une certaine profondeur, comme si elle allait s'animer. Ses cheveux sont d'un blond brillant. Je suis donc la petite fille.
Je soupire de soulagement parce que je ne voulais absolument pas être villageois, c'est le rôle le plus ennuyeux.
La carte de la petite fille est une bonne carte, je peux connaître le rôle de chacun si je me débrouille bien et arrive à être discrète. Le désavantage c'est que si je m'y prends mal et que je me fais repérer je risque d'y passer dès la première nuit. Je lançais des regards vers Peter et Alice, espérant qu'on soit dans le même camp.

Les conversations ont repris, mais heureusement personne ne dit sa carte aux autres, les sujets de discussions sont même complètement à l'opposé du jeu, les gens parlent des examens à venir, des derniers vêtements qu'ils ont achetés, etc.
À ce rythme là on aura fini la partie à midi !
Mais je profite de ce temps pour parler avec Peter et Alice, heureuse de passer cette soirée avec eux, et toute aussi heureuse de voir qu'ils ont passé une bonne soirée jusque là et que ce jeu les enthousiasme.
Les conversations se taisent progressivement, tous attendent le début du jeu, certains sont en train de bailler de fatigue, d'autres luttent contre la quantité d'alcool qu'ils ont ingurgité, des parts de pizza circulent ainsi que des bols de chips ou de bonbons.

Puis le silence se fait à part deux-trois conversations qui continuent discrètement, la nourriture est posée, on va pouvoir commencer à jouer.

The last game [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant