Incompréhension

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Une semaine que je suis enfermée et que l'on nous pousse à nos limites. Une semaine que la faim nous ronge, que le travail nous détruit et que la nuit nous emporte de plus en plus avec un risque de non réveil.

Une semaine seulement s'est écoulée et pourtant j'ai l'impression d'être dans cette prison de souffrance depuis des années.

Les gens se regardent entre eux comme s'ils pouvaient s'entretuer rien que pour manger. Je ne suis pas encore arrivée à ce stade mais j'avoue que mon état m'inquiète et que parfois mon esprit divague sur des idées de meurtres irréalisables.

Cette cellule nous rend tous fous. Et les gardes sont ravis de nous voir dans cet état. Ils rient, nous balancent des callioux, nous narguent avec leur déjeuner et nous tuent avec leur fusil.

Je crois que ces gens nous pensent inférieurs. Nous sommes pourtant de la même race. Mais dans notre situation il vaut mieux se faire oublier pour ne pas trépasser.

Mais ce matin, j'entends de plus en plus d'explosions. J'ai l'impression qu'elles se rapprochent de nous. Cette impression ne fait qu'augmenter ma paranoïa.

Ce qui n'arrange pas les choses c'est la peur dans les regards des gardes. Il me semble qu'ils sont presque tous en train d'évacuer.

Soudain l'un d'entre eux nous dit de nous rendre dans nos chambres et de nous déshabiller. Personne n'ose rétorquer malgré nos mines pudiques.

Ainsi ils nous sortent maisons par maisons complètement nu. Nous voyons les gens de la maison ayant un numéro avant nous entrer dans un bâtiment beige pâle qui fume par de grandes cheminées.

Des gardes en tablier blancs devenus noirs avec le temps passent des bassines vers un ravin et vident des cendres dans le vide silencieux.

Soudain mon esprit eu un déclic et préssentit un danger lorsque le garde nous gueula d'entrer dans la bâtisse. Je remarquais alors un échappatoire. Un buisson continu jusqu'à la forêt.

Prête à tout face à l'arrivée de la mort peu importe ma décision, je m'élançais en entendant des voix gueuler derrière moi. Ainsi commença la rébellion. Tous les prisonniers me suivirent dans ma route dans le buisson. Les coups de feux fusaient de toutes part comme les corps qui s'effondraient les uns après les autres.

Des chiens furent lâchés. Dans les aboiements et les hurlements de peur, de douleur ou de rage, je pénétrais dans la forêt hors d'haleine.

Je me posais un instant pour prendre mon souffle. Je ne pris pas la peine de regarder derrière moi le désastre commis par ma fuite. Toutes ces morts me terrifiaient.

Soudain un chien arriva droit sur moi. Je poussais un cri de peur avant de courir de toute mes forces. Sauf que le chien me rattrapa sans aucun problème et me lacéra la jambe. Ma voix déchira alors la forêt faisant s'envoler des oiseaux et s'enfuirent de pauvres bêtes. Sans comprendre d'où me venait mon courage je pris une grosse branche à portée de ma main et l'abattit sur le crâne de la bête. Elle mourut avec un faible geignement.

Je fus désolée d'avoir à le tuer car cet animal avait été dresser ainsi, mais ma vie en dépendait. Je sais fort bien que l'Homme agit toujours pour sa survie. Triste sort...

Je boitais alors jusqu'à une grande clairière. Là j'y découvrais une petite rivière dans laquelle je bus. Je m'allongeais ensuite à côté sur le dos et regarda le ciel taché de noir. Non seulement par la fumée des grandes cheminées assassines mais aussi par les nuages qui finirent par pleurer avec moi.

L'eau s'écrasant sur mon visage se mélangeait au larmes coulant déjà sur mes joues. Je ne pleurais pas pour la douleur qui tiraillait ma jambe, mais pour celle se trouvant en mon coeur. Toutes ces disparations, toutes ces horreurs je ne les supportais plus.

Je regardais toujours vers le ciel quand soudain son noir profond m'absorba. Je me vis moi même allongée dans l'herbe. C'est ma fin.

Finalement je ne me rappellerai de rien à part la tristesse, l'angoisse, la peur, la terreur, la colère, la rancoeur et le dégoût que la seconde guerre m'a procurée.

Je peux dire pour sûr que chaque jour était un cauchemar.

Un jour, un cauchemar [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant