Chapitre 3

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-Bonjour tout le monde! Je suis ici pour faire la cuisine! criai-je gaiement en entrant dans le bâtiment du clan Azuma-gumi.

La veille, j'avais quitté le clan Yamaguchi-gumi tard dans la soirée. Comme mon tatouage me faisait mal, et que je ne voulais pas rentrer chez moi, Akaryu m'avait invité chez lui. J'avais passé la soirée à me plaindre que je ne voulais pas travailler dans un restaurant mais me battre. Et Akaryu avait passé la soirée à me répondre que c'était impossible.

Des hommes arrivèrent en courant et pointèrent leurs armes sur moi. 

-Qui es-tu? demanda l'un d'eux en s'approchant, pistolet à la main. 

Je reculai d'un pas. Ils allaient vraiment me tuer alors que j'avais rien fait?! Je regardai la voiture noire qui venait de me déposer.

-Monsieur Tanaka, vous pouvez m'expliquer, là? soufflai-je en articulant, pour qu'il lise sur mes lèvres. 

Je ne le voyais pas à travers les vitres teintées, mais je savais qu'il soupirait. Néanmoins, le chauffeur sortit et lui ouvrit la portière. 

-Oyabun! s'écrièrent tous les hommes en rangeant leurs armes et en s'inclinant. 

Je remarquai que tout le monde avait du respect pour lui. Il n'avait pas besoin de parler, ni même de bouger. Sa simple présence suffisait.

-Messieurs, dit Monsieur Tanaka après un long silence, cette jeune fille travaillera dans un de vos restaurants. Elle est jolie, donc je pense qu'un Maid Café irait à merveille!

Les Maid Cafés étaient des restaurants-café, dans lesquels les serveuses étaient toutes en robe noire avec des tabliers blancs, et disaient "Maître, bienvenue à la maison! Miaou" en faisant danser leurs couettes et leurs rubans. Ensuite, elles proposaient aux clients des activités bizarres, et leur faisaient de la nourriture sur laquelle elles dessinaient des têtes de chat avec du chocolat. Un désastre.

-C'est une blague?! m'exclamai-je. Regardez-moi, vous croyez vraiment que je suis faite pour ça?

Je montrai d'un geste mon pantalon délavé, ma chemise à carreaux rouges, et ma veste en cuir. 

-Si tu n'es pas contente, dit Monsieur Tanaka, tu n'as qu'à partir.

Je soupirai.

-C'est bon, je vais le faire.

Après m'être préparée, les hommes de Azuma-gumi m'amenèrent quelques rues plus loin, devant... un Maid Café. Ce n'était pas une blague de Monsieur Tanaka. J'allai vraiment passer ma vie dans un restaurant de filles, juste parce que Akaryu m'a demandé de le suivre. Cet imbécile allait m'entendre. 

-Bienvenue à la maison Maître, Maîtresse! crièrent les filles du Maid Caféavec un sourire publicitaire collé sur le visage, lorsque un des hommes de Azuma-gumi et moi arrivâmes. 

Les murs roses du café allaient parfaitement bien avec les posters de chats qui étaient plaqués dessus. Je me demandai soudainement comment j'avais pu atterrir ici. L'homme me laissa seule dans le café, et je crus que j'allais m'évanouir de tristesse. 

-Est-ce que tout va bien? me demanda celle qui avait l'air d'être la plus normale. 

Je hochai la tête et rejetai la main qu'elle me tendait. Je me levai d'un bond et demandai:

-Qu'est-ce qu'il faut faire, ici?

Mon ton sembla les faire fuir. Pourtant, j'avais essayé d'être gentille, mais c'était impossible. Je ne pouvais pas cacher la haine et le dégoût que j'avais en moi. Une des filles finit par s'approcher doucement. Elle était jolie, plutôt petite, avec de grands yeux doux.

-Eh bien, notre travail consiste à divertir nos clients, en donnant à cet endroit une bonne ambiance. Le service commence dans une heure. Il vaut mieux que tu te prépares. Viens en cuisine, je vais t'apprendre. 

Je la remerciai d'un signe de tête, et la suivit dans l'arrière du café. 

-Pourquoi est-ce que tu as l'air si malheureuse de venir ici? me demanda t-elle doucement. 

-Je voulais devenir yakuza. Pas serveuse d'un café. Un Maid Café, en plus.

Elle rit gentiment.

-Eh bien, c'est vrai que tu n'as pas vraiment le caractère pour être ici! Je me demande à quoi pensait l'Oyabun Monsieur Tanaka. 

-C'est vraiment impossible de devenir yakuza en étant une femme? Monsieur Tanaka m'a pourtant dit qu'une femme avait été Oyabun, un temps.

Elle hocha la tête, et commença à sortir des boîtes dans les placards.

-Eh bien, dit-elle, il y a certaines exceptions. Souvent, ce sont des femmes de yakuzas qui peuvent devenir yakuzas à leur tour, si elles font leurs preuves.

-Il faut donc que je devienne la femme d'un yakuza?! m'exclamai-je.

-Approche.

Pendant qu'elle m'expliquait comment faire du café, je restai pensive. Comment faire autrement? 

-Comment est-ce que tu t'appelles? demandai-je.

-Sakura. Et toi, c'est Ame?

-Oui. Dis-moi, Sakura, est-ce que tu n'aurais pas une idée pour devenir yakuza?

La jeune femme sembla réfléchir, puis sourit:

-Tu connais l'histoire de Mulan?

Je sursautai, étonnée.

-Mulan? répétai-je. Le dessin animé de Disney?

-Non, je te parle de la vraie histoire de Mulan. Celle que tous les enfants chinois apprennent lorsqu'ils sont petits.

-Non, je ne la connais pas, dis-je en commençant à mon tour à moudre le café.

-Mulan était une jeune Chinoise. Lorsque son pays entra en guerre, et que des hommes furent appelés pour combattre, Mulan n'hésita pas à partir se battre. Son père était trop vieux, et n'avait pas de fils. Elle se déguisa en homme et infiltra les camps militaires. Elle enchaîna victoire sur victoire pendant 12 longues années, et se fit de nombreux camarades. Une fois la guerre finie, l'empereur promit aux vainqueurs un grade militaire important et beaucoup d'or. Mais Mulan refusa, et demanda seulement un cheval pour rentrer chez elle. Elle retrouva les siens, puis repartit saluer ses compagnons, qui furent très surpris de voir qu'elle était une femme. Sa bravoure, son courage et sa fougue leur avaient toujours fait penser qu'elle était un homme. Mulan est aujourd'hui le symbole même de la liberté et de l'amour pour la patrie. 

-Et qu'est-ce que cette histoire a à voir avec les yakuzas?

-C'est une idée, Ame. Tu pourrais toi aussi devenir la Mulan moderne, non? Te faire passer pour un homme, et atteindre tes objectifs. Qu'en penses-tu?

Je pris Sakura dans mes bras, sans vraiment m'en rendre compte.

-Merci, Sakura, tu es une vraie amie! 

Elle rit et continua:

-Je pense qu'il faudrait que tu t'entraînes à te battre. Fais-toi passer pour un homme et demande les six mois d'entraînement. Une fois cela fait, la cérémonie pour devenir yakuza commencera. Tu pourras révéler ta vraie nature juste après. Mais, si tu décides de faire ça, Ame, il faut que tu fasses très attention. Le moindre geste peut te trahir. Ton tatouage peut te trahir. Tu risques la mort. Est-ce que tu es sûre que c'est ce que tu veux?

-Oui, répondis-je sans hésiter. Mais, pourquoi est-ce que tu m'aides autant, Sakura?

Elle me prit par l'épaule.

-Parce que tu as bon coeur, dit-elle. J'ai envie de t'aider. Et puis, tu n'es vraiment pas faite pour un Maid Café!

Je ris. 

-Tu as raison! dis-je. Mais, je continuerai quand même de travailler ici dès que possible, pour que Monsieur Tanaka ne se doute de rien! 

-Il vaut mieux prendre cette précaution, approuva t-elle. Allez, viens, le service va commencer.

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