Cherry Blossoms

Chapitre 7

-Ame, tu viendras me voir en fin de cours.

Cette invitation de mon professeur de mathématiques aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Mais, comme une idiote, j'avais hoché la tête, et j'y étais allée. 

-J'ai décidé de t'enlever tes heures de colle et de les reporter à demain soir, me dit-il de but en blanc alors que je tombais sur ma chaise, abasourdie. 

-Pourquoi? demandai-je, avec une pointe de désespoir dans la voix.

-Eh bien, ta patronne est passée tout à l'heure. Elle m'a dit que tu étais dans une période difficile en ce moment, et que seul ton travail dans son café te permettait de se changer les idées. Elle m'a aussi avertie que tu avais des problèmes familiaux importants, et que tu attendais mercredi avec impatience car c'était une "Journée Spéciale" faite en ton honneur... Maintenant, je comprends pourquoi tu es toujours si distraite en cours.... Si tu as envie d'en parler, n'hésite pas à m'en faire part, Ame. Mais ne te laisse pas ronger par la tristesse.

Je n'en revenais pas. Quel cinéma la patronne lui avait fait pour que ce prof devienne aussi gentil envers moi? J'observais la salle de classe autour de moi. Je la préférais largement au petit café dans lequel sourire était la principale activité. 

Je tentais de dissuader mon professeur, qui se contenta de secouer la tête doucement. Je finis par accepter mon triste sort. 

Lorsque j'arrivai au Maid Café, Sakura me sauta dans les bras, heureuse. 

-Aujourd'hui, c'est la Journée Spéciale! s'écria t-elle en me tirant vers la pièce arrière, dans laquelle toutes les Maid m'attendaient. 

Sakura remit une mèche derrière ses cheveux et sourit mystérieusement. Puis, elle disparut derrière un grand rideaux blanc, pour réapparaître quelques secondes plus tard. Elle tenait dans ses mains un costume brillant de mille feux. C'était une robe-tutu rose, éclatante de tulle pailleté. De grandes ailes de libellules en tissu transparent partaient du dos pour s'étendre dans le vide. La patronne m'apporta des petites ballerines roses, agrémentées de noeuds en satin pailleté. Je frémis d'horreur devant un tel spectacle.

-Je... Je peux pas mettre ça, dis-je en tentant une fuite.

Mais la patronne me rattrapa et me tourna vers elle. Son sourire était tellement diabolique que j'étais sûre d'en faire des cauchemars pour le restant de mes jours. 

-Tu restes, dit-elle d'une voix remplie de menaces. J'ai eu du mal à soudoyer ton professeur, alors t'as intérêt à te tenir à carreaux, veux-tu?

-Soudoyer? répétai-je, un peu blasée. 

Après plusieurs minutes de combat acharné contre les Maid qui tentaient de me faire enfiler ce costume, je finis par abandonner, perdue. 

-Est-ce que c'est humain de porter des trucs pareils? demandai-je en me regardant dans le miroir.

-Tu es magnifique! s'exclama Sakura, des étoiles dans les yeux. Tu es sûre que tu veux devenir yakuza? Franchement, tu devrais rester ici! Tu attirerais tous les clients! 

-Non, merci, répliquai-je avec une envie étrange de tout casser. 

Le service commença, et je me mis au travail tant bien que mal. Je sentais ma voix faillir à chaque fois qu'un nouveau client arrivait. Les autres Maid voyaient bien que le seul fait d'être habillée en fée était au dessus de mes forces. Ma voix n'était pas naturelle, et mes jambes tremblantes. Lorsque Elsa et Misuto arrivèrent pour me tenir compagnie, je crus que j'allai pleurer de désespoir. Elles me prirent en photo malgré mon désaccord, et finirent par s'en aller après plus d'une heure et demi de rires et d'imitations. Mais l'arrivée d'Akaryu quelques minutes plus tard finit de m'achever.