Bouleversement

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J'ai erré. Toute la matinée. Le plus étrange c'est que je finis toujours par retrouver le studio alors que je ne regarde pas où je vais. Je réfléchis. Encore. Je ne cesse de réfléchir. Pourquoi est-ce que je me tracasse autant pour ça ? Jusqu'ici j'assumais parfaitement ma condition de prédateur sexuel. Alors pourquoi commencer à me poser des questions maintenant ? Surtout que cela n'a aucun sens. Je sais parfaitement que je suis la partie malveillante de Mathieu. J'incarne ses désirs inavouables, ses envies masculines, sa soif de supériorité par rapport à ceux qui le persécutent. C'est normal. Chaque personne à une partie mauvaise en soi. Et puis je pense au geek. Non. Il n'a aucun soupçon de méchanceté lui. Il est si pur. Est-ce pour cela que je m'empresse autant pour essayer de lui voler cette pureté et cette naïveté ? Non plus. Je sens que ça vient de plus loin. Mais je n'arrive pas à savoir quoi.

Je croise Mathieu. Je rattrape au vol un verre qui lui a échappé des mains. Il a l'air rêveur aujourd'hui. Ça ne lui va pas. Je me demande ce qu'il lui arrive... Enfin bon, ce sont ses affaires. Et je suis déjà bien trop occupé avec les miennes pour chercher à m'y intéresser pour le moment. Je lui propose de l'aider à faire à manger. De tout de façon je n'ai rien d'autre à faire. Et puis j'ai toujours aimé cuisiner, je ne sais pas pourquoi. Le Geek apparaît. J'enfonce la tête dans les épaules. Je fais comme si je ne l'avais pas vu. Il propose de mettre la table. Je lui dis, dans mon rôle de pervers que je dois tout de même tenir « Je t'en prie. Le placard où se trouvent les assiettes se trouve juste sous mon pantalon. » J'écarte les jambes dans un sourire dont moi seul connais le secret et il gémit un merci à peine audible. Malgré la position dans laquelle il doit se mettre il attrape la poignée du placard et l'ouvre entre mes jambes. Il prend rapidement les assiettes et referme la porte aussitôt.

Dès que le repas est fini je vais m'enfermer dans ma chambre. Pourquoi est-ce que j'ai fait ça ? Pourquoi est-ce que je suis si cruel ? Le pauvre il n'a rien demandé... Je pleure. Beaucoup. Et je me mors la peau du poignet. Le plus fort possible. Peut-être arriverais-je à ouvrir une veine et à me vider de mon sang sur le sol ? J'en doute. Je suis expert en meurtre, et je sais très bien que ce n'est pas aussi facile. Tout à coup la porte s'ouvre. Je me redresse prêt à sauter sur la personne qui entre sans autorisation. Ce sont Mathieu et le Panda. Ils s'embrassent comme je n'ai jamais embrassé aucune femme. Leurs mains glissent sur le corps l'un de l'autre. Je les regarde abasourdi. Ils viennent juste de se rendre qu'ils se sont trompés de chambre. « Qu'est-ce que vous attendez ? Sortez avant que ça parte en partouse ! » je m'exclame. Et ils sortent précipitamment en s'excusant, rouges comme des tomates. Je rigole intérieurement. C'est plus clair maintenant. Je me disais bien qu'ils avaient un comportement étrange depuis quelques temps. Et puis ils ont l'air heureux ensemble... Je chasse cette idée de ma tête et j'appelle Julie pour savoir où je peux la retrouver. J'ai besoin de me changer les idées...

*****

Le Patron a encore frappé. Qu'est-ce qu'il me veut à la fin ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Qu'est-ce qui lui fait tellement plaisir dans le fait de me voir souffrir ? Peut-être est-il SM ? Comment est-ce que je connais ce mot moi ? Aaaah ! Le Patron envahit ma tête ! Si c'est ce qu'il cherchait c'est réussi... Ça m'énerve d'être sa marionnette ! On vit sous le même toit, je ne vois pas pourquoi je devrais le subir ! Je vais aller le voir et m'expliquer avec lui ! J'en ai plus qu'assez ! J'attends qu'il rentre. Il va directement dans sa chambre.

Le Patron Qui Craque.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant