Instinctive

Chapitre 4 : La Rencontre

        Je vais en direction de ma chambre, elle est plutôt petite mais confortable, la pièce comporte un petit lit simple, une vieille commode en chêne et une grande armoire que mon père a construit. J'entreprends de me mettre en chemise de nuit mais je tombe déjà de sommeil et dors toute habillée.
        Je suis réveillée par des coups à la porte, j'arrange mes cheveux devant le miroir, lisse ma robe et vais ouvrir, c'est Loysen.
- Elle s'est réveillée et je lui ai donné des graines de pavots mais ça ne va pas la soulager longtemps et il n'en reste plus beaucoup, nos réserves de plantes sont presque à court.
- Je vais aller en chercher reste à la maison et veille bien sur elle ! dis-je en prenant un panier.
- Fais attention à toi ! lance-t-il avant que je parte.
Je me dirige vers la ville, notre ferme est située à environ une lieue d'Iléane, la ville la plus proche, et je dois marcher une demi-heure pour y arriver. Le marché est situé sur la place centrale de la ville et je salue Thy, le fils du boulanger, mais il passe devant moi sans faire attention, il paraît inquiet. Je marche droit vers l'emplacement de l'échoppe. Une boule s'est formée dans mon ventre. Deux hommes sont en train de parler avec Jun, la vieille vendeuse de plantes chez qui j'ai l'habitude d'acheter des herbes médicinales. L'un est vieux mais très impressionnant, couvert de cicatrices, il a les cheveux poivre et sel et les yeux perçants d'un bleu pâle presque blanc tandis que l'autre est de taille moyenne, il est blond et ne doit pas avoir plus que quelques années de plus que moi, ils viennent sûrement du Nord car ici, pratiquement tout le monde est brun. Je me surprends à regarder autour de moi, ces hommes ne sont pas là par hasard, ils me cherchent.
J'entends quelques bouts de conversation :
- Savez-vous... trouve... dit le plus vieux.
        La vieille dame se tourne légèrement vers moi, son mouvement est pratiquement imperceptible pour les deux inconnus. Je m'approche alors d'eux. Le soulagement se peint sur son visage. Je n'aime pas le regard dédaigneux que me lance le balafré.
- C'est elle, notre guérisseuse, Myra ; dit la vieille femme.
- Vous êtes jeune ; souligne l'homme aux cicatrices.
- Avez-vous besoin de mes services ? je demande sèchement.
- Nous aimerions savoir si vous avez soigné une jeune fille d'un quinzaine d'années, gravement blessée. Elle est de taille moyenne, brune, avec les yeux bruns, l'avez vous vu ?
        Je jette un regard bienveillant en direction de Jun, elle a l'air perdue. Je lui donne la liste des plantes qu'il me manque et elle s'en va.
"- Je ne l'ai pas vue, les seuls patients que j'ai soignés ces derniers jours sont des paysans des alentours.
- Comment pourrions-nous en être sûrs, ce n'est pas que nous ne vous faisons pas confiance mais certains témoignages la disent ici, asséna-t-il l'air triomphant."
        Je faillis perdre ma contenance, mais je me rappelais ce que m'avait dit Vénéa et repris avec plus d'aplomb.
"- L'argent fait tout dire, n'avez-vous pas pensé que certains aussi mentaient.
- Nous leurs avons bien fait comprendre que s'ils nous trompaient ils auraient à le regretter, vous connaissez peut-être Guati, il a été difficile à convaincre, mais on y est arrivé  et il nous a confirmé sa présence en ces lieux.