Quand on force l'amour

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Prologue

Je n'ai jamais été du genre à me plaindre. Mais je commence à croire que j'ai des bonnes raisons de m'apitoyer sur mon sort. Vous savez, je comprends le français. Je comprends toutes les insultes qu'ils me lancent ainsi. Mais je ne comprends pas comment un humain peut rendre la vie d'une fille ordinaire comme moi aussi pitoyable... Je n'ai jamais été dramatique, nerveuse et tout... Je suis plutôt le genre de fille qui en a rien à faire de ce que les personnes racontent sur elle, malgré que ça me blesse tout de même. Mais quand les mots blessants sortent de la bouche du garçon qu'on aime, là, on perd ses moyens...

** Retour dans le passé, il y a quelques mois... **

Sabrina m'attendait. Comme à chaque matin. C'était le genre de fille qu'on ne voulait pas dans sa classe. La fille fatiguante, trop dans ta bulle. Le genre de fille qui prend trop de place, qui énerve tout le monde. Comme à l'habitude, elle m'attendait devant l'entrée de l'école. Je m'approchais du bâtiment lentement. Mes cheveux volaient au vent, l'air frais me chatouillait les narines. Je respirais un bon coup avant de lui adresser un sourire peu convaincant.

Moi : Salut.

Sabrina : Salut Candy !

Eh oui. En plus d'avoir une vie emmerdante, j'ai hérité du pire nom de la planète. J'aime mon nom, je suis une fille qui adore l'originalité et tout, mais on ne semble pas toujours être du même avis que moi...

Sabrina : Prête pour l'élection ?

Moi : Ouais.

Je participais, pour la première fois, aux élections de l'école. J'avais des chances de remporter la victoire : j'étais intelligente, ouverte d'esprit, bonne communicatrice... Mais une chose me désavantageait : je n'étais pas populaire. Mais vraiment pas. Moins zéro. Mes longs cheveux roux nattés, mes broches qui prennent toute la place et mes petites lunettes bien rondes ne me mettaient pas en valeur. En plus de tout cela, je suis scout. Depuis que je suis jeune, j'ai toujours rêvé faire partie d'un groupe, de m'amuser, de faire de nouvelles rencontres... Et j'ai cru que ça pourrait me plaire. Oui, être scout, c'est bien. Mais se faire niaiser avec cela, c'est pire que tout...

Sabrina : As-tu pratiqué ton texte ?

Moi : Oui, quand même. Mais je ne crois pas en avoir de besoin.

Sabrina : Aurais-tu besoin d'un coup de main ?

Moi : Non. Écoute Sabrina, on devrait rentrer. Il commence à pleuvoir et je ne veux en aucun cas être en retard.

Sabrina : O-oui... C'est cer-certain... Désolée...

Moi : Pas grave, mais là, il faut que je passe.

J'ai toujours été de nature bête. Le genre de personne qui en veut au monde entier, qui déteste tout le monde... Après la mort de ma tante, mon sourire n'a plus jamais réapparu sur mon frêle visage. Mon monde est devenu noir, glacial et ennuyeux.

Sabrina : O-oui, il faut que-que tu passes... Encore dé-désolée...

Je bousculais Sabrina afin de prendre la porte et je pénétrais dans la petite pièce. Je soupirais et me dirigeais vers mon casier. Je rangeais mes cartables et déposa mon manteau sur un crochet. Encore une journée qui s'annonçait maussade... Sabrina me rejoignait, un sourire énervant au visage.

Sabrina : Je suis tellement excitée !

Moi : Ouais, pas moi.

C'est là qu'il passait. Lui et son visage parfait. Mon cœur battait la chamade. C'était comme si le temps ralentissait... Je n'avais de yeux que pour lui, et lui n'avait de yeux que pour Mélissa. Mélissa, la fille la plus détestable. Plus que Sabrina, imaginez-vous ! Elle passait par là. Elle me regardait méchamment avant d'embrasser langoureusement Drake. J'aurais tellement aimé être à sa place... Pas à la place de Drake, non, à la place de Mélissa... Juste pour pouvoir sentir l'odeur de l'homme que j'aime... L'homme qui n'a jamais posé un seul regard sur moi. Sabrina me sortit de mes pensées.

Sabrina : La cloche sonne dans deux minutes ! On devrait aller tout de suite à la cafétéria !

Moi : Ouais, heu... Bonne idée.

Je pris mon texte de présentation et le serra près de moi. Je soufflais un bon coup avant d'aller vers Sabrina.

Je m'assoyais alors sur une chaise peu confortable et observais les écoliers.

« Connasse ! » « Pauvre débile » « Affreuse ! »

Des mots qui me faisaient mal, mais que j'endurais. Des mots habituels, qui sortaient de la bouche d'étrangers et d'ennemis. Je n'ai rien fait pour vivre avec cela, mais Mélissa me déteste. Plus que tout. J'ignore pourquoi d'ailleurs. Mais elle a tant de pouvoir sur tout qu'elle influence même les élèves, elle les encourage à m'haïr, à me lancer des insultes.

Un son strident retentissait alors : La cloche. C'était l'heure de prouver à tous que je n'étais pas idiote.

Le directeur s'avançait lentement, pour arriver vers le podium. Il prit son micro, et d'une voix grave, demandait le silence.

Directeur : Baissez le son tout le monde ! C'est l'heure d'élire un président ! Je demanderais au premier candidat de monter sur une table et de présenter son texte !

???: C'est moi !

Je me retournais. C'était, bien évidemment, Mélissa qui parlait. Elle sauta sur une table et attrapa fermement son texte.

Mélissa : Alors, bonjour à tous !

Une foule d'applaudissements retentissait alors.

Mélissa : J'apprécierais être votre présidente pour une raison : Je suis belle et je mérite de l'être !

Tout le monde applaudissait. Texte plutôt banal, mais c'était le genre de Mélissa. Je roulais mes yeux avant de monter sur une table. C'était mon tour. Tout le monde me regardait bêtement. Un silence règnait dans la place. Seul le son de ma respiration saccadée se faisait entendre.

Moi : Heu... B-Bonjou-our.

Des affreux noms sortaient de la bouche des élèves. Les plus utilisés étaient : « Salope ! » Et « Grosse merde ! »

« On veut pas de toi ici, pauvre vache ! »

« Ouais »

« Elle ne mérite pas de vivre ! »

C'est là que tout le monde commençait à me crier des insultes. Les larmes me montaient aux yeux. Le directeur essayait de calmer les écoliers, mais en vain. J'essuyais une larme sur ma joue avant de me faire crier d'autres bêtises.

C'est là que je le voyais. Drake. Il faisait comme les autres : il m'insultait. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. C'était évident : Personne ne m'aimait. Je descendais de la table, surprise d'être autant détestée.

Moi : Sabrina ?

Sabrina : Quoi ?

Moi : Tu peux m'aider ?

Les insultes étaient toujours plus graves, plus abominables...

Sabrina : Heu... Écoute, j'en ai marre de me faire haïr à cause de toi. Tu sais, j'endure toutes les insultes aussi. Arrête de penser juste à toi. Désolée.

Une larme coulait sur ma joue, et puis une autre. Je n'avais plus personne. Plus Sabrina (même si ce n'était pas une grande amie, c'était la seule qui restait avec moi), plus ma tante...

** Retour présent**

Seule. Seule dans ce monde. Sans amour, juste du chagrin. Cette déprime, qui, je croyais, ne serait jamais remplacée par du bonheur...

Quand on force l'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant