Cours

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P.O.V. : Shiroi :

La professeure d'anglais nous jauge d'un air affligé.

« Quoi ?! Personne n'a appris sa leçon ?! Je vous l'avais pourtant demandé ! »

Je lève mon bras lentement, parce que personne ne le fait. Il faut bien que quelqu'un daigne répondre.

« Ooooh ! Shiroi ! Je vous en prie, merci beaucoup d'accepter de répondre ! » S'enthousiasma Madame March.

« He has been watching her while she was cooking. » Répondis-je d'une voix effacée.

« C'est bien. Les autres, il vous arrive des fois d'ouvrir vos cahiers ? A en croire Shiroi, je dirais qu'elle est la seule. »

« Oui, je le crains fort, pour l'anglais en tout cas. » Quelqu'un avait murmuré.

La classe partit dans une sorte de petit rire nerveux en souriant à Kuroi, l'auteure de cette peu subtile interruption. Celle-ci sourit faiblement aux autres. Presque tristement. Pourquoi sourie-elle si tristement, elle qui parvient à faire rire toute une classe ? Pourquoi baisse-t-elle la tête à présent, alors que la classe redevient silencieuse ? Cette fille m'intrigue. Définitivement.

« Hum. Mademoiselle ... Kuroi, c'est cela ? J'aimerai que vous évitiez les interruptions qui n'ont aucun intérêt par rapport au cours s'il-vous-plaît. » demanda la prof avec un air autoritaire.

« Oui, madame, excusez-moi. » répondit Kuroi d'une petite voix.

Je souris. D'après ce que j'avais cru comprendre, Kuroi ne travaillait pas beaucoup mais, en dépit de cela, elle parvenait à maintenir des résultats globalement corrects dans toutes les matières. Souvent l'on a tendance à penser qu'une personne qui ne travaille pas beaucoup à l'école a aussi tous les défauts... Par exemple l'impolitesse et l'irrespect. Ce que j'aurai pu prendre comme de l'insolence et de la moquerie était en fait juste une touche d'humour. Cette fille a de l'éducation. Sinon elle ne se serait pas excusée et soumise à l'autorité de Madame March. Kuroi est assise à deux rangs derrière moi je n'ai donc aucun moyen de lui parler, ne serait-ce que pour lui demander un crayon ou une feuille. Dommage, je pense qu'elle est intéressante bien qu'originale, à ce qu'il me semble.

P.O.V. : Kuroi :

Si j'ai clairement un côté rebelle, anti-scolaire et geek, je n'en demeure pas moins polie et respectueuse. Bien que je lance souvent des plaisanteries ou que je fasse régulièrement des remarques en cours, je m'excuse auprès des rares professeurs qui se plaignent de mon sens de l'humour. Je sais qu'ils représentent l'autorité, que je dois leur répondre correctement. Mes parents pourront au moins se venter d'avoir réussi quelque chose : mon éducation.

« Merci. Nous pouvons reprendre le cours. » Madame March me sourit.

« Pour me montrer que vous ne faisiez qu'ajouter une touche d'humour à mon cours, acceptez de faire la phrase suivant Mademoiselle. » poursuivit-elle.

« Bien sur, Madame. She had been trying not to fail but in vain. »

« Parfait. Je sais que vous êtes une bonne élève Kuroi. »

Dring. La sonnerie de fin du cours vient de retentir, me faisant sursauter.

« Pour lundi, apprenez la leçon et revoyez les exercices, comme d'habitude. Bonne journée à tous. » Elle ramassa ses affaires, les rangea dans son petit cartable en cuir marron et quitta la salle.

Moi aussi je suis sûre que c'est une fille très intelligente, une bonne élève également.

Kuroi... As-tu remarqué que mon prénom s'oppose au tien ? Que, pour une raison inconnue, nous avons toutes deux des prénoms Japonais ? Que nous semblons si différentes, mais si semblables ?

P.O.V. : Kuroi :

La classe se vida petit à petit, c'était la dernière heure de cours. Tout le monde rentre chez soi. Je les vois ranger leurs affaires, se rejoindre, en groupe. Rire et chahuter. Ils passent à côté de moi sans me parler, pour la plupart.

« A demain Kuroi ! » Lança Louise en me souriant.

« Oui, à demain Louise ! » Répondis-je gaiement.

« Super ton intervention en anglais, ça m'a sorti de mon sommeil. » Lança Paul à mon intention.

« Ah, merci ! Je m'endormais aussi... »

« Salut ! » Lança Aurore en m'adressant un rapide sourire.

« Oui, à plus ! »

Trois personnes sur trente ! Ceci dit cela fait un dixième non ? C'est plutôt pas mal, hein ?

Je me rendis compte que nous n'étions plus que deux dans la salle. Me hâtant, je rangeais mes affaires, saisis ma veste et mon sac et, hésitant un peu, je sortis de la salle.

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