psy. jinyeom.

0.4

_ Encore une séance.
_ Est-ce que tu vas le dire à chaque nouvelle séance, car je te rappelle que c'est toi qui a voulu en avoir une par jour.

Yugyeom avait senti l'infime pointe d'agacement dans le ton de Jinyoung. Il pensait que Yugyeom se plaignait de ses séances, mais c'était tout le contraire, il était heureux de les avoir. Il pouvait rester en dehors de chez lui, il pouvait se permettre de penser à autres choses que ses propres problèmes.

_ Ça ne me dérange pas.
_ De quoi ?
_ D'avoir des séances tous les jours, je l'ai demandé, j'aime les séances en plus. Vous pensez que ça m'énerve et que je ne vous aimes pas, mais c'est le contraire, expliqua Yugyeom.

Jinyoung fût tout d'abord surpris. Yugyeom aimait leurs séances à deux, il l'aimait lui, aussi. Ce n'est pas souvent qu'il entends ça, qui aime le psychologue ? C'est toujours la même question qu'il se pose en fait, qui l'aime ? Qui l'aimera ? Il pense sincèrement à démissionner, à faire sa valise et partir dans un endroit désert. Un endroit chaud et à côté de la plage, pour ne pas faire les choses à moitié. Cependant il a peur d'une chose, la solitude. Personne ne peut réellement faire quelque chose contre elle, soit elle est avec vous, soit elle ne l'est pas. C'est toujours plus facile de la combattre à plusieurs. Est-ce que quelqu'un l'accompagnerait si il partait ?

_ Je suis heureux que tu m'apprécies Yugyeom, dit Jinyoung en lui souriant tristement.

Il ne pouvait pas mentir, il s'en voulait de s'accrocher à son travail. Être psychologue c'est tout le temps avoir une personne avec soit, c'est ce qui l'éloignait de sa solitude quotidienne en réalité. Il s'en rend compte maintenant, il est seul. Son appartement est vide, froid et aucunement chaleureux. Les personnes, après avoir travaillé toute la journée, sont heureux de rentrer chez eux. Il y a leur famille, leur fauteuil, leur télévision, un lit deux places qu'ils partagent avec leur bien aimé. Tout ça, il ne l'a pas, il n'y a personne qui l'attends chez lui. Il n'y a personne qui se demande s'il va bien, s'il va rentrer à l'heure, si sa journée s'est bien passé. Tout le monde s'en fout.

_ Vous n'êtes pas heureux, je ne sais pas à qui vous mentez, mais ils sont cons pour ne pas voir que vous leur dites des conneries, répondit Yugyeom.

Le plus jeune commençait lentement à comprendre la personne en face de lui. Au départ il pensait sincèrement que ce n'était qu'un psychologue chiant qui allait lui poser des questions stupides. As-tu déjà essayé de te suicider ? Est-ce que tu y penses ? Les psychologues sont comme ça, non ? Yugyeom avait trouver son psychologue, celui qui l'avait fait changer d'avis. Il voulait se confier maintenant, il voulait avoir quelqu'un avec qui parler de ses problèmes. Il savait que Jinyoung avait aussi les siens, et il comptait l'aider lui aussi.

_ Je ne sais pas encore ce que vous avez, mais je pourrais vous aidez.
_ Tu n'as pas à m'aider Yugyeom. C'est moi qui suis là pour tes problèmes.
_ Je ne pense pas que vous réussirez à régler mes problèmes si vous n'arrêtez pas de penser aux votres, rétorqua le plus jeune.

Jinyoung venait de se prendre une brique dans la figure. Yugyeom était un garçon sûr de lui, sûr de ce qu'il dit et de ce qu'il ressent, ça se voit. Cependant Jinyoung ne voulait surtout pas le plonger dans sa vie, dans ses problèmes qui n'ont pas de réel cause ou solution. Vous savez quand on dit que tout problème a une solution, et bien c'est faux. L'exemple le plus simple, si vous êtes atteint d'une maladie incurable, et bien vous mourrez, il n'y a pas de solution, pas d'antidote, rien. Jinyoung n'est pas du genre à se laisser aller, à déprimer dans un coin, il y pense parfois, mais après il se met à sourire et se dit qu'il y a pire. Il y a toujours pire.

_ Alors, quel est votre problème monsieur le psychologue ?
_ Je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais un jour tu me vouvoie et l'autre tu me tutoie. C'est perturbant.
_ Vous essayez de changer de sujet ? fit Yugyeom, arquant un sourcil.
_ Non, pas du tout. Je ne faisais que remarquer.

Hier, Yugyeom l'avait tutoyé, enfin. Cependant il reprenait l'habitude de le vouvoyer. Jinyoung n'aimait réellement pas le fait qu'on le vouvoie. Il n'a que 21 ans pourtant, il n'es pas vieux.

_ A partir de maintenant je vais te tutoyer, dit Yugyeom.
_ Merci.

Un silence. Une séance sans leur silence habituelle, n'est pas une séance normale.

_ Est-ce que l'on pourrait parler de mes problèmes plus tard ? demanda Jinyoung.
_ Pourquoi ?
_ La cloche va sonner.
_ Oh..

Yugyeom était déçu, réellement. Les séances passaient de plus en plus vite et il n'aime pas ça. Il voulait encore rester avec Jinyoung dans son petit bureau, il s'y sentait bien, comme une deuxième maison. Jinyoung rendait ce petit bureau un peu plus vivant et accueillant. Celui-ci remarqua d'ailleurs le visage triste du lycéen. Quelqu'un penserait peut-être à lui alors.

_ On en parlera demain, vous ne pourrez pas fuir monsieur le psychologue !

Jinyoung se mit à lui sourire un peu plus franchement, le cœur de Yugyeom se stoppa. Il avait eut raison, des fossettes se baladaient sur son visage et ça le rendait un peu plus mignon. Il était adorable et attachant, il était son psychologue.

_ A demain Jinyoung.
_ A demain.

Pour une raison inconnu, le cœur de Jinyoung se serra dans sa poitrine. Yugyeom sortit et une larme coula doucement le long de sa joue. Il sentait qu'il s'accrocher à quelque chose. Et s'il s'avérait qu'il s'accroche à Yugyeom, il pouvait déjà faire une croix dessus. Il était décidé à partir d'ici maintenant, il le fallait avant qu'il ne devienne fou. Cette pièce le consumait un peu plus de jour en jour. Il avait fallu que Yugyeom apparaisse pour qu'il se rende compte qu'il est temps pour lui de partir. Il n'a plus sa place dans ce petit bureau froid et sans vie. Il n'a plus sa place dans cette ville, il n'a personne qui l'attends quelque part en réalité. Il souffla fortement. Il ouvrit un tiroir de son bureau, une seule enveloppe à l'intérieur.

Sa lettre de démission.