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_ J'ai dit à mes parents que je dormais chez un ami.
_ Ce n'est pas bien ce que tu fais.
_ Je ne fais rien.
_ Tu t'accroches.
_ Toi aussi.

Les deux étaient dans un conflit avec leur sentiments. Ils étaient tous les deux assis sur le fauteuil, regardant en face d'eux. Jinyoung ne savait plus comment faire pour gérer ce qui se passait en ce moment. Tout lui filait entre les mains et il ne voulait pas ça. Il avait démissionné pour pouvoir se libérer de ce poids lourd de douleur qu'il portait depuis longtemps, cependant, ça n'a fait qu'aggraver les choses. Maintenant, il sait. Et il sait aussi qu'il ne peut rien faire.

_ Je suis désolé, dit Jinyoung.

L'appartement était silencieux, pas un bruit, comme si tous ce qui se passait autour d'eux s'était figé dans le temps. La tête de Yugyeom venu se poser sur l'épaule de Jinyoung. Il se fichait de ses excuses, tant qu'il pouvait l'avoir auprès de lui.

_ Pourquoi ?
_ Je sais.
_ Tu sais quoi ?

Tout semblait logique, à part quelques points encore sombres. Il pouvait aussi simplement être à côté de la plaque, mais il espérait avoir raison, il espérait être sur une bonne piste. Il n'aurait plus aucun espoir sinon, sa démission aurait été définitivement le bon choix.

_ Ton problème, je le sais.
_ Comment ?

Il avait seulement assemblé quelques pièces de puzzles, comme l'aurait fait un enfant de dix ans. Il s'en voulait, car maintenant qu'il savait son problème, il devait aussi trouver une solution. Cependant, tout laissé à croire qu'il n'y en avait aucune. Son problème à lui aussi n'a pas de solution, et il s'y fait lentement, mais surtout douloureusement.

_ Tes parents, surtout. Je pense que c'est la première chose sur laquelle j'ai mis la main dessus. Tes parents étaient au centre de ton problème, je le savais. Mais il me manquait la cause. Tu me l'as donné, involontairement, mais tu l'as fait. L'abandon, c'est une de tes peurs, la peur parmi les autres. Je ne sais pas le problème exact, mais je suis désolé.
_ Tu sais que les excuses ne servent à rien.
_ Tu as été adopté, c'est ça ?

Un temps, un silence plus long que les autres. Nous ne pouvons qu'entendre le souffle irrégulier du plus jeune. Yugyeom sent que les larmes reviennent, mais il n'y peut rien. Personne ne peut l'aider, même pas Jinyoung et il le sait, il le sait, mais il ne veut pas qu'on l'aide. Il veut simplement oublier, il veut simplement penser à autre chose, et ce n'est qu'avec Jinyoung qu'il peut se sentir mieux. Il ne sait pas pourquoi, mais il ressent quelque chose de très fort, quelque chose que personne ne peut comprendre à par lui. Une larme coula doucement le long de sa joue une nouvelle fois, s'écrasant sur l'épaule de Jinyoung. Il s'en voulait, il avait voulu savoir son problème, il aurait voulu l'aider, mais il ne pouvait rien faire.

_ Je ne peux rien faire.
_ Je le sais, mais je m'en fou.
_ Tu devrais vraiment voir un autre psychologue Yugyeom, ou au moins en parler avec tes parents.
_ Ce ne sont pas mes parents, rétorqua le plus jeune froidement.

Yugyeom releva la tête, cependant la main de Jinyoung venu se poser sur son front pour la remettre à sa place délicatement.

_ Je ne pourrais pas t'aider, tu le sais mieux que moi. Je peux seulement te tenir compagnie, parler avec toi, mais je ne pourrais pas faire des miracles, tu ne peux pas oublier une telle chose.
_ Même si j'en ai envie ?
_ Même si tu en a envie.

Jinyoung le savait ça aussi. Ses seuls problèmes sont la solitude et le deuil. Sa mère sera un sujet sensible, pour toujours. Il s'en veut de ne pas avoir pu la rendre heureuse, de ne pas avoir pu lui montrer qu'il est le fils qu'elle aurait aimé avoir. Il se sent seul, et ça, il ne peut pas l'oublier. Tous les jours, se réveillant dans son grand lit, il le sait et sa vie le lui rappelle au quotidien. Une deuxième larme coula sur le visage de Yugyeom et Jinyoung posa sa main devant ses yeux. Il suppose qu'il ne voulait pas qu'il le voit pleurer, personne n'aime se montrer faible face aux autres.

_ Mes parents m'ont abandonnés. J'ai relu le dossier, encore et encore, et je n'ai trouvé aucune trace d'eux, ils n'ont rien laissé.
_ Tu sais que ça ne veut peut-être pas dire qu'ils ne te voulaient pas. Peut-être qu'ils n'avaient pas les moyens d'avoir un bébé, mais que ta maman et ton papa t'aimaient quand même beaucoup. Quoi qu'il arrive, une mère qui perd son enfant souffre, même un minimum.

La sonnette de son appartement sonna à nouveau, cette fois-ci cela devait être le facteur. Aucun des deux ne bougea ou ne parla, la sonnette retentit à nouveau. Toujours rien. Ils entendirent un soupir et les lettres passèrent par dessous la porte d'entrée blanche de l'appartement. Yugyeom releva à nouveau la tête et Jinyoung se leva pour aller prendre le courrier. Il ne prit pas la peine de regarder et les balança sur la table de cuisine.

_ Tes parents t'ont cru, pour l'ami ?
_ Je n'ai jamais entendu ma mère aussi heureuse, elle pense que je commence à guérir.

Yugyeom essuya les larmes de son visage et eut une expression attristé. Ces personnes, ils n'étaient pas ses parents, et il ne le seront jamais. Il ne voulait plus les voir. La pensée que Jinyoung l'accepte, lui faisait un plaisir immense qu'il cachait au fond de lui. Jinyoung, lui, ne l'abandonnerai pas.

_ Tu devrais leur dire que tu sais.
_ Pas maintenant.
_ Quand ?

Yugyeom se leva, et un frisson parcouru le corps de Jinyoung. Le sourire du plus jeune était éclatant, reflétant la peine qu'il endurait. Cependant, il pu apercevoir une lueur d'espoir, un petit bonheur enfouit.

_ Je ne sais pas, pour l'instant, je fuis.

psy. jinyeom.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant