Chapitre 2

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Le réveil sonne, vraiment cette fois. J'ouvre les yeux et regarde instinctivement en direction de mon bureau. Personne. J'arrête la sonnerie de mon réveille-matin qui hurle dans mes oreilles. Je ne crois pas que c'était un simple rêve. De plus, ça fait maintenant six mois, jour pour jour, que mon frère adoré est mort. Il s'amusait à m'appeler sœurette. Ça me faisait rager, mais maintenant j'aimerais encore l'entendre me le dire. Je m'habille et descends déjeuner. Je trouve ma mère et mon père, au salon, assis devant la télévision. Six mois plus tôt, ils déjeunaient à la cuisine vantant les mérites de mon frère : ses buts lors d'un tournoi de soccer, la gentillesse de sa nouvelle copine, et cetera. Depuis la mort de Joey, mes parents ne sont plus totalement présents. Chaque matin, ils se rendent mécaniquement au travail et reviennent tous les soirs. Mon père ne parle plus et ma mère parle pour ne rien dire, comme pour combler un vide. Moi, je continue ma vie. Je me prépare donc un déjeuner constitué d'une banane et d'un muffin. Je les mange en vitesse et pars pour l'école. Je marche jusque chez Charlie comme chaque matin, car c'est sur mon chemin. Habituellement, elle est déjà sur le porche à m'attendre. Il est déjà très tard et elle n'est toujours pas là. Je vais donc cogner à la porte. Sa mère me répond et m'informe que ma meilleure amie est toujours dans sa chambre à se préparer et que je peux aller la rejoindre. Je franchis donc la courte distance qui sépare le hall d'entrée de sa chambre. Par la porte entrebâillée, je la vois qui dort toujours. J'entre la réveiller doucement.

— Que fais-tu ici?
— Tu sais, on a de l'école!
— Oh non! Quelle heure?
— 8 heures. Si tu te dépêches, on n'arrivera pas en retard.

Elle se lève, s'habille, se coiffe et se maquille en vitesse. Nous nous rendons à la cuisine et Charlie prend une pomme en passant avant de sortir. Nous joggons jusqu'à la polyvalente. Je sens une odeur étrangement familière, mais que je n'arrive pas à identifier. Durant notre course matinale, Charlie m'interroge.

— Quand vas-tu te décider à lui demander?
— Mais j'ignore comment! lui réponds-je en rougissant.
— Invite-le à dîner!

Notre discussion se termine ainsi, mais je continue à penser à Alex. Je le croise justement quand j'arrive à ma case. Ce n'est pas très surprenant, c'est mon voisin de casier. Effectivement, je sens son odeur chaque fois qu'on est proche et quand je le frôle, je sens mes poils se dresser sur mes bras et un frisson parcourir mon corps. J'en profite pour l'inviter à dîner.

— Salut.

— Allo! Mélissa, c'est ça?

— Oui.

— Moi, c'est Alex.

— Je sais.

Il y a eu un petit moment de malaise où j'ai regardé mes pieds avant de me décider à poursuivre.

— Que fais-tu ce midi?

— J'ai une pratique de soccer.

— Oh.

Je sens le sang qui s'accumule dans mon visage. Comme je peux être idiote parfois! Et croire qu'un type comme lui aurait voulu passer du temps avec moi.

— Mais on peut dîner ensemble demain, si tu veux.
— Oui, bien sûr! À demain.

Le sourire aux lèvres et la tête dans les nuages, je pars rapidement à mon cours pour ne pas être en retard. À la pause, je rejoins Charlie.

— Comment est-ce que c'est passé ton cours de mathématique?

— Ennuyant, mais...

— Tu as parlé à Alex?

— Oui madame! On dîne ensemble demain.

Le soir, j'appelle Charlie pour lui demander conseil pour ma tenue vestimentaire du lendemain. Après une demi-heure d'argumentation, nous convenons que je vais la rejoindre chez elle le lendemain matin. Elle accepte de me prêter sa petite robe bleue qui me va comme un gant. Nous discutons ensuite un certain temps. Mon téléphone vibre pour m'annoncer un nouveau message. Je souhaite que ce soit Alex. Malheureusement, c'est Laurent qui me salue. Je reste muette un instant.

— Qu'est-ce qu'il y a?

— Laurent m'a écrit, réponds-je toujours ébahi.

— Tu ne l'as pas encore supprimé de tes contacts?

— Pas encore, mais je comptais le faire bientôt.

— Je dois te laisser, je vais souper. À demain.

— OK! À demain!

Je raccroche avant de m'effondrer sur mon lit. Je prends un livre pour passer le temps. Durant la soirée, mon cellulaire vibre à de nombreuses reprises, mais je l'ignore, inquiète de voir le nom de Laurent s'afficher sur mon écran.

Allongée sur mon lit, je fixe mon plafond constellé d'étoiles fluorescentes en pensant à Laurent. Je ne sais pas si je lui en veux plus à lui... ou à moi. Je pense aussi à l'école. Toutes ces choses simples qui ont changé après la mort de mon petit frère. Il était populaire, beau et toutes les filles le désiraient. Il redonnait le sourire à tous simplement en leur parlant. Après sa mort, les élèves ont continué leur vie et les filles ont trouvé une nouvelle proie. Parfois, je me demande comment aurait été notre vie si nous n'avions pas rencontré Laurent. Sûrement mieux... Et plus longue pour Joey.

*****

Qui est ton ami?

Laurent.

Est-ce que tu voudrais me le présenter un de ces jours?

Pourquoi? Tu le trouves mignon?

Je rougis.

*****

Le lendemain matin, je me réveille très tôt et en pleine forme. Je fais ma routine matinale. Je descends ensuite à la cuisine pour déjeuner. Une demi-heure plus tard, je suis prête à partir. Peu de temps après, je suis devant la grande demeure de ma meilleure amie. Elle m'ouvre la porte sans que j'aie le temps de toquer. Une fois dans sa chambre, elle se fait un plaisir fou à me maquiller et à choisir ma tenue.

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Salut, tous le monde! Alors que penser vous de ce chapitre n'hésitez pas à me le dire en commentaire! Merci!
*writing_maë*

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