Trop c'est Trop !

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Elle marchait d'un pas tranquille jusqu'au lycée. Elle était en avance, comme à son habitude, car elle ne supportait pas l'atmosphère stressante de l'orphelinat, les piaillements incessants des petits et les cris des éducatrices. Il pleuvait des cordes et des éclairs zébraient le ciel gris foncé, si bien qu'elle dû sortir son parapluie gothique aux motifs garnis de dentelle. Elle adorait les jours d'orage comme celui-là, elle se sentait dans son élément. Anastasia avait maintenant seize ans et étudiait au lycée Marie Curie. Celui-ci n'était pas encore ouvert, si bien qu'elle décida d'aller au parc le plus proche en attendant. Une fois arrivée, elle s'abrita sous un kiosque couvert de graffitis et décida de finir le livre demandé par la professeur de français . Deux minutes plus tard, l'orage s'arrêta aussi brusquement qu'il était apparut, laissant place à un ciel gris sombre d'où tombait une pluie fine.

Soudain, elle entendit  un bruit sourd, des gémissements  et des ricanements. Elle sortit du kiosque et se dissimula comme elle put derrière un arbre, afin de voir la scène le plus discrètement possible. Ce qu'elle aperçu la fit bondir de colère et de rage : Marietta renversait le sac de cours de Lilas dans l'étang vaseux du parc, tandis que Capucine, en mini-jupe, lui lançait de la boue et lui coupait ses longs cheveux, encouragée par les hurlements hystériques des garçons les plus populaires du lycée. Nicolas était là aussi, un peu en retrait. Il semblait gêné et dégouté à la fois . Lorsque son regard croisa celui d'Anastasia, toujours derrière son arbre, il se figea complètement et se ratatina comme pour disparaître de la surface de la terre. Il avait honte et se sentait lâche, mais il ne savait quoi faire pour les arrêter sans être la prochaine victime à son tour... 

En effet, en tant que petit ami de Capucine, il était dans un situation délicate.

Un hurlement proféré par Lilas le sortit de ses pensées et le décida à essayer de tempérer la situation. Il s'avança vers la bande hilare:

"Hé ! Les mecs ! C'est bon, elle a eu sa dose ! dit-il d'un ton qui se voulait assuré. "

Mais ils ne semblaient même pas l'avoir entendu. Anastasia lâcha un grognement de mépris. Elle ne pensait pas Nicolas aussi faible que ça.

Elle n'avait plus le choix maintenant !

Tout à coup, une rafale de vent d'une puissance inouïe emporta Capucine et  Marietta dans l'étang vaseux et arracha un arbre qui manqua de justesse les cinq garçons, qui, pris par surprise tombèrent dans une grosse flaque de boue puante. Les affaires scolaires de Lilas, quant à elles, vinrent se déposer délicatement sur le rivage. Et, au grand étonnement de leur propriétaire, elles étaient comme neuves ! Pas une trace de vase, de boue ou de stylo ! Elle s'empressa alors de les fourrer dans son sac et de se cacher derrière un bosquet, à quelques mètres de l'arbre d'Anastasia. Une partie d'elle lui disait de fuir, mais en même temps, la suite des évènements promettait d'être comique. Et puis, la vue des deux pimbêches couvertes de boue et de vase ne pouvait que lui faire du bien.

Une fois que Capucine eu repris ses esprits, elle poussa un cri perçant. Nicolas, sans plus attendre, plongea dans l'étang, sous la mine dégoutée d'Anastasia, encore stupéfaite par la force surprenante de sa bourrasque. Il en ressortit, tenant Capucine dans ses bras, tel un conte de fées. Une fois que la jeune fille eut pied à terre, ils se regardèrent avec passion, puis, main dans la main,  s'embrassèrent langoureusement. Pendant ce temps là, Marietta, qui était beaucoup moins jolie que Capucine avec son visage ravagé par l'acné et ses cheveux gras, sortit seule de la mare, un peu jalouse et envieuse. Elle aurait aimé avoir un sauveteur elle aussi !

Ce fut Brian, un ami de Nicolas, qui ramena tout le monde à la réalité :

"Hé , Ho ! Je vous signale qu'on est tous crado et que les cours commencent dans une demi-heure! Faudrait songer à se grouiller quand même parce que perso ça me tente pas de rester toute la journée couvert de boue !"

Il était habitué à  manquer les cours ou à passer ses soirées en retenue (qu'il n'honorait pas par sa présence) mais il tenait absolument à venir au lycée ce jour-là: en effet, le premier match du tournoi de football inter-lycée allait avoir lieu et en tant que capitaine de l'équipe de son établissement, il ne pouvait pas rater ça !

Le naturel de Capucine, être attirante en toutes circonstances,  reprit le dessus. Elle poussa un cri suraigu et s'exclama :

" C'est horriiiiiiiiiiiible ! Je suis dégueu ! Mes cheveux sont plein de vaaaaaase ! Je sens les égouts ! Mes nouvelles chaussures sont fichuuuues ! Et regardez ma jupe, je ne pourrai plus jamais la remettre !

-  T'as pas vu ma veste ! Elle est couverte de boue et elle m'a couté quatre mois d'argent de poche ! rétorqua Marietta horrifiée et rageuse"

C'était à qui mieux mieux et les garçons n'étaient pas en reste ! Lilas et Anastasia étaient aux anges . Tous avaient d'autres préoccupations que de s'interroger sur la puissance incroyable de l'ouragan- Lilas comprise. Une fois le groupe parti, Lilas se retourna et, à sa grande surprise, aperçu Anastasia six mètres plus loin qui lui faisait signe de venir. Lilas s'exécuta de  mauvaise grâce . Qu'allait-il encore se passer ? Elle trouvait la gothique étrange et mystérieuse mais elle adorait son style vestimentaire très élégant et vintage. Honnêtement, Anastasia l'intimidait beaucoup.

"Approche-toi, lui dit cette dernière, prise d'un soudain élan de compassion, ce qui était plutôt rare chez elle. J'ai tout vu, tout entendu. Est-ce que c'est la première fois que ça se produit ? Tu peux parler librement tu sais . "

Elle parlait à la manière d'une grande sœur bienveillante et Lilas sentit qu'elle pouvait avoir confiance :

"D'habitude, ils se contentent de m'insulter ou de me voler mes affaires à la récré, mais là ..."

Elle laissa sa phrase en suspens et éclata en sanglots. Anastasia entreprit alors de transformer ses  cheveux châtains inégaux en une jolie coupe au carré. Lilas se laissa faire, silencieuse. Par bonheur, ses habits n'avaient pas subi trop de dommage, la machine à  laver suffirait à effacer les traces de boue.

" Merci pour tout ! s'illumina Lilas, une fois qu'Anastasia eu fini. Je vais prendre une douche et me changer ! On se revoit au lycée !"

Elle s'apprêtait à partir mais se ravisa :

" Ah, et , au fait, si tu veux tu peux venir chez moi en attendant ! "

Anastasia déclina l'offre poliment.

Elle hésita un instant puis reprit :

" Ça te dit qu'on se mette à côté pendant le cours d'anglais tout à l'heure ?

- D'accord ! répondit Anastasia.

- Ok ! Bah salut! répliqua Lilas en s'en allant. "

Une fois Lilas partie, elle retourna sous le kiosque et reprit la lecture de son livre. Mais au  moment de tourner la page, un petit mot tomba du toit du kiosque .

Il y avait inscrit à l'encre rouge sang : TROP C'EST TROP !

Elle devint blême .



La Rose NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant