Alicia était la déesse des nuages depuis ses vingt ans. Cela faisait des siècles qu'elle l'était et elle avait gardé la même apparence physique. Chaque jour, Alicia prenait son pinceau magique et peignait des nuages de toutes les couleurs. Mais elle se sentait souvent seule et dans ces moments là, du pinceau il ne sortait que du gris, du blanc ou du noir. Les habitants de la planète Utopia étaient affectés par la couleur du ciel. Lorsque celui-ci était de couleurs neutres, les habitants se sentaient tristes, tant dis que s'il était de couleurs vives, les habitants étaient joyeux.
Un jour d'automne, Alicia déprimait et le ciel resta gris durant un mois. Parfois il pleuvait et les habitants étaient malheureux.
Jean, un jeune homme optimiste, essayait de remonter le moral des villageois, en vain. Cependant, en ce jour d'automne, il en eût assez et perdit patience.
"M*rde ! jura-t-il. J'en ai marre de devoir toujours rendre tout le monde heureux alors qu'ils ne font aucun effort ! Si seulement il y avait un moyen de changer ce temps..."
A peine eût-il prononcé cette phrase qu'un bébé ange apparu dans son salon. Jean poussa un cri de surprise.
"Bonjour, dit l'ange.
- Qui es-tu ? Qu'est-ce que tu fais chez moi ? Comment tu as fait pour apparaître comme ça ?
- Calmes-toi Jean...
- Comment tu connais mon nom ?
- Je sais tout de toi. Je suis venu lorsque j'ai entendu ta plainte. Je vais t'aider à avoir ce que tu souhaites.
- Il est où le piège ? Qu'est-ce que je dois faire en échange ? Donner de l'argent ? Faire quelque chose d'illégal ?
- Non, il n'y a pas de piège, c'est gratuit.
- Mmmh..."
Jean plissa les yeux, perplexe. L'ange attendait sa réponse.
"Bon d'accord, finit par dire le jeune homme. On s'y met quand ?
- Maintenant ?
- Ça me va.
- Rappelles moi ce que tu souhaites ?
- Du beau temps pour que les gens soient heureux.
- Bien. On va aller voir la déesse des nuages.
- La... La déesse des nuages ?
- Oui, c'est grâce à elle tous ces nuages, si elle n'était pas là, il n'y en aurait pas.
- Oh..."
L'ange emmena Jean dans ce qui semblait être un cabanon, aménagé comme une maison.
"C'est ici qu'elle vit ? demanda Jean.
- Oui, répondit l'ange.
- C'est petit pour une déesse."
La petite maison comportait une grande pièce seulement. Il y avait un grand lit dans un coin, une table avec quatre chaises autour au milieu et une baignoire en face du lit. L'ange invita Jean à prendre place à la table. Ils s'assirent.
"Tu connais la déesse des nuages ? demanda Jean.
- Oui, elle s'appelle Alicia.
- Tu peux m'expliquer comment elle fabrique les nuages ?
- Elle ne les fabrique pas, elle les peint dans le ciel avec un pinceau magique. Les couleurs qui sortent de ce pinceau sont différentes en fonction de son humeur. Mais comme elle se sent seule en ce moment, le pinceau ne fait que du gris.
- Oh, je vois."
Jean et l'ange ne savaient que dire mais le silence ne fût pas long : une jeune femme entra dans la pièce. Elle ne paraissait pas étonnée de voir des personnes assistent à la table. Elle soupira.
"Alicia, dit l'ange, je te présente Jean.
- Ah, salut Jean, dit Alicia. Que viens-tu faire ici ?
- Je... Très honoré de faire votre connaissance mademoiselle la déesse des nuages. Je... Voilà, je suis venu car je souhaite avoir du beau temps pour que les habitants de mon village soient heureux. Je fais des efforts pour qu'ils le soient, j'en ai fait tous les jours mais rien ne marche. Pourriez-vous y faire quelque chose ? Je vous en prie.
- Eh bien... Je ne sais pas si je peux résoudre ce problème. Tu sais, je ne peux pas décider des couleurs qui vont jaillir du pinceau magique.
- Mmmh je vois... Et si vous ne peigniez pas, qu'est-ce que ça ferait ?
- Je ne sais pas, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
- Nous pourrions essayer ? tenta Jean.
- Non, je ne préfère pas. Et si le malheur s'abattait sur nous ?"
Jean ne répondit pas, il était pensif. Sa tête entre ses mains, il fixait la table. Soudain, une idée lui vint : il allait rendre la déesse des nuages heureuse.Les jours passaient, Jean et Alicia se rapprochaient l'un de l'autre. Jean complimentait la déesse des nuages, lui donnait des petites attentions, lui offrait des fleurs ou des bijoux, l'emmenait manger dans un restaurant... Alicia était heureuse et peignait de magnifiques nuages. Les habitants d'Utopia étaient enfin heureux.
Des jours, des semaines, des mois, des années passèrent ainsi, mais Jean étant un humain, il vieillissait. Il ne fût bientôt plus en mesure d'offrir autant de choses à Alicia, qui avait peur de le perdre. Il fût interné dans un hôpital pour y passer ses derniers jours en compagnie de celle qu'il amait. Mais Alicia était très inquiète et jusqu'au jour de la mort de Jean, elle ne peignit pas, laissant le ciel vide. Les Utopiens étaient inquiets et la peur s'installa sur la planète. Certains annonçaient le début de la fin, la prophétie de l'enfer. Lorsque Jean rendit son dernier souffle, Alicia était plus triste que jamais et peignit un ciel noir ravagé par la foudre, la pluie et les tempêtes. Sur la planète Utopia, le chaos avait pris place. Personne n'osait sortir de chez soi.
Une semaine passa ainsi dans l'horreur la plus totale, jusqu'à ce qu'un jour, un être de lumière se posa sur un des nuages monstres d'Alicia. Les habitants, intrigués par cette lumière alors qu'ils avaient passé une semaine dans le noir, parlaient d'un ange gardien venu les sauver.
L'être de lumière s'approcha d'Alicia qui stoppa son pinceau. Elle était ébahie par ce qu'elle voyait. Sans un mot, la déesse et l'ange se regardaient mais se comprenaient. Ils s'enlacèrent, provoquant une explosion de couleurs inimaginables. Les nuages noirs disparurent pour laisser place à une palette de couleurs merveilleuses.
"Oh Jean, je suis si heureuse de te retrouver, parvint à articuler Alicia dans ses pleurs.
- Moi aussi ma belle", lui répondit Jean.
Les couleurs vives étaient revenues dans le ciel et, voyant cela, les Utopiens crièrent de jour et pleurèrent de soulagement./!\ Pour celles et ceux qui veulent une bonne fin, ne lisez pas l'épilogue. /!\
Épilogue :
Jean et Alicia, se serrant si fort, fusionnèrent ensemble pour ne laisser place qu'à un seul être comportant les deux esprits. Malheureusement, cet être schizophrène ne parvint qu'à détruite Utopia et ses habitants après de longs siècles d'apocalypses et d'agonie.
Fin.
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Inspiration
Short StoryDes petites histoires indépendantes les unes des autres racontées à partir d'une simple image.