1: anniversaire

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4 ans plus tard ,21 juillet. 

Le soleil brille, éblouissant, la chaleur est étouffante, suffocante même, et le ciel "bleu" se pare d'une teinte délavée. La magie de la pollution estivale, les parisiens sont pourtant en vacances mais il en demeure tout de même un épais nuage de particules fines qui colore le dessus de nos têtes, apportant de la grisaille même quand il fait beau.

Comme chaque jour je me rend au Trocadéro, ce n'est pas très loin, et je m'y sens bien.
Assise sur une marche, je regarde sans vraiment le voir le ballet incessant des touristes, rivalisant d'ingéniosité pour avoir un cliché orignal avec la grande dame de fer.
Mes yeux se pose sur le monument, elle est belle, telle que je l'ai toujours imaginée, imposante, majestueuse, elle devrait me rendre heureuse.
Pourtant comme chaque jour je prie en la regardant, j'adresse toutes mes pensées à celle qui se dresse fièrement devant moi. Je lui demande secrètement de lui dire que je l'aimais, que je l'aime toujours, que j'ai mal.
Quand je repense à nos projets je me dis que si l'au-delà existe il doit être en train de me regarder en cet instant.
Mon coeur va exploser. Quatre longues années se sont écoulées depuis l'accident, quatre années que nos chemins se sont séparés.

Je suffoque, ma poitrine se comprime douloureusement, le chagrin est puissant, dévastateur, je voudrais hurler ma peine, mais seul des torrents de larmes inondent mon visages.
Au milieu de tout ces gens heureux, je pleurs, je laisse l'expression de ma colère se déverser en ce jour anniversaire.

Comment a t'il pu me faire ça? Comment puis-je encore trouver la force d'avancer alors qu'il n'est plus là?

Adrian

J'aimerais baisser les bras, abandonner. Seulement je me suis tellement battue, j'ai tant souffert, j'ai eu si peur, qu'aujourd'hui je ne peux tout simplement pas laisser tomber.

Adrian

Secrètement nous parlions de l'avenir, Paris nous faisait rêver, on avait fait le pari fou qu'un jour nous escaladerions la tour Eiffel. Des provinciaux qui domineraient la capitale. Des paroles en l'air, des promesses faites à demi mots.

Adrian

Nous étions quatre, il n'y avait pas de place pour l'intimité, et bien que maintenant je sois consciente qu'il existait des affinités allant bien plus loin que l'amitié, nos projets on ne les inventait qu'à deux le soir en regardant les étoiles. Je l'aimais tellement, j'étais prête à tout pour eux, pour lui, sauf peut être à mettre des mots sur mes sentiments.

Adrian

A dix huit ans c'était trop beau, trop fort, trop fragile, nous avons tous eu peur de gâcher notre amitié en parlant d'amour.

Adrian

Son prénom est comme une étourdissante litanie, il est là, je le sens, près à franchir la barrière de mes lèvres. Mais plus jamais je n'ai pu l'appeler. Si seulement j'avais pu lui crier que j'étais toujours là, si seulement j'avais pu lui murmurer mes sentiments, si seulement j'avais chuchoté son nom. Peut être m'aurait-il entendu, peut être serait-il encore là.

Les paupières closes, les points serrés, je tremble, envahie par cette panique. Est-il réellement parti?
Mon pouls s'emballe, j'ai si peur, de quoi sera fait le futur s'il n'est pas avec moi pour le partager? Je vis dans l'attente d'un retour, je vis dans le déni de sa perte.

La vie n'a pas le droit d'être si injuste, pourquoi m'avoir laissée brisée, handicapée, et m'avoir ravi l'amour.
Je ne méritais pas une seconde chance. Nous méritions une ultime chance.

Adrian si tu me vois, regardes dans quel état je suis, vois comme ma vie est un combat quotidien, je suis en colère après toi, et pourtant je donnerais tout pour te revoir, même si il s'agit de se dire adieu. Car la vie m'a même enlevé ça, te dire au revoir.
Tu es parti comme le lâche que tu n'étais pas, tu n'as rien laissé car tu leurs à dis que je ne reviendrais pas. Tu t'es envolé, tu pensais me rejoindre et pourtant moi je suis encore là.

Ta culpabilité t'a arraché à moi, ton chagrin t'a poussé dans le néant, pourtant tout ça n'était qu'un accident, je t'aimais Adrian.

Je suis seule, perdue, anéantie, et pourtant je me relève, comme toujours. Je veux vaincre ce cruel destin, mon coeur saigne, et comme s'il partageait ma peine le ciel se couvre d'épais nuages noirs.
Un pied devant l'autre je fend la foule, jusqu'à me retrouver face à elle, face à nos rêves d'adolescents, les yeux baignés de larmes je pris le ciel de me laver de tous ces maux. Les heures ont passés fini le soleil de l'après midi, le tumulte fait à présent rage, l'odeur si caractéristique de la pluie empli l'atmosphère. Autour de moi les gens se pressent, une dernière photo, un sourire, ils immortalisent leur joie.

Je n'ai pas de photo de toi, comme si tu n'avais jamais existé.

Une goutte après l'autre, la paume de mes mains tendue vers le ciel, j'imagine tes larmes, ta souffrance, je sais que tu es là, quelque part , que tu m'attends.

Je voudrais tant être une fille normale, quelqu'un que l'on aime, pas les restes de celle que j'étais.

Maux pour motOù les histoires vivent. Découvrez maintenant