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Louis était assis à côté de moi.
On s'était installé sous la coque de l'avion : une pluie tropicale tombait du ciel, trempant le sol et l'air.
Je l'observais, les bras ballants. Il avait déniché une petite lame, quelque chose comme un couteau suisse, et s'amusait à tailler des branches d'arbres, en petites pointes qu'il enfonçait dans le sol, en petits cercles. Je le regardais, sans bouger. Il avait  soigné ma jambe avec des plantes et produits survivant au crash.

Il parlait à peine, voir ne disait rien du tout.

J'avais faim. Vraiment faim. J'ai vu le jour et la nuit se lever trois fois, depuis l'accident. Louis ne semblait imperturbable : il ne mangeait, buvait et dormait pas, taillait son bois humide en écoutant les gouttes de pluie, qui me berçaient doucement,

Je me réveillais, sous un soleil doux et clair : l'air sentait l'humidité, la rosée, et le sol était encore boueux. Louis ne taillait plus son bois, il pensait. Adossé contre une planche métallique, avec des fruits disposés devant lui. Des ananas, bananes et mangues, reposaient tranquillement sous mes yeux. Louis me regardait, et me fit signe de son menton : je n'hésitais plus, saisis un mangue et en arracha la peau, et mordis goulument sa chair : le jus coula entre mes lèvres et le gout du fruit s'infiltra dans ma bouche : je n'eus jamais autant savouré quoi que ce soit qu'en cet instant.

Louis pris une banane entre ses fins doigts, l'éplucha, et croqua sa chair pulpeuse, par petit bouchées.

Les fruits diminuèrent, et c'est rassasiée que je décida d'économiser les fruits pour plus tard. Je regardais le ciel.

Que faire désormais ? Attendre un quelconque secours ? partir d'ici, chercher une civilisation ?

CRASHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant