— Abigaël, reste ici. Je dois te parler.
Le repas terminé et le ventre rassasié, je sortais de la cabine, quand le Capitaine m'a dit ces quelques mots qui m'ont tout de suite rendue nerveuse.
J'ai jeté un coup d'œil inquiet à Rupert et Isaac, qui me suivaient, et ceux-ci m'ont lancé des regards d'encouragement. J'ai pris une profonde respiration et, la tête haute, je me suis dirigée vers le Capitaine.
Il s'était assis derrière son bureau et avait déposé ses pieds sur celui-ci. J'ai remarqué un bandage au niveau de sa clavicule, à l'endroit où je l'avais atteint avec mon poignard durant le duel.
Le Capitaine m'a indiqué une chaise devant le bureau et je m'y suis assise, essayant de paraître le plus décontractée possible.
— Alors, Abigaël..., a-t-il commencé calmement.
— C'est Abby, l'ai-je interrompu.
— Tu te réjouis de ta victoire ?
— Certainement. J'ai pu dormir dans un hamac et manger les délicieux repas du charmant cuisinier.
Étonnamment, mon sarcasme a fait rire le Capitaine. Mais il est redevenu sérieux assez vite et a continué :
— Je t'ai fait venir ici pour clarifier quelques petites choses. D'abord, je tiens à ce que tu saches que je t'ai laissé la vie sauve au combat d'hier seulement parce que j'avais besoin de toi pour quelque chose.
— Et ça consiste en quoi ?
— Tu vois, lorsque nous t'avons faite prisonnière tu avais un objet bien intéressant en ta possession.
Il a pris un parchemin jauni sur le bureau que j'ai immédiatement reconnu.
— La carte, ai-je murmuré dans un souffle.
— Dans le mille. La carte qui mène à l'arbre magique, dont les fruits rendraient immortels.
— Rend-moi cette carte.
— Tu as le sens de l'humour, toi.
J'ai serré les poings. Je n'avais qu'une envie : le frapper de toutes mes forces et déformer son joli visage.
Le Capitaine a poursuivi :
— Figure-toi que tu n'es pas la seule à vouloir être immortelle.
— Je ne vois pas comment je pourrais t'aider.
À peine avais-je prononcé cette phrase que l'évidence m'a sauté aux yeux.
— Ah, mais bien sûr ! Personne ici ne sait lire sauf moi, donc tu as besoin de moi pour vous conduire jusqu'à l'arbre.
Le Capitaine a semblé décontenancé par mes déductions et il en est resté muet quelques instants. Puis, il a dit :
— Et bien, tu sais maintenant ce que j'attends de toi. Il y a des indications sur la carte et tu vas me dire ce qu'elles signifient.
Il a pointé du doigt les directives sur le parchemin. J'y ai jeté un coup d'œil avant de dire :
— Et qu'est-ce que j'obtiens en échange ?
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La Voleuse des Mers
AdventureAu XVIIIe siècle, la plupart des filles de 17 ans sont à la recherche d'un homme riche à marier, et non d'un trésor caché. La plupart des filles sont vêtues de robes bouffantes et élégantes, et non d'un chapeau en cuir triangulaire. La plupart des...