✨ Chapitre 13 ✨

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- Tu es sûre que c'est le bon chemin ? m'interroge Raphaël.

Je souffle une énième fois depuis le début de la journée.

- Oui, j'en suis sûre. J'ai vécu ici pendant des années !

Voilà depuis maintenant quatre heures que nous marchons dans les plaines de l'Eladaméa avec Raphaël. Sauf que celui-ci est complètement dépaysé et a peur de se perdre.

- Puisque tu as l'air de si bien connaître la région, pourquoi tu n'ouvres pas un satané portail magique pour qu'on s'y rende plus rapidement ?

Je m'arrête dans ma marche et attends qu'il arrive à mon niveau. Je suis à fleur de peau depuis ce matin et son attitude puérile m'exaspère au plus haut point !

- Raphaël, écoute-moi bien parce que j'en ai marre de répéter les mêmes choses plusieurs fois. Si on ne prend pas de portails magiques c'est parce que nous ne sommes pas sûrs qu'ils soient encore à See&Luce, d'accord ? Si nous marchons, nous trouverons peut-être des indices ou des choses comme ça dans l'environnement. En plus de cela, jusqu'à preuve du contraire, il reste encore pas mal de Maîtres chez les Endoriens et ils ressentent la magie étrangère. Je n'ai pas envie qu'ils croient que nous venons pour les anéantir une nouvelle fois !

Ce discours achève d'inquiéter Raphaël. Nous repartons de plus belle dans l'ascension de la colline. Mais après encore une heure de marche, nous apercevons la grande école, déserte. Il n'y a plus âme qui vive.

- Pourquoi tu n'appelles pas télépathiquement un de tes amis pour qu'il nous dise où ils sont ou du moins qu'ils viennent ? me demande mon frère en s'asseyant par terre.

- Parce que je ne peux que répondre à un message télépathique. On ne m'a jamais appris à faire l'inverse.

Il hoche la tête et je m'assois à côté de lui pour me reposer un peu. Il me tend sa bouteille d'eau et je bois avidement le liquide froid.

- On aurait dû utiliser nos ailes ! souffle le râleur de service.

- Et se faire repérer à un kilomètre à la ronde ? Non, merci.

Il me prend par les épaules et s'exclame en me secouant légèrement :

- Mais qu'est-ce que tu as bon sang ? Depuis ce matin tu me réponds froidement, tu m'envoies balader et tu sers les poings ! Qu'est-ce qui se passe ?

Je sens mes ongles se planter dans ma peau.

- Écoute, Raphaël, j'en ai juste marre ! J'en ai ras-le-bol de tout, de ma vie. Ça fait plus de neuf ans que... que je suis sous l'emprise d'Arittan, qu'il me fait vivre des horreurs ! Et le pire dans tout ça, c'est que je m'y habitue de plus en plus. Je m'accommode de toutes ces cruautés, je m'habitue à tous ces morts ! Ça devient obnubilant et je fais des cauchemars presque toutes les nuits ! Là, par exemple, je vais aller revoir ceux avec qui j'ai vécu pour quoi ? Pour leur dire de venir assister au meurtre de leur chef, de ma mère ! Alors voilà, il y a des moments où je n'en peux plus, où je ne supporte plus rien. Du coup, je réponds comme cela car c'est la seule chose qu'il me reste encore pour me battre...

Á ces mots il reste complètement muet. Un gros paradoxe par rapport à son attitude de tout à l'heure. Mais lorsqu'il tourne la tête, je remarque que des larmes perlent dans ses yeux azurs. Alors nous nous prenons instantanément dans les bras l'un de l'autre comme deux aimants inévitablement attirés.

- Je te jure de tout faire pour te sortir de là, pour que tu sois heureuse. Je te le promets...

Il embrasse tendrement ma tempe, tel un grand frère protecteur. Et nous restons dans cette position pendant un moment. Cet instant me fait beaucoup de bien et me requinque pour la suite des événements à venir.

Résurrection (T.2 Ma Face Cachée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant