La rencontre

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L'homme s'assoit face à moi, à notre petite table. Gracieusement, il prend une gorgée de son café. Puis, il énonce :
— Je m'appelle Dylan.
En disant cela, il ne me lâche pas des yeux. En plus, la façon dont les mots sortent de sa bouche est si captivante et aphrodisiaque que je dois m'efforcer de ne pas observer trop longtemps celle-ci.
— Lana, dis-je après m'être raclée la gorge.
L'homme me détaille légèrement, la tête penchée sur son épaule.
— Diminutif d'Alana, n'est-ce pas ? Sa voix rauque me demande soudain.
Quoi? Je manque presque de respirer quand je réalise qu'il vient de deviner mon prénom complet. Je hoche la tête, les sourcils froncés et Dylan passe son index sur sa lèvre inférieure, l'aire satisfait. Mais qu'est-ce qu'elles sont belles ses lèvres, je me surprends à penser... Je lève les yeux, ses yeux dorés me jaugeant et je m'empresse de détourner le regard vers quelque chose de moins stimulant. Je regarde autour de moi et je réalise que la café est assez occupé. Enfin, ma bouffée de chaleur s'adoucit lorsque j'apporte mon attention sur les conversations mondaines, les clients pressés qui commandent au comptoir et l'ennui des employés effectuant des tâches ménagères.
— Vous me semblez préoccupée, m'indique Dylan en amenant sa tasse à ses lèvres.
Non! Je ne suis pas préoccupée. Mal à l'aise serait le mot juste Dylan ! J'ai presque envie de lui crier. Cela faisait à peine deux minutes que je l'avais rencontré et cet homme avait déjà réussit à me déstabiliser dans tous les sens... J'ai simplement fait l'erreur de m'asseoir à une table occupée et me voilà désormais prise au piège du regard le plus brûlant que j'ai croisé de ma vie... Sans le regarder directement je lui bafouille que mon inconfort est du au décalage horaire.
— Oh, vous avez voyagé... Dans quel coin êtes-vous allé?
Sa voix est chaleureuse, peut-être amusée, mais son visage reste impassible.
— F-France.
Je me contente de répondre en un seul mot,  la formation d'une phrase complète m'étant soudainement parut impossible. Dylan hoche la tête, l'aire vaguement intéressé. Il était poli surtout, essayant de faire la conversation avec moi. Ce qui n'était pas facile, car je suis de nature timide et en plus incapable de le regarder dans les yeux plus de 3 secondes. Un silence passe à table et c'est légèrement inconfortable, mais au moins, je suis libérée du regard doré. En effet, celui-ci s'est abaissé vers mon bouquin plié en deux sur la table. D'un air songeur, le dénommé Dylan vient saisir le livre pour l'ouvrir. En retenant pratiquement mon souffle, je le regarde feuilleter les pages du livre, son index glissant lentement sur la couverture toute usée tandis que son pouce en retient l'extrémité pour garder le livre ouvert. écarté. Un courant passe sous ma jupe et je serre les cuisses, comme si l'homme venait d'entrer dans ma plus grande intimité. Je me sens toute nue tandis que ses yeux parcourent les nombreux passages soulignés et les notes que j'ai prises dans le roman.
— J'en conclu que vous aimez George Beck ?
L'étranger murmure, le sourcil arqué en refermant le livre. Il plaisant j'espère ! Il s'agit de mon écrivain favori. Un sourire béat se dessine sur mon visage. 
- Oui. Cette œuvre en particulier. C'est son travail le plus remarquable à mon avis ! Un détective rigoureux derrière lequel se cache un véritable tueur en série... Quel coup d'éclat ! Et on le découvre seulement à la toute fin, dans le dernier chapitre, lors du meurtre de sa dernière victime, Darla, la seule femme qu'il a aimé. Son amour pour elle est si...troublant, il l'assassine à coups de baisers et de hache en l'implorant et en pleurant toutes les larmes de son corps. Cette partie, je l'adore! Je la savoure à chaque fois. Beck a cette façon de chambouler les esprits avec des monologues internes tellement cruels que c'en est presque réconfortant.

Soudain, je m'arrête. En plein milieux de ma phrase je cesse de parler. Instantanément prise d'une terrible gène, je me racle la gorge en baissant les yeux. Pour une fille timide, il m'en a fallut peu pour que je dévoile mon côté nerd. 

- Désolé... J-je me suis laissée emporter.
Au moment où je commençais à m'embarrasser d'excuses, une voix vient à m'interrompre.
- Non! Ne vous excusez pas.
L'homme en face de moi a dit fermement. Sa mâchoire est contractée, mais ses traits adoucis. Il secoue la tête avant d'ouvrir la bouche.
- Les yeux qui s'illuminent et le visage tout émerveillé... Il n'y a rien de plus beau qu'une personne passionnée. La passion est quelque chose de précieux et de sincèrement splendide... Alana, pourquoi vous excusez ? J'aurais pu vous écouter pendant des heures. Je ne voulais pas que vous vous arrêtiez, car vous étiez magnifique.
Il me lance d'une traite. Ses paroles me laissent bouche bée. Je rêve où il a dit qu'il me trouvait magnifique ? Comme s'il jaugeait ma réaction, ses yeux me détaillent intensément. Pour la première fois, je ne me détourne pas. Je soutiens le regard doré et déstabilisant de Dylan, étudiant l'impressionnante beauté de ses prunelles. Trop rapidement, mon cœur s'emballe. En à peine quelques secondes, mes joues s'empourprent et je brise notre œillade, baissant les yeux vers ma tasse de café.
- Tout de même, je n'aurais pas dû vous spoiler la fin du livre comme ça...
Je murmure en tournant ma cuillère dans ma tasse avec une légère amertume dans la voix.
- Oh ne vous en faites pas! J'ai étudié Beck au bac en études littéraires.
Il répond nonchalamment en haussant les épaules. À cet instant, je laisse tomber ma cuillière dans ma tasse. Bac... en... études... littéraires ! Abasourdie, je répète ces mots dans ma tête à plusieurs reprises. Jusqu'à ce que la réalité s'encre finalement dans mon esprit. Il a fait un bac. Il est allé à l'Université. Il est donc plus vieux que moi. Et pas qu'un peu!  Oh bon sang...
— Et vous, les études?
Sa voix rauque me fait revenir sur terre. Je manque presque de m'étouffer avec ma salive. Mais quelles études? N'était-il pas évident que je n'en étais qu'à ma dernière année de lycée ? Cependant, j'omets de lui dire cela. À la place, ma bouche s'ouvre pour lui répondre :
— Euh... je m'oriente vers la littérature et... J'écris aussi, mais, pour le moment, c'est seulement personnel. Rien que pour moi...
Je bafouille une vague réponse sans mentir, mais en atténuant la vérité seulement pour les besoins de la cause.
— Bien. Il semble alors que nous ayons beaucoup en commun vous et moi, dit-il avant d'amener sa tasse à ses lèvres.
Peut-être bien si on oublie le fait que moi, je ne suis pas diplômée ! ma conscience tente de me ramener à l'ordre. Cependant, je suis déjà trop sous l'emprise de cet homme pour écouter ma conscience. Et, en vérité, le fait qu'il soit plus vieux le rendait encore plus attirant. Je devine qu'il travaille dans une boite d'édition de la région désormais ou comme bibliothèquaire. Ou sinon, peut-être qu'il s'était orienté vers l'enseignement ? ... À bien y penser, cette dernière proposition est improbable. Il est beaucoup trop sexy pour être prof !
— Peut-être que j'aurais la chance de vous lire un jour, Alana...
Sa voix rauque m'interrompt soudainement dans mes pensées. Nos regards se croisent et je rougis encore une fois. Me lire? Ce mot, j'ai l'impression qu'il fait communément double sens dans nos esprits.
— Ah oui ? Vous le voudriez ? Je couine en haussant un sourcil.
— Bien sûre. Je serais intéressé de savoir sur quoi écrit la fille qui a eu le culot de voler ma table.
Il répond d'un ton sérieux, mais avec un sourire taquin. Sa blague me fait rire aux éclats, un peu trop même. Je me calme et il passe son doigt sur sa lèvre en m'observant attentivement. Bon ça y est, une autre bouffée de chaleur m'envahit. Mon dieu, quelque chose en ce Dylan me déstabilise complètement. Je n'ai jamais rencontré personne comme ça. Il avait ce je ne sais quoi, un charme inné et bien propre à lui...
Soudain, sa voix interrompt mes pensées désinvolte. Il me propose ;
— Et si on partait d'ici?

*

La tension à la table était élevée lorsque nous l'avons quitté. Comme hypnotisée, j'ai suivit Dylan jusqu'aux toilettes des garçons. Heureusement, elles étaient vides quand nous y sommes arrivés. Très vite, il a avancé son corps près du mien et j'ai remarqué qu'il avait une tête de plus que moi. Assoifée, j'ai humé l'odeur de son parfum alors qu'il diminuait rapidement la distance séparant nos deux corps.

— Est-ce que je peux vous embrasser, Alana?

Il m'a demandé mon accord comme si cela n'était pas évident que j'en mourrais d'envie. J'ai vite hoché la tête, avide de lui et dès lors, d'un geste délicatement brusque, il a plaqué sa bouche contre la mienne. Ses lèvres goutaient l'interdit, l'exaltation et le café noir. Sans lâcher les miennes, Dylan m'a soulevé par les hanches pour m'asseoir sur le comptoir. J'ai gémis, fourrant ma main dans ses cheveux tandis que sa langue est venue caresser la mienne. Il embrassait vraiment comme un dieu. J'étais encore dans tous mes états quand il a finit par se reculer légèrement pour reprendre son souffle.

— Je m'étais pourtant juré de ne jamais faire ça dans une toilette...
Il a marmonné contre mes lèvres le souffle court.

J'ai gloussé. Jamais je n'aurais cru faire ça moi non plus! Qu'est-ce que mes parents auraient pensé s'ils m'avaient vu faire? C'est à ce moment précis que je me suis souvenue que j'avais promis à maman de revenir pour diner.

— Merde... I-il faut que j'y aille!
J'ai dis rapidement en descendant du comptoir.

Puis, j'ai commencé à marcher vers la sortie, mais avant d'atteindre la porte, je me suis retournée pour le regarder.

— Quand est-ce que l'on va se revoir?
Je lui ai demandé le sourcil arqué.

Dylan s'est léché la lèvre.

— Demain après-midi, à la même table?

TEACH ME - Dylan O'Brien [partie 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant