06.

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Bête humaine..

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• Point de vu omniscient.

Ahmed avait toujours vécu à la Cité d'Or, tout comme Sabri, tout comme Emre. Ce quartier les avait en effet vu grandir, les trois en même temps en plus de ça. Comme il disait dans la partie précédente, chaque homme à son histoire.. Plus ou moins douloureuse, plus ou moins percutante, et c'est pas faux. D'ailleurs, chaque homme comme chaque femme. Derrière tout sourire se cache des blessures, des traces de guerre. C'est comme ça depuis l'âge de pierre, c'est bien connu.. Et puis c'est logique, chaque Homme à son passé, son histoire.

Avant d'être un amoureux du sport et d'avoir cette musculature, Ahmed avait du entraver bien des épreuves. Dès la naissance il avait été placé en orphelinat, grossesse non-souhaitée ou faute de moyen, on a jamais su pourquoi il s'était retrouvé dans ce traquenard. De sa toute sa vie il n'avait jamais rien su de ses véritables géniteurs mis à part qu'ils étaient d'origine algérienne et donc par conséquent lui aussi. Enfant turbulent, intenable à l'école, bagarreur avec les autres enfants de l'orphelinat.. Il avait beau avoir un grand cœur, Ahmed détestait qu'on vienne lui chercher des poux, c'était du genre à rendre au centuple, et avec ses poings. Il n'était pas là pour rigoler avec les gens, c'était une certitude.

Lorsqu'il eu ses huit ans, il avait été adopté par un couple qui lui aussi habitait à la Cité d'Or. Content de sortir de cette galère sans changer ses repères, il se mit en tête qu'il devait être aussi adorable qu'avec les parents de ses amis qu'il considérait comme ses frères.. La zone de turbulence dans sa tête était en feu, finalement la violence il aimait ça, c'était sa manière de tout ressortir. La gentillesse de ses parents adoptifs l'avait marqué, Ahmed s'était senti aimé et à sa place avec eux.. Il n'avait eu aucun mal à les appeler "papa et maman", toute son enfance il avait attendu pour pouvoir enfin dire ça.. C'était un rêve de gosse réalisé.

À ses quinze ans, rebelotte, retour à l'orphelinat : ils avaient fait un accident de voiture auquel ils n'avaient pas survécu. À ce jour, le jeune bambin se demandait s'il n'avait pas été maudit. Pour autant, il n'était pas redevenu violent, au contraire. Il réfléchissait de plus en plus au sens de sa vie.. Quelques mois plus tard, le frère de sa mère adoptive avait réussit à récupérer la garde du jeune Emiri. Son oncle, un passionné de sport l'emmenait à tous les matchs possible, foot, hand, basket, tournois de boxe.. C'est là qu'Ahmed fut émerveillé, il voulait faire de la boxe lui aussi. Ce que le petit prince veut, le petit prince fera, à peine une semaine plus tard il ramenait son neveu aux entraînements qu'il donnait dans une salle qu'il gérait.

Salle qui, dès son décès cinq ans plus tard sera léguée à Ahmed, après avoir vu son amour pour la boxe et le sport plus généralement. Ahmed avait tout récupéré de son oncle, son appartement, ses comptes, tout.. Pour lui c'était le décès de trop, une balafre en plus dans son pauvre coeur. Pas longtemps après, son meilleur-ami, Emre, s'était fait soulever : direction Fresnes et pour une année pleine. L'âme d'Ahmed se nourrissait du peu de joie qui l'entourait, entre les parlus, la salle et Sabri, il n'avait pas grand nombre de choses à faire.. Ahmed aimait ses amis, il aurait fait n'importe quoi pour eux, c'était plus que de simples amis, c'était ses frères, sa vraie famille.

À la Cité d'Or, les filles aiment les mecs bien gaulés, les mecs friqués.. Tout ce que devenait Ahmed avec sa salle de sport en plein essor. Au départ il s'amusait bien, il plaisait, il aimait ça, alors les conquêtes de courtes durées défilaient. Jusqu'au jour où il la remarqua Elle. Aminata Fatima Céphora Diallo, tout simplement âgée de trois ans de moins que lui. À l'époque elle laissait encore ses cheveux bouclés, elle était là, ses reflets bruns, sa djelaba blanche qui contrastait avec sa peau, et le visage naturel sans manquillage. Pour Ahmed ce fut le coup de foudre.. Il la trouvait tellement belle. Depuis ce jour, le petit Emiri a totalement banni les galipettes par-ci par-là.. Puis il apprit que c'était la sœur d'un ami à lui, ou plutôt d'une connaissance. Ça lui avait fait un froid, mais bon, comme Sabri lui avait dit, les sentiments ça s'contrôle pas vraiment..

Même s'il avait tenté tant bien que mal, Ahmed n'avait pas pu cacher son terrible béguin pour la beauté de cette femme à la peau chocolatée. Il était cramé, plus la peine d'en discuter.. Dès sa sortie de prison, Emre avait tout compris. Il fallait juste voir comment Ahmed la regardait, on aurait dit un gosse bavant devant son amoureuse du CP. Il avait toujours été poussé par ses amis à aller lui parler, mais jamais il n'avait osé. Qui pourrait croire que derrière toute cette masse de muscle se cache donc un homme timide ?

N'empêche il devrait tenter sa chance, c'est carrément son style. Aminata aimait les hommes à la peau matte, mâchoire carré, ayant un air viril.. Pour elle Ahmed aurait été le jackpot, le pot plein, la bonne pioche. Il était tout ce qu'elle aimait. Même si elle l'avait vu deux trois fois sans plus abuser, elle ne lui avait jamais parlé, tout les séparait..

Il avait l'habitude de la regarder depuis son balcon lorsqu'elle était dehors.. Aussi étrange que cela puisse paraître.

- T'as pas fini d'la mater comme un pervers ? lâcha Emre en allumant sa cigarette.
- Sur ma mère tu fais flipper Ahmed, lança Sabri en répétant la même action.
- Oh vos gueules bordel, j'peux même pas m'pavaner sur MON balcon ?
- *rires* Mais va lui parler t'es sérieux ? rétorqua Sabri.
- *rires* Le gars il a chiné l'élite, des gos il en a à gogo, mais il bégaie devant celle qu'il keaf.. On t'comprends pas wesh !
- *rires* Vous croyez c'est facile ?? ajouta Ahmed.
- *rires* Oui, mais toi t'es une shmet, vociféra Sabri.
- La plus grooooosse des shmets, dit Emre en rigolant.
- En tout cas moi j'ai pas peur des chiens.., rajouta Ahmed mort de rire.
- *rires* Enculé, lâcha Sabri.
- *rires* Ça t'es pas passé cette phase de pédale ?! lança Emre pour se moquer.
- *rires* Sur ma mère maintenant que la shmet c'est celle qui perd contre moi à FIFA ! dit Sabri d'un air sérieux.

Comme au bon vieux temps, ou plutôt comme toujours, cette querelle se réglera à coup de PlayStation..

Double A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant