Double A.

09.

No sense.

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J'me lève le lendemain, il est midi douze. J'me regarde et déjà de un, j'me suis endormie j'étais même pas dans ma couette et de deux, j'suis encore habillée. Heureusement que j'ai pas bu j'aurais fini sous-terre avec la gueule de bois. J'me relève doucement et j'vais prendre une douche avant d'aller manger.

Après tout ça je poireautais dans l'appart sans vraiment trop savoir quoi faire. Je m'ennuyais pour tout vous dire. Une fois que t'as regardé toutes les stories snap - alors que d'habitude tu regardes que celles qui t'intéressent -, que t'as fait ton ptit tour quotidien sur twitter et facebook.. Franchement il te reste pas grand chose à faire. J'ai fait le tour de ce qu'il y avait à la télé, entre le 12.45 et le JT de Pernault, j'ai vite fait le choix aussi j'vous le dit. J'ai finit par mettre Trace Urban pour faire le ménage. Vaisselle, faire tourner la machine, balais, serpillière, faire sécher le linge, nettoyer la salle de bain, ranger ma chambre, nettoyer les miroirs, souffler, toucher mon dos, penser à payer une femme de ménage, se rappeler que j'ai pas d'oseille.. Rigoler, continuer de faire la Cendrillon 2.0.

Une fois fini j'ai décidé d'appeler Assa.. Mérite des claques celle-là.

- Ehhhhh Aminata, fit-elle en imitant un accent du bled.
- Toi là t'étais passée où hier ? dis-je après l'avoir tchipée.
- *rires* Mais wesh demande moi si j'vais bien au moins nan ?
- *rires* Quoi ? La go elle disparaît comme un malien dans la nuit, elle part comme une VOLEUSE, et elle croit que j'vais prendre de ses nouvelles ? T'as pas honte de croire au Père Noël à ton grand âge ?
- *rires* Doudouuuuuu !! En plus j'te jure c'est trop une story de ouf !
- Mais parle wesh arrête de croire j'ai illimité !
- *rires* Tu te fais encore exploitée ? On aboli l'esclavage, même droits pour tous, et toi tu travailles chez SFR t'as pas illimité ?
- *rires* Parle vite ou je raccroche.
- *rires* Alors en fait, tu vois après Trap Queen ? Même quand tu m'as dit ouais machin ta touche ? On est retournées au carré toutes, bah moi j'étais sur mon tél et toi tu parlais avec les filles même.
- Hm.
- Là y'a un mec du carré d'en face, où y'avait ma touche et le mec de la salle, il se met à côté d'moi. Mdr déjà pause, le mec même pas classé tellement il est pas dans le thème, il puait la beuh, puait l'alcool. Pas intéressant du tout. Bref il commence sa tchatche, j'lui annonce la couleur j'lui dit ça m'intéresse pas, il continue.
- Et j'ai rien entendu ? je demande choquée.
- *rires* Tu rigolais comme une bécasse.
- *rires* Connasse. Poursuit.
- Donc ouais, il continue, donc j'me lève pour partir, il me suit wesh ! Et là bam il m'attrape pour m'emmener vers les toilettes, bim j'lui décolle une grosse tatarte dans sa gueule ! Il me colle au mur il m'a é-tran-glée. Mais vraiment, genre j'arrivais plus à respirer rien ! Et d'un coup je sens que je re-peut respirer j'me met à tousser machin, je sens qu'on m'emmène dehors pour que je prenne l'air, je lève la tête : le mec au polo blanc. Et Kenzo s'il te plaît.
- Jure ? Mais t'es sérieuse on s'en fou d'la marque !
- WAllah que c'est vrai ! Et tu vois j'avais oubliée ma veste, et dehors il faisait frooooooooid, il m'a passé la sienne, il m'a ramené chez moi, jusqu'à ma porte. On a parlé deuspi, il est graaaaaave gentil, moi perso il m'fait rire. Taleur encore j'lai vu quand j'suis allée courir on a parlé tout ça.
- Le rebeu au polo blanc ? Le djo du bar ?
- Oui wesh, dit Assa en rigolant.
- Ah copine faut foncer laisse pas passer des merveilles comme ça hein.

Après ça on a parlé un moment, comme d'hab. En tout cas je sens grave que cette histoire avec ce mec c'est une histoire à SUIVRE.

• Changement de point de vu. (Ahmed)

Cet aprem c'est un de mes employés qui ouvre la salle, j'ai pas de paperasse à faire donc j'compte pas passer là-bas. C'est mon jour de repos aujourd'hui. Affalé comme une merde sur le canapé d'Emre, avec Sabri on l'écoute raconter sa conquête d'hier..

- Mais au final la go à la robe blanche tu l'as baisée, ok, mais elle est bonne au moins ? Parce que putain si y'avait pas eu ma go.. Du vrai sale c'que j'lui aurai fait. Wouah j'en ai mal au crâne rien que d'y penser, lâche Sabri.
- T'es vraiment un crasseux, je lui crache.
- Oh le moine ça va, me répond-il.
- Mais vous vous branlez depuis taleur ou quoi ? Parce que l'histoire de cette go j'lai fini ça fait au moins quinze minutes en fait.
- *rires* Arrête ? je balance.
- *rires* wAllah ! J'ai dit que je l'avais ramené chez elle et qu'après j'ai capté Samra et vous m'dites la go à la robe blanche elle est bonne j'sais pas quoi !
- *rires* C'était trop long mon cerveau il a pas suivi, déclare Sabri.
- Donc du coup tu l'as pas sautée ? je lance.
- La queue du moine s'est réveillée ? demande Sabri mort de rire.
- J'vais t'enculer tu m'diras si elle est réveillée ou pas bâtard, je réponds en riant.
- Vous m'cassez les couilles, lâche Emre en rigolant. Nan j'l'ai pas sautée, c'est une meuf bien. Enfin elle a l'air du moins.

Au final on a fini par s'foutre de sa gueule, ensuite c'était au tour de Sabri, évidemment moi non plus j'y ai pas échappé..

On a l'habitude de s'faire appeler les Trois mousquetaires. Pour tout vous dire on a tellement l'habitude d'être ensemble, parce qu'on a grandi ensemble, que j'sais même pas c'qu'on ferait si un jour y'en a un qui part. Fin qui.. Vous voyez quoi.. À aucun moment on a été séparé, à part les étés où ça s'barrait au deblé. Entre le Maroc, l'Arménie et l'Algérie, c'est sur qu'on est différent dans le fond vu qu'on a pas les mêmes origines, mais sur ma vie qu'on est les mêmes. La même devise, les mêmes valeurs, les mêmes principes.. Pour nous on vient d'la même famille, rien peut nous séparer, pas même la meuf la plus bonne du monde. Pas même Sampedro, pas même Rihanna, pas même Adrianna Lima. La galère, la misère on l'a vécu ensemble, les nerfs, les rires, les pleurs, c'était ensemble.. La réussite, les parlus, les mandats, le charbon, les descentes.. Qu'est ce qu'on a pas fait ensemble ? C'est pas des gens pour qui j'pourrais seulement m'tape, si y'a besoin j'donne un poumon. Plutôt donner ma vie que d'voir mes frères crever. Partager une canette à trois on l'a fait, une bagnole pour trois on l'a fait, un grec pour trois on l'a fait.. Pour nous grandir c'était pas un choix mais une obligation. On a tous pris des chemins différents c'est vrai, plus ou moins dans la précipitation c'est vrai aussi, mais ça nous empêche pas de nous entendre comme on s'est toujours entendu. En face d'eux j'ai l'impression qu'la vie est belle, que le monde gris de dehors c'est qu'une putain d'illusion à la con. J'ai l'impression que même quand j'aurai soixante balais j'aurais les mêmes délires, les mêmes personnes en face d'ma gueule. On est QLF comme les frères des Tarterêts c'est un truc de baisé.

Si là de suite j'avais un seul et unique vœu à faire, j'demanderai sûrement de pouvoir rester jusqu'à la fin d'ma vie avec eux. C'est con, mais j'l'ai déjà dit, ma mif c'est eux. C'est mes gars, mes frères. Si j'les perd j'suis livré à moi même, il m'restera que moi et ma saloperie d'conscience, j'serai seul. Il restera plus que moi et moi seul.. Aussi triste que ça puisse paraître, c'est une vérité.

Seul face au reste du monde..