18.

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Sombre coeur et idées noires.

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• Point de vu omniscient.

Après s'être vidée de son eau au chevet de sa meilleure amie, Aminata était dorénavant en compagnie d'Ahmed. Il était venue la chercher comme elle le lui avait demandé. En voiture le silence était mortuaire, on aurait pu entendre les mouches se pendre.. Ahmed la voyait dans un état jamais connu ce qui lui fit un énorme pincement au cœur. Il avait l'habitude de la voir avec des émotions vacillantes entre l'énervement et la joie.. Mais là.. Ses yeux gris étaient complètement vides. Aucune lueur, aucun espoir, aucune expression, aucune émotions positives. Que du chagrin. Aminata empestait la tristesse. Elle était tellement fatiguée qu'Ahmed se dirigea au confort le plus près de l'hôpital : chez Emre, dont il avait un double des clés.
Il fut d'une douceur sans nom pour la réveiller mais il finit par la porter car elle était dans le gaz. Il l'allongea sur le canapé en mettant le plaid sur elle, mais elle se redressa aussitôt afin de retirer sa veste puis elle resta assise. Ahmed, lui qui était habillé d'un pull Nike™ en coton blanc et du jogging assorti s'asseya non loin d'elle. Il se gratta l'arrière de la tête avant de dire :

- Écoute.. Am', la mort c'est un truc normal. C'est triste, ouais c'est sûr que ça fait mal de s'dire qu'on verra plus telle ou telle personne, mais c'est comme ça, ça a toujours été comme ça, ça changera pas. En plus, elle est même pas morte, elle est juste inconsciente.. Ça veut dire qu'elle peut se réveiller là maintenant quand j'te parle, comme demain, ou comme le mois d'après, en vérité on [...]
- Comme dans un an, dit-elle en le coupant et en posant sa tête sur son épaule.
- Tant qu'elle est pas à la morgue t'as pas à pleurer. Là y'a possibilité de la revoir, de lui parler, à la morgue non. T'as le droit d'être triste, c'est normal, mais pleure pas, parce que rien est sûr et rien est fini, ok ?
- Merci, murmura-t-elle en fermant les yeux.
- Me remercie pas pour rien, rajouta-t-il en lui embrassant le front.

Lentement Ahmed glissa sa main sous le plaid afin de la poser sur la hanche d'Aminata. La voir dans cet état n'était pas quelque chose qu'il appréciait spécialement, on allait pas se mentir là dessus.. Mais c'était le meilleur moyen pour se rapprocher d'elle, ou pas, non ?

Elle n'avait pas dormi longtemps, à peine une demie heure passée et elle était déjà réveillée. Amy fut prise d'un coup de chaud dès lors qu'elle se rendit compte de la proximité qu'elle avait avec Ahmed. Elle se mit à lui décrire l'état d'Emre qui lui avait fait de la peine plus tôt dans la journée, puis elle entendit :

- [...] Elle est rentrée plus tôt du taf, elle m'a captée avec une pute. Elle a pris sa caisse de merde et elle a fait un accident.

Furieuse, Aminata se redressa et regarda Ahmed avec les yeux brillants. Elle n'était pas dupe et avait reconnu cette voix. C'était La Masse, elle le savait. À peine avait-il eu le temps de pousser la porte d'entrée qu'elle lui dit avec une certaine insolence :

- Alors c'est à cause de toi que j'risque de perdre ma soeur ?! demanda Aminata d'un sale air.
- C'est une blague ? il demanda les sourcils froncés, C'est avec moi que tu fais la princesse là ?! DE OÙ TU TE POSE CHEZ MOI, SUR MON CANAPÉ ET TU ME PRENDS DE HAUT HEIN ? T'ES QUI ICI TOI ?! DIS NOUS, T'ES QUI ?! il se mordit le poing, sûrement pour éviter de casser son salon, puis il ajouta calmement, Ahmed sur ma vie que si tu règles pas sa bouche j'vais la lui briser sec. Ta grande gueule chez moi tu la fermes. Tes remarques à la con tu t'les gardes parce que j'te jure que j'te brûle vive. Casse les couilles la-celle, dit-il en partant sans oublier de claquer la porte.

La jeune Diallo qui avait l'habitude de répondre pour tout et rien n'avait rien dit de plus. Pour le coup, il lui avait fait peur.. Elle en avait eu des sueurs froides. La tranquillité avec laquelle il l'avait menacé faisait froid dans le dos. Elle le prenait au sérieux bien que son profond intérieur le traitait de fou à lier. D'un côté elle s'était dit qu'elle l'avait mérité, que son père avait raison : sa bouche lui fera défaut et l'emmènera à sa propre perte. Bref c'était une véritable accumulation de tristesse et de peine.

- T'as passé la journée avec lui, c'est toi même qui m'as dit qu'il faisait de la peine tout ça alors pourquoi t'ouvre ta bouche pour rien avec tes mimiques de merde ? lança durement Ahmed.
- J'ai pas fait exprès, répondit-elle.
- Pas fait exprès, dit-il en l'imitant de manière demeurée.

Sabri qui était entré en même temps qu'Emre n'était pas reparti, d'ailleurs il tenta de calmer les mœurs comme il pouvait.. C'était pas gagné d'avance.

Pour être honnête, Assa était resté six mois dans l'inconscience la plus totale. Durant la totalité de son hospitalisation, Emre avait changé. Trois mots pouvait le caractériser avec perfection : froid, musculation, distant. Même les durs à cuir ont un coeur, même eux aiment leurs femmes, même eux souffrent quand elles ont mal.. Même eux sont amoureux. Entre temps, Aminata s'était "réconciliée" avec Emre. En vérité il s'était excusé et du coup elle aussi. Bref, de ce côté c'était rentré dans l'ordre.

D'ailleurs en parlant d'elle, elle avait pris ses distances avec Ahmed de telle sorte que lorsqu'ils se voyaient il n'y avait aucun contact physique. Pour le peu de fois qu'ils se voyaient bien entendu. Elle n'avait plus confiance. Lui ne comprenait absolument pas pourquoi il y avait un changement aussi soudain et radical, mais il se l'était promis, il ne retournerait pas vers elle en premier. C'était pas à lui de le faire, et il le savait pertinemment. Ahmed savait qu'il avait assez donné, dorénavant il attendait le retour..

Aminata ne se rendait pas compte de la dureté de ses actions. Même si elle n'avait plus confiance en la gente masculine, Ahmed avait fait ses preuves bien qu'il n'avait rien à prouver à personne. Lui qui pensait avoir tout bien fait et que c'était "dans la poche", se retrouvait à se remettre en question jusque très tard le soir. Il en tira une simple conclusion : on va lui montrer ce qu'elle perd. Tant pis pour elle, se disait-il. C'était un mec bien, correct, sans bavures et il le savait. Il se connaissait, Ahmed savait qu'il était irréprochable, alors il savait pertinemment que l'erreur ne venait pas de lui. Même s'il partait du principe qu'on avait jamais rien à perdre mais plutôt tout à gagner, là, il se disait qu'Aminata perdait quelqu'un qui tenait sincèrement à elle.

Dommage..

NDA : désolée pour cette pourriture de chapitre, mais j'ai une - énorme - panne de plume.. Oui, déjà.. Encore désolée. Hésitez pas à commenter surtout.

Double A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant