Le train filait à travers la lande. J'ecartai le rideau pour apercevoir le paysage. Il pleuvait. Je me rendais alors dans le nord de l'Angleterre. J'avais accepté un poste d'institutrice particulière pour deux enfants dans un manoir près de Carlisle. La pluie tombait drue au dehors. Le train se vidait au fur et à mesure de son avancée vers l'Ecosse. Le visages des voyageurs se faisaient de plus en plus moroses et le jour déclinait déjà bien qu'il ne fusse que quatre heures de l'après midi. J'arrivai bientôt à la gare. C'était un simple quai sans même un bâtiment. Seule une pancarte indiquait que s'arrêtaient ici des trains. Je sortis seule de mon compartiment désert, traînant derrière moi ma grosse valise. Le ciel se voilait à nouveau de nuages menaçants. Un brouillard dense était tombé. Le train repartit dans un crissement de roues. Je me retrouvais totalement seule. A cette idée je frissonnais. En descendant du quai j'aperçu à quelques mètres dans la brume un petit homme moustachu qui attendait à côté d'une charrette tirée par un cheval gris souris. Avec un sourire de soulagement je me précipitai vers lui. Il me fit signe de monter sans un mot. J'hésitais. Je tentais quelques mots mais il coupa court à toute discussion. Je montai donc, peu rassurée. Nous arrivâmes au manoir. Il faisait nuit et il pleuvait de nouveau. Un éclair zébra le ciel. La bâtisse paraissait en ruine et abandonnée depuis des lustres. De moins en moins rassurée, je regrettait d'avoir accepté cet emploi, je désirais plus que tout rentrer à Londres. Mon cocher m'indiqua la porte d'un autre signe de tête puis s'en alla. Je n'avais d'autres choix que de frapper. Une vieille femme bossue et marchant de travers m'ouvrit. Elle me dévisagea puis se fendit d'un sourire tordu : " Vous êtes la nouvelle institutrice? Entrez, ne restez pas sous la pluie ! Je suis Blanche Mac Olson, la gouvernante. Et vous, madame. ..? mademoiselle... ? Suivez moi. " Et elle disparu au bout d'un long couloir sombre, dont les murs étaient couverts de toiles d'araignées. la lueur de la bougie qu'elle tenait s'éloignait déjà. Je me hâtais de suivre la petite bonne femme pour ne pas me retrouver seule dans l'ombre. Je la rattrapai : " Oui, je suis mademoiselle Finnigan, Marie Finnigan, la nouvelle institutrice. " La gouvernante ne se retourna pas et fit comme si je n'avais pas parlé. Elle était entrée dans une cuisine et avait attrapé un petit plateau. Elle me fit signe de la suivre et tandis qu'elle sortait de la pièce et montait un escalier elle m'informa qu'on me ferait visiter le lendemain, après qu'on m'eusse présentée aux enfants. Les marches grinçaient et aucune lumière n'eclairaient nos pas. Sortant une petite clef de la poche de son tablier, elle ouvrit la porte d'une chambre, posa le plateau sur une petite commode et me pria d'entrer. J'obeis en silence, interloquée par cet univers totalement différent du mien. Avec un léger sourire, ma guide me souhaita bonne nuit et me signala que j'étais attendue le lendemain à 7h à la salle à manger qui se trouvait en bas de l'escalier. Sur ce, elle se retourna et s'en alla, fermant la porte à clef. Paniquée, dès que les bruits de pas se furent estompés, je me ruait sur la poignée. J'étais bel et bien enfermée pour la nuit. Je me laissais choir au pied de la porte en pleurant. Mais que m'avait il prit de quitter ma belle province ensoleillée pour venir me faire enfermer ici ? Lorsque je me fus calmée, je detaillai ma prison. Un grand lit contre un mur, à l'opposé, une coiffeuse, une commode et un pot de chambre. Ma grosse valise avait été montée et reposait dans un coin de la pièce. Sur la commode, le plateau comportait un maigre repas. Il était 18h à ma montre. Il était trop tôt pour dîner et dormir. Cependant, j'avalai rapidement mon pain avec un peu de fromage et buvai mon verre d'eau. Je me debarbouillai au pot de chambre et me vêti de ma robe de nuit. Je tournais en rond. J'ecartais les rideaux de l'unique fenêtre mais ne distinguais rien au dehors. Le brouillard masquait tout. J'ouvrais la fenêtre. Aucun bruit, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur. L'ambiance était pesante et terriblement angoissante. Je me couchai en sanglottant. J'avais peut de ce que le lendemain me réservait. Malgré ma peur cependant, je m'endormis vite, éreintée par mon long voyage.
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Nouvelle Lune
ParanormalParce que nous ne sommes finalement jamais ceux que nous croyons être