01

2.7K 163 27
                                    


      Allongé sur mon lit, j'me bute les oreilles à coup d'vulgarité. J'ferme les yeux, et j'revoit son visage.

Zak frérot, ça fait déjà 5 putains d'mois qu't'es au hebs. 5 putains d'mois que ma vie est vide. 5 putains d'mois sans t'voir, sans entendre tes conneries.

Un coup d'shlass de plus au guelb, Casper est sorti hier. Sans toi. Au quartiers ça faisait le zbeul, fêtant son retour. Mais personne t'oublie Zak, wAllah on t'oublie pas.

J'écoute les sons d'PNL, histoire de m'rappeler de toi à travers le eux. J'aurais voulu aller les voir, mais t'as jamais voulu que j'les côtoie, et c'est pas maintenant que j'vais aller les voir.

La sonnette de l'entrée retentit, me sortant de mes pensées. J'entend Yemmah qui parle avec sa voix aigue, signe qu'elle est contente. J'finit par m'traîner en dehors de ma chambre. Debout dans l'salon, toujours la même dégaine, Casper.

J'le voit frérot et j'te voit. Toujours ensemble vous deux, le seul de tes shabs que j'ai put approcher. Le seul que j'connaît réellement.
J'ai essayer Zak de rester forte et fière devant lui, mais j'pouvais pas. Tout s'qui s'rapporte à toi m'fais un putain d'trou dans l'guelb.

J'hésite quelque seconde, et je me jette dans ses bras. Il doit être surpris de cette élan d'affection, mais j'suis à bout.

Putain Zak t'avais pas l'droit d'partir comme ça. Sans prévenir. T'avais pas l'droit de m'laisser toute seule.

Les larmes me montent au yeux, mais j'les ravales. Fierté oblige. J'me détache de ses bras, et j'le regarde du haut de mon 1m56. Dans la famille on est pas très grand.

-Alors la guerrière, ça va?
-On fait comme on peut.
-T'inquiète pas, il va sortir bientôt ton frère In Sha Allah. Tu l'verrais il fait que d'pousser c'est d'venu un buffle l'frérot, ria-t-il.

Yemmah revient d'la cuisine avec du thé, elle a un grand sourire sur le visage.

-Assis toi mon fils. Raconte moi, comment il va Zak?
-T'inquiète pas Khelti, il va bien. Il m'parlait d'vous tout les jours. Il tourne en rond là bas, mais In Sha Allah il sort bientôt.
-In Sha Allah. T'as vu, elle a maigri l'autre hmara, dit-elle en me désignant du regard.
-WAllah c'est vrai, faut qu'tu mange Rihem. Zak il voudrait pas t'voir comme ça.

J'me contente d'hocher la tête. J'ai plus envie d'me péter l'bide, sans Zak c'est plus drôle. Yemmah lance la conversation sur le bled, j'en profite pour m'éclipser. J'met mes baskets et j'descend marcher un peu.

Dehors j'regarde partout autour d'moi. L'impression d'être suivi, l'impression d'étouffer.

Zak depuis qu't'es au hebs mes crises d'angoisses on repris. Plus violente que jamais, elle m'réveille la nuit. J'suffoque, j'tremble, j'suis pas bien wAllah.

Au loin, j'voit deux silhouettes passer. Deux silhouettes que j'connaît trop bien. Des putains d'dos et des lunettes. Instinctivement j'baisse la tête. Ya Rabbi fait qu'ils me reconnaissent pas.

Frérot j'veut pas t'la faire à l'envers. C'est pas parce que t'es pas là que j'doit faire n'importe quoi.

J'continue tout droit, El HamdûliLah ils m'ont pas reconnu. Ils doivent sûrement aller chez moi, on est mercredi après tout. Yemmah va encore avoir le droit à des fleurs.

J'marche jusqu'au hanout et j'm'achète une canette. Dans mes oreilles Plus Tony que Sosa résonne. Ça m'fout tellement la haine que j'ai envie de niquer tout l'monde.

Se clip c'était tellement toi, toujours dans la justice Zak. Toujous là pour ses shabs, le plus loyal de tout les Tarterets.

J'me pose sur un banc le temps de boire ma canette, et que Tarik et Nabil ai fini chez moi. Des vrais shabs eux aussi.

Ils ont pas rater un mercredi depuis qu't'es au hebs. Ils laissent pas l'temps à Yemmah d'ressentir la solitude et ton manque. Chaque semaine un bouquet d'fleur et des lovés.

J'finit ma canette et je rentre, ils ont sûrement fini. J'passe devant l'terrain d'foot. Les petits et les grands jouent ensemble. Toutes les origines, toutes les religions, réunit autour d'un ballon. L'image me fait sourire.

Je rentre dans mon hall, et j'les voit. Eux que j'évite depuis 5mois. Et merde. J'essaye de pas croiser leurs regards et de me faire discrète. Mais trop tard.

-Rihem? Demanda Tarik.

Je m'arrête net et me retourne. Il est assis avec son frère et Casper.

-Oui?
-Ça va? Tu tiens l'coup? T'inquiète pas ton frère c'est un bonhomme, il va sortir bientôt In Sha Allah, me dit-il avec un petit sourire.
-In Sha Allah.
-Si t'as besoin d'quelque chose ou heja, viens nous voir, dit-il.
-C'est gentil.

J'me retourne et j'monte les escaliers 4 à 4. J'ferme la porte de chez moi, et j'me laisse glisser.

Pardon Zak. Pardon, wAllah j'voulais pas. Zak tes frères c'est des vrais. Ils prennent soins des femmes de ta vie, sans qu'tu leurs demande rien.

J'me pose à la fenêtre d'ma chambre. J'écoute des musiques à l'ancienne, Introspection de N.O.S, j'ferme les yeux et j'part loin.

«Epluche mon coeur» Où les histoires vivent. Découvrez maintenant